La BCE prépare l'euro numérique
Vendredi dernier, la Banque centrale européenne (BCE) a publié un rapport montrant son intention de réaliser l'euro dit "numérique", dans le but de créer une monnaie numérique européenne, qui serait une monnaie virtuelle commune à 19 pays.
Dans le rapport, la BCE décrit les raisons qui pourraient la pousser à prendre cette mesure et indique qu'elle mène des consultations publiques sur l'idée auprès des citoyens, des banquiers et des universitaires. "L'euro numérique viendrait compléter les espèces, et non les remplacer", explique la BCE dans le texte.
"Les Européens se tournent de plus en plus vers le numérique dans leur façon de dépenser, d'épargner et d'investir. Notre rôle est d'assurer la confiance dans l'argent. Il faut donc s'assurer que l'euro est adapté à l'ère numérique. Nous devrions être prêts à émettre un euro numérique, si le besoin s'en fait sentir", a déclaré Christine Lagarde, présidente de la Banque centrale européenne.
L'objectif est de mettre en place la monnaie virtuelle d'ici la mi-2021, ce qui est une intention pour le moment, mais qui est validée par le rapport et défendue par les hauts fonctionnaires de la Banque centrale. Le 22 septembre, l'équipe juridique de la BCE a enregistré la marque "Digital Euro".
Dans une lettre ouverte, Fabio Panetta, membre du directoire de la BCE, explique qu'"un euro numérique contribuerait à la souveraineté financière et renforcerait le rôle international de l'euro".
L'intention de la Banque centrale européenne est de lancer une consultation publique le 12 octobre et d'évaluer, avec les citoyens, les universitaires, le secteur financier et les autorités, les avantages et les défis de la création d'une monnaie virtuelle parallèlement à l'euro.
Un euro numérique serait différent des systèmes actuels de paiement sans numéraire gérés par le secteur privé car il serait la monnaie officielle de la banque centrale : fiable, sans risque et probablement moins coûteux à utiliser. La monnaie numérique d'une banque centrale pourrait également être utilisée hors ligne, par exemple pour transférer de petites sommes entre des personnes utilisant des portefeuilles numériques sur leurs téléphones intelligents et une connexion Bluetooth.
De plus en plus, l'utilisation des espèces diminue dans certains pays, comme la Suède, où la plupart des agences bancaires ne gèrent plus les espèces et où les magasins, les restaurants et les musées n'acceptent que les paiements par carte ou par téléphone portable. En outre, COVID-19 a entraîné une augmentation de ces formes de paiement sans contact.
Mais la BCE n'est pas la seule grande banque à étudier cette monnaie virtuelle. La banque centrale chinoise y travaille déjà, tandis que la banque suédoise affirme avoir lancé un projet pilote.
La Réserve fédérale américaine a une vision à plus long terme. Lael Brainard, membre du conseil des gouverneurs de la Fed, a déclaré en août que la Fed devrait se demander comment la loi américaine serait appliquée. Il a déclaré qu'aucune décision n'avait été prise "puisque nous prenons le temps et les efforts nécessaires pour comprendre les implications importantes des monnaies numériques et des CBDC (monnaies numériques des banques centrales) dans le monde entier", a rapporté l'AFP.