Le coronavirus contrecarre le départ de Naturgy d'Egypte
Après près d'une décennie de litiges devant les tribunaux d'arbitrage, le coronavirus a empêché le départ de Naturgy d'Egypte, a informé jeudi la CNMV (Commission nationale du marché boursier). L'accord conclu par la compagnie énergétique catalane et l'entreprise italienne ENI pour liquider la « joint venture » UFG (Unión Fenosa Gas) avec laquelle ils ont construit une usine de liquéfaction en 2005 dans la ville égyptienne de Damiette a été interrompu en raison de la crise du coronavirus. L'installation, détenue à 80 % par la société espagnole et à 20 % par la société transalpine, était inactive depuis 2012, suite aux émeutes du Printemps arabe.
Aujourd'hui, la bataille juridique se poursuit, malgré le pacte conclu fin février avec les autorités égyptiennes pour clore le projet. Le règlement impliquait le départ de la Naturgy du pays des pharaons en échange de 600 millions de dollars en espèces et de la plupart des actifs de l'UFG hors d'Égypte. « Comme d'habitude, cet accord était soumis à certaines conditions et dates qui n'ont pas été respectées à ce jour, il a donc été suspendu », a précisé la société dans le fait pertinent envoyé à la CNMV.
La compagnie d'énergie a indiqué que, malgré les circonstances, elle est ouverte à la conclusion de nouveaux accords pour résoudre les différends qui touchent l'UFG. La sentence arbitrale de 2 milliards de dollars en faveur de l'UFG rendue le 31 août 2018 par le CIRDI, un tribunal d'arbitrage pour la résolution des différends internationaux en matière d'investissement, est toujours en cours d'exécution, selon Naturgy. « À ce jour, la résolution du CIADI a été homologuée par la Haute Cour du Royaume-Uni et des ordonnances de discovery ont été accordées par différents tribunaux américains », a déclaré M. Naturgy dans le document envoyé à la CNMV.
La fin de l'accord n'aura pas d'impact sur la politique de rémunération des actionnaires de Natugy, selon la société, ni de conséquences « sur sa position de liquidité », a assuré la société. L'accord évalue l'UFG, qui est détenue à 50 % par Natugy et ENI, à 1,5 milliard de dollars, dont 1,2 milliard correspond à ses actifs égyptiens et les 300 millions restants à ses actifs hors du pays.
L'usine a cessé de fonctionner en 2012 parce que l'entreprise publique égyptienne a cessé de fournir du gaz, en invoquant un prétendu état d'urgence découlant du printemps arabe. À cette époque, Naturgy a entamé une bataille juridique sur plusieurs fronts, notamment un procès contre l'EGAS devant le tribunal du Caire et un autre contre l'État égyptien devant le CIADI parce que sa société publique n'avait pas payé ce qui avait été convenu par les deux parties. Tous les jugements ont été rendus en faveur de la société espagnole. Le tribunal international a obligé l'Égypte à payer 1,5 milliard à Naturgy « pour un traitement injuste », mais la société a choisi de conclure un accord pour mettre fin à un litige qui dure depuis près de 10 ans.