Les États membres et la plate-forme de financement durable ont jusqu'au 12 janvier pour répondre à la proposition. La Commission préparera ensuite un acte délégué qui sera envoyé aux pays et au Parlement européen pour débat.

La Commission européenne propose de considérer certains projets nucléaires ou gaziers comme des investissements verts 

Centrales nucleares

La Commission européenne a diffusé un projet de proposition aux États membres de l'UE visant à classer les investissements dans certains projets nucléaires ou de gaz naturel comme "verts".
La proposition propose d'attribuer une note "verte" aux projets qui remplacent le charbon et émettent jusqu'à 270 grammes de CO2 par kw/h, selon le projet, auquel l'agence de presse Bloomberg a eu accès. Avec ce classement, les permis de construire pourraient être obtenus jusqu'en 2030, à condition qu'il existe un plan de passage aux énergies renouvelables ou à faible taux d'émission avant la fin de 2035.
L'énergie nucléaire pourrait donc être considérée comme "durable" pour autant que les nouvelles centrales qui obtiennent des autorisations jusqu'en 2045 remplissent un certain nombre de conditions pour éviter des dommages importants à l'environnement et aux aquifères.
"La Commission considère que le gaz naturel et le nucléaire peuvent jouer un rôle pour faciliter la transition vers un avenir basé principalement sur les énergies renouvelables", a déclaré la Commission dans un communiqué samedi.
Le système de notation des investissements de l'UE est l'un des facteurs les plus étudiés par les investisseurs du monde entier et pourrait attirer des milliards d'euros pour faciliter cette transition "verte", même si ce changement devra encore obtenir le soutien politique nécessaire.
"Inclure l'énergie nucléaire et le gaz dans la taxonomie de l'UE, c'est comme étiqueter un œuf de poule en cage comme étant biologique", a déclaré l'eurodéputé vert allemand Michael Bloss. "Au lieu de mettre de l'argent dans des investissements comme le solaire ou l'éolien, nous pouvons continuer avec des modèles économiques anciens et extrêmement coûteux déguisés", a-t-il ajouté.

Les États membres et la plate-forme de financement durable ont jusqu'au 12 janvier pour répondre à la proposition. La Commission préparera ensuite un acte délégué qui sera envoyé aux pays et au Parlement européen pour débat.
L'UE a déclaré son intention d'atteindre la neutralité en matière d'émissions de CO2 d'ici à 2050 en réduisant la pollution dans tous les domaines, y compris l'énergie et les transports.


"Compte tenu des avis scientifiques et des progrès technologiques actuels, ainsi que des différents défis à relever en matière de transition entre les États membres, la Commission estime que le gaz naturel et le nucléaire ont un rôle à jouer pour faciliter la transition vers un avenir fondé principalement sur les énergies renouvelables", a déclaré l'exécutif européen.
Bruxelles a l'intention d'adopter l'acte délégué en janvier prochain après avoir consulté les gouvernements et les experts européens, mais pour qu'il entre en vigueur, la proposition devra être approuvée par le Parlement européen et le Conseil de l'UE.


L'exécutif européen a retardé la proposition ces dernières semaines et ce n'est qu'au milieu de la semaine dernière, lors de sa dernière réunion avant les vacances de Noël, qu'il a tenu un débat sur la "taxonomie".
Dans sa proposition, la Commission a proposé que les investissements dans les centrales nucléaires qui reçoivent un permis de construire avant 2045 soient labellisés "verts" et que le gaz naturel soit également considéré comme durable s'il provient d'une énergie renouvelable ou présente de faibles émissions en 2035.

Les États membres sont divisés sur le rôle que ces deux sources d'énergie devraient jouer dans la transition vers la neutralité climatique que Bruxelles veut atteindre d'ici 2050. La France est à la tête du groupe de pays qui souhaitent que l'énergie nucléaire soit considérée comme durable, tandis que l'Allemagne s'y oppose, bien que Berlin soit favorable à ce que les investissements dans le gaz naturel bénéficient d'un label vert pendant la transition. L'Espagne, cependant, s'oppose à ce que les investissements dans l'une ou l'autre des deux sources soient qualifiés d'investissements durables.

Les États membres et les experts de la plate-forme sur le financement durable auront jusqu'au 12 janvier pour envoyer leurs contributions à Bruxelles. Ensuite, le texte doit être approuvé par une majorité simple au Parlement européen et par une majorité qualifiée au Conseil, c'est-à-dire par au moins 20 pays de l'UE représentant 65% de la population de l'UE.