Abu Dhabi s'associe au fonds d'aide franco-saoudien pour venir en aide au peuple libanais
Après plus d'un an d'efforts et de tentatives de médiation entre les forces politiques opposées au Liban, la France n'a toujours pas réussi à faire avancer le gouvernement de Beyrouth dans la mise en œuvre de réformes économiques, politiques et sociales pour faire face à la grave crise qui frappe le pays. Cependant, dans ses efforts diplomatiques, le président Macron a obtenu la contribution des Émirats arabes unis au fonds franco-saoudien mis en place début décembre pour l'aide humanitaire au peuple libanais.
"La visite du président Emmanuel Macron a permis aux pays arabes du Golfe de reprendre leurs relations avec le Liban et a vu la création d'un fonds franco-saoudien de soutien aux Libanais, qui sera alimenté par une contribution des Émirats arabes unis", a annoncé le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian lors d'une session parlementaire. Bien que le montant du budget et son fonctionnement soient encore inconnus, cet engagement est aussi une occasion pour Riyad et Beyrouth de renouer leurs relations.
Les liens diplomatiques entre le Liban et les États du Golfe ont été gravement compromis après que l'ancien ministre libanais de l'information George Kordahi a critiqué l'intervention de l'Arabie saoudite dans le conflit yéménite. Cela a entraîné le départ de l'ambassadeur saoudien de Beyrouth, l'expulsion de l'ambassadeur libanais à Riyad et l'arrêt des importations en provenance du Liban, sans compter les mesures de rétorsion prises par Bahreïn, les Émirats arabes unis et le Koweït.
Dans cet ordre d'idées, il y a quelques jours à peine, l'ambassadeur saoudien à Beyrouth, Walid Bukhari, a affirmé que la milice du Hezbollah - considérée comme un groupe terroriste par plusieurs puissances occidentales et ouvertement soutenue par la République d'Iran - se livre à un "comportement militaire qui menace la sécurité régionale arabe". M. Bukhari a également exhorté le gouvernement libanais à mettre fin à "l'hégémonie du Hezbollah dans tous les aspects de l'État".
Cette instabilité dans ses relations extérieures ne fait qu'accentuer les problèmes internes auxquels le pays est confronté. En pleine crise économique, sociale et politique, le Liban n'a pas encore trouvé de solutions tangibles pour remédier à la situation.
À ce jour, les salaires de neuf citoyens libanais sur dix sont tombés à des niveaux historiquement bas. Près de 80 % de la population se situe en dessous du seuil de pauvreté et leurs revenus sont toujours basés sur le taux de change fixé par le gouvernement avant que leur monnaie ne perde 95 % de sa valeur. L'équivalent du dollar américain est de plus de 33 000 livres libanaises, et le salaire minimum dépasse à peine 20 dollars. Dans ces circonstances, les émeutes et les protestations sont fréquentes, comme celles qui ont eu lieu il y a quelques jours lorsque plusieurs manifestants ont bloqué des routes dans différentes parties du pays. Ce mécontentement est aggravé par un taux d'inflation de près de 200 points, la hausse des prix du carburant et les pénuries croissantes de fournitures de base et d'électricité.
Cependant, ce qui semble être pour l'instant la seule bouée de sauvetage en vue - l'octroi d'une ligne budgétaire pour un plan de redressement par le Fonds monétaire international - est loin d'être acquis compte tenu de l'agitation politique qui maintient le pays à la dérive. Ainsi, tant que les blocages du Conseil des ministres par les partis du Hezbollah et du Mouvement Amal ne cesseront pas, la crise économique décrite par la Banque mondiale comme "l'un des plus graves effondrements financiers de l'histoire" ne pourra être abordée. Ce boycott politique est en cours depuis la mi-octobre, quelques semaines seulement après l'arrivée au pouvoir du Premier ministre Najib Mikati, et a été qualifié de "perturbation inacceptable" par le ministre français Jean-Yves Le Drian.
Pour sa part, le Hezbollah, qui demande la révocation du juge Tarek Bitar - enquêteur sur l'explosion d'août 2020 qui a fait plus de 200 morts dans le port de Beyrouth - a affirmé que les problèmes économiques du pays font partie d'une guerre financière visant à extorquer de l'argent aux citoyens pour les empêcher de soutenir politiquement son parti. Ainsi, Ali Damoush, vice-président du conseil exécutif du Hezbollah, a déclaré publiquement : "rien ne nous fera renoncer à notre droit, ni le siège, ni les sanctions, ni les campagnes médiatiques".
Le mécontentement des membres de l'alliance politique unique du président Michel Aoun et du groupe Hezbollah fait que la coalition de plus de six ans ne tient plus qu'à un fil, entraînant avec elle la stabilité de tout un pays. Face à cette situation, des voix comme celle de l'analyste politique Mohamed Obeid affirment qu'il n'y a que deux solutions possibles : "la démission des ministres" qui dirigent le boycott, ou "la révocation du juge d'instruction", comme il l'a déclaré au média El Confidencial.