BAM abaisse son taux directeur à 2,75 % et actualise ses prévisions pour 2024/2025
- Une inflation domestique affectée par le contexte international
- Croissance des exportations en 2024 et 2025
- Baisse prévue des besoins de liquidité des banques en 2024
- Stabilité du déficit budgétaire
Le Conseil d'administration de Bank Al-Maghrib a souligné, lors de sa deuxième réunion trimestrielle de l'année 2024, tenue mardi 25 juin, que le resserrement calibré de la politique monétaire et le suivi des mesures mises en place par le gouvernement pour soutenir le pouvoir d'achat des ménages ont permis de réaliser des progrès très significatifs pour assurer la stabilité des prix et protéger l'activité économique au lendemain de la crise.
Dans ces conditions, et après avoir maintenu le taux d'intérêt officiel inchangé pendant quatre réunions consécutives, le conseil d'administration de la BAM a décidé de le réduire de 25 points de base pour le ramener à 2,75 %.
En ce qui concerne la répercussion des décisions de politique monétaire passées sur les conditions financières, les taux des prêts bancaires sont restés globalement stables pour le deuxième trimestre consécutif.
Avec une hausse cumulée de 116 points de base entre le début du resserrement monétaire en septembre 2022 et le premier trimestre 2024, la hausse des taux a davantage touché les entreprises que les particuliers, et a été moins importante pour les PME que pour les grandes entreprises.
Une inflation domestique affectée par le contexte international
Le Conseil suit de près les évolutions économiques et inflationnistes tant au niveau national qu'international. A cet égard, il a noté la relative résistance de l'activité économique et la baisse des pressions inflationnistes, qui devrait se poursuivre, bien qu'à un rythme moins élevé qu'anticipé en mars dernier.
Toutefois, les perspectives de la Banque centrale du Maroc restent entourées d'un niveau élevé d'incertitude, notamment en ce qui concerne la persistance des tensions géopolitiques et des conflits en Ukraine et au Moyen-Orient.
L'inflation intérieure, qui s'est établie à 6,6 % en 2022 et à 6,1 % en 2023, est revenue à des niveaux bas au cours des derniers mois, sous l'effet principalement de l'atténuation des pressions extérieures et de la baisse des prix des produits alimentaires volatils.
Compte tenu de ces acquis et de la reprise du processus de décompensation, l'année en cours devrait se terminer avec un taux moyen de 1,5 %, pour atteindre 2,7 % en 2025. Sa composante principale, reflétant la tendance fondamentale des prix, s'établira en moyenne à 2,1 % au cours des cinq premiers mois de l'année et devrait rester proche de ce niveau jusqu'à la fin de l'année 2025.
Le Conseil a également pris note de l'ancrage solide des anticipations d'inflation révélé par l'enquête trimestrielle de Bank Al-Maghrib auprès des experts du secteur financier. Les anticipations d'inflation ont sensiblement baissé au deuxième trimestre de l'année, s'établissant à 2,7% à l'horizon de 8 trimestres et à 2,8% à l'horizon de 12 trimestres.
Croissance des exportations en 2024 et 2025
Sur les comptes extérieurs, après une quasi-stagnation en 2023, les exportations de biens devraient s'améliorer de 4,4 % en 2024 et de 8,9 % en 2025, tirées principalement par les ventes du secteur automobile et des phosphates et leurs dérivés, qui devraient atteindre 185,1 milliards de dirhams en 2025.
Après une baisse de 2,9 % en 2023, les importations devraient augmenter de 6,1 % puis de 9,7 %, en raison notamment d'une hausse des achats de biens d'équipement et de consommation.
Quant à la facture énergétique, elle devrait diminuer cette année et augmenter de près de 5 pour cent en 2025 pour atteindre 125,1 milliards de Dh. Les recettes de voyage devraient continuer à croître à un rythme annuel de 5,8 % pour atteindre 117,2 milliards de dirhams en 2025.
De même, les données disponibles indiquent une poursuite de la tendance à la hausse des transferts des Marocains résidant à l'étranger, avec des améliorations de 1,9 % cette année et de 5,3 % en 2025 pour atteindre 123,7 milliards de dirhams.
Dans ces conditions marquées par une réduction ponctuelle à 0,6 % du PIB en 2023, le déficit du compte courant se situerait autour de 1,7 % du PIB en 2024 et 2,7 % en 2025. Par ailleurs, les flux d'investissements directs étrangers (IDE), après un niveau relativement faible en 2023 à 2,4 % du PIB, devraient augmenter à près de 3,1 % du PIB en 2024 et 2025.
Compte tenu des projections de financement extérieur du Trésor, les avoirs de réserve officiels devraient continuer à se renforcer, atteignant 382 milliards de Dh à la fin de 2024 et 395,6 milliards de Dh à la fin de 2025, soit une couverture d'environ 5,5 mois d'importations de biens et services.
Baisse prévue des besoins de liquidité des banques en 2024
En ce qui concerne les conditions monétaires, les besoins de liquidité des banques devraient légèrement diminuer, passant de 111,4 milliards de dirhams fin 2023 à 109,8 milliards de dirhams fin 2024, avant d'augmenter à 133,6 milliards de dirhams fin 2025, principalement en raison de l'expansion attendue des billets et des pièces.
Compte tenu de ces évolutions, des prévisions de croissance non agricole et des anticipations du système bancaire, la croissance du crédit au secteur non financier devrait s'accélérer de 2,7 % en 2023 à 4,4 % en 2024 et 5,2 % en 2025.
Compte tenu du différentiel d'inflation avec les principaux partenaires commerciaux et concurrents, et de son augmentation en termes nominaux, le taux de change effectif réel devrait continuer à s'apprécier légèrement, à 0,5 % en 2024 et 0,2 % en 2025, après 0,8 % en 2023.
Stabilité du déficit budgétaire
Du côté des finances publiques, les résultats budgétaires pour les cinq premiers mois de 2024 montrent une amélioration de 10,8 % des recettes récurrentes, sous l'effet de la hausse des recettes fiscales.
Dans le même temps, les dépenses globales ont augmenté de 1,2 %, en raison des dépenses en biens et services, tandis que les coûts de rémunération et les dépenses en capital ont diminué.
Avec l'ouverture de crédits supplémentaires dans le budget général de 14 milliards de dirhams et des projections macroéconomiques actualisées, Bank Al-Maghrib s'attend à ce que le déficit budgétaire reste stable à 4,4 % du PIB cette année et se réduise à 4,1 % en 2025.