Un consultant avertit que la Turquie sera à court de réserves de devises étrangères dans son passif cette semaine

La banque centrale turque devra faire face à un manque de devises étrangères dans ses engagements cette semaine, selon un rapport de la société de conseil canadienne TD Securities, repris par le portail d'information turc Ahval. La banque peut également épuiser ses réserves de change totales au plus tard la troisième semaine de juillet ou la troisième semaine de septembre, selon le site d'analyse des devises FXStreet.   

Au rythme actuel d'épuisement, la banque centrale « consommera ses réserves de change sans or d'ici la mi-juin, et ses réserves totales, y compris l'or, d'ici la troisième semaine de juillet », a déclaré à Bloomberg Cristian Maggio, responsable de la recherche sur les marchés émergents chez TD Securities à Londres. « Il est probable que le pays imposera des contrôles stricts sur les capitaux ou cherchera un soutien international avant d'épuiser ses réserves de liquidités », a déclaré l'analyste. 

« Avant que toutes les réserves ne soient épuisées, nous pensons que la Banque centrale augmentera les taux d'intérêt autant qu'elle le pourra et introduira probablement des contrôles stricts sur les capitaux », a déclaré un agent de change consulté par le site web FXStreet. « La Turquie peut également chercher un soutien en dehors de ses frontières, si nécessaire », a déclaré M. Maggio. 

Les réserves de change nettes de la Turquie étaient inférieures à 1 milliard de dollars, selon les estimations officielles, avant que les responsables de la politique monétaire ne décident la semaine dernière d'abaisser les limites des échanges de devises des banques avec la banque centrale.  

Le régulateur s'est appuyé sur les échanges avec les banques d'État pour financer les interventions sur les marchés des changes en faveur de la lire. La monnaie turque est échangée à un prix de sept unités par dollar, son plus bas niveau depuis la crise monétaire d'août 2018. 

La monnaie turque est susceptible de s'affaiblir à huit lires pour un dollar au début de l'année prochaine si la tendance mondiale d'un dollar plus fort se poursuit, a déclaré TD Securities dans son rapport. La lire a même chuté de 0,2 % à 6,985 par dollar lundi.  

Les réserves monétaires brutes de la Turquie ont diminué de plus de 2 milliards de dollars la semaine du 17 avril, selon les données publiées par la banque centrale vendredi dernier. Cette baisse a réduit les réserves à 53,9 milliards de dollars, soit une perte de 5,5 milliards de dollars par rapport au mois précédent. 

« La position de réserve de la Banque centrale n'est pas rassurante », a déclaré à Bloomberg Kaan Nazli, économiste en chef et gestionnaire de portefeuille de la société d'investissement Neuberger Berman. 

Malgré cela, les réserves d'or sont passées de 28,3 milliards de dollars il y a un mois à 33,9 milliards de dollars, grâce à la hausse du prix de ce métal précieux.  

Les autorités turques ont essayé de renforcer la monnaie locale et d'empêcher sa dévaluation depuis les dernières élections locales, mais ces efforts n'ont pas été efficaces en raison des coûts de la politique étrangère expansive du pays, de la baisse continue des taux d'intérêt et maintenant de la propagation du coronavirus.   

La réduction des réserves de devises étrangères effraie les investisseurs, qui craignent que la Turquie ne dispose pas de suffisamment de devises étrangères au cas où les marchés internationaux cesseraient de prêter au pays.   

« La principale préoccupation est qu'il y aura une augmentation des remboursements de la dette extérieure, alors que le secteur du tourisme n'est pas en mesure d'attirer des flux en raison de l'arrêt des voyages internationaux », a déclaré Kaan Nazli de la société d'investissement Neuberger Berman à Bloomberg.   

Un peu moins de la moitié des 168,5 milliards de dollars de dette en devises étrangères qui arriveront à échéance dans les 12 prochains mois est de la dette bancaire, selon les dernières données publiées par la banque centrale. En comparaison, le gouvernement n'a que 4,4 milliards de dollars de dette à refinancer sur la même période.