La vingtième édition du Festival du film africain de Tarifa-Tanger (FCAT) s'est tenue du 28 avril au 7 mai dans les deux villes, ainsi qu'à Ceuta et El Puerto de Santa María

Festival du film de Tarifa-Tanger : bien plus que du bon cinéma africain

PHOTO/FCAT - Mane Cisneros, au centre de l'image au Festival du film africain Tarifa-Tanger (FCAT)

Mane Cisneros, fondatrice et directrice du Festival du film africain Tarifa-Tanger (FCAT), a créé cet événement culturel pour renforcer les liens entre les deux continents par le biais du cinéma, raison pour laquelle l'événement se déroule dans quatre villes différentes de part et d'autre du détroit. "Mon idée était de créer un festival sur le détroit de Gibraltar. L'un des principaux objectifs du festival est de jeter des ponts par le biais de la culture et du cinéma. Il s'agit d'une région où la mer qui les sépare les unit plutôt qu'elle ne les sépare, du moins grâce à la culture. La mer est une frontière pour beaucoup, et pour beaucoup d'autres, elle ne l'est pas".

Pour la première fois, le festival a pu s'ouvrir à Tanger avec l'aide de l'ambassade d'Espagne au Maroc et de l'Institut Cervantès. Les projections dans cette ville marocaine ont été chargées de symboles, en choisissant le cinéma Alcázar, un cinéma construit en 1913 sous le protectorat espagnol du Maroc et qui a été récemment restauré. "En Afrique, les salles de cinéma ferment. Nous avons voulu lui donner une valeur symbolique et aller dans un cinéma qui a été rouvert. Comme à Ceuta, le cinéma a été l'ancienne gare de Ceuta, récemment récupérée et restaurée pour la culture. Il s'agit d'une demande d'ouverture et de sauvegarde des cinémas en tant qu'espace magique, en tant qu'espace de rêve et en tant que lieu où le cinéma doit être vu", déclare Mane Cisneros. Dans cette salle, les sections Miradas españolas et Tercera raíz, qui est une section de cinéma afro-latin, mais en espagnol, ont été projetées. Selon la directrice, "l'objectif reste de consolider ce festival en tant que festival du détroit de Gibraltar, avec une partie africaine et une partie espagnole".

Plus de 20 films ont été projetés, aussi bien des longs que des courts métrages du Maghreb et de l'Afrique subsaharienne. Les salles de Tanger, Tarifa, El Puerto de Santa María et Ceuta étaient pleines. Dans la ville autonome de Ceuta, la salle était pleine pendant les trois jours de projection. Selon la directrice du FCAT, il s'agit d'un "public très fidèle qui vient au festival depuis des années et des années, mais aussi d'un renouvellement, d'un public jeune".

Mais le festival ne se limite pas au cinéma. Pendant le festival, d'autres activités culturelles sont organisées pour promouvoir les relations entre les deux continents. L'une des activités les plus suivies et appréciées par le public, selon le directeur du FCAT, a été la tournée littéraire entre les lignes. Pour la première fois, elle s'est déroulée à Tanger, plus précisément dans la Khasbah, sous la conduite de Javier Rioyo, directeur de l'Institut Cervantès, et de trois écrivains du détroit de Gibraltar. "J'ai voulu que la tournée littéraire de cette année soit un hommage à la littérature du détroit", explique Mane Cisneros. Le dramaturge de Tanger, Zoubeir Ben Bouchta, a lu les vers de la route en arabe, tandis que Trino Cruz de Gibraltar et Juan José Téllez d'Algeciras les ont lus en espagnol.

Le festival a également un caractère très humain. Selon Mane Cisneros, "avec l'idée de donner de la visibilité à certains des problèmes les plus urgents du continent africain qui sont invisibles ou peu connus" et avec l'aide de Médecins Sans Frontières, "Instants d'un monde imparfait" a été créé, où plusieurs musiciens ont créé des bandes sonores originales, inspirées par des reportages photographiques sur des crises humanitaires.

Le festival promeut également l'interculturalisme et le rapprochement entre les deux continents auprès des jeunes. A travers les écoles de la province de Cadix et du nord du Maroc, les écoles impliquées de Tétouan, Tanger et Nador travaillent sur les valeurs à travers le cinéma, afin de voir la diversité comme une richesse. "Pour que, grâce à la connaissance, ils perdent leur peur de l'autre. L'autre, celui qu'ils craignent plus que tout par ignorance, par peur de l'inconnu. Un gros travail est fait dans l'espoir de créer des spectateurs pour un cinéma critique, différent, en dehors des grands courants mondiaux, pour qu'il y ait aussi un renouvellement des publics", explique Mane Cisneros. 

La 20e édition s'est clôturée par la programmation des films primés le samedi, où les spectateurs du Maroc et d'Espagne ont pu voir le film rwandais "Father's Day", qui a remporté le prix du meilleur long métrage.  Comme le dit son directrice, "le FCAT est un voyage complet en Afrique à travers la culture du cinéma".