Dans quelle mesure les assureurs des marchés émergents sont-ils préparés à l'IFRS 17 ?
Alors que les compagnies d'assurance se préparent au changement le plus important des normes comptables mondiales depuis près de deux décennies, dans quelle mesure les opérateurs des marchés émergents sont-ils prêts pour la transition ?
Le 1er janvier, la norme internationale d'information financière 17 (IFRS 17) entrera en vigueur.
Remplaçant la norme précédente, l'IFRS 4, publiée en 2004, l'IFRS 17 vise à normaliser la comptabilité des assurances au niveau mondial afin d'améliorer la comparabilité et d'accroître la transparence en appliquant une approche uniforme. Nous espérons que cela aidera les acteurs du secteur à mieux comprendre la situation financière, les performances et l'exposition aux risques des différents assureurs.
La norme à venir sera la première fois qu'un modèle comptable IFRS unique sera appliqué à tous les types de contrats d'assurance ; elle vise également à aligner autant que possible la comptabilité des assurances sur la comptabilité IFRS générale dans d'autres secteurs.
Le manque de transparence et de cohérence dans l'information financière étant considéré comme un facteur majeur de découragement des investisseurs mondiaux, la mise en œuvre des nouvelles normes devrait faciliter l'augmentation des capitaux et des financements dans le secteur de l'assurance.
Les normes de l'IFRS 17 ont été élaborées par l'International Accounting Standards Board, un organisme indépendant de la Fondation IFRS, et 144 juridictions ont pleinement adopté les normes à ce jour.
Bien qu'elle soit considérée comme une étape positive vers l'alignement des pratiques comptables et l'amélioration de la transparence, l'introduction de ces normes pose un certain nombre de défis aux assureurs des marchés émergents.
À un niveau fondamental, le passage à l'IFRS 17 obligera un grand nombre de compagnies d'assurance à modifier leurs pratiques en matière de rapports.
Outre les changements dans la présentation des états financiers, les analystes du secteur s'attendent à ce que les nouvelles normes s'accompagnent d'une mise à niveau considérable des données et des technologies de l'information, car elles exigent une plus grande profondeur et une meilleure qualité des données pour être conformes.
Ces exigences représentent un défi pour les marchés émergents, car les assureurs cherchent à équilibrer les coûts financiers et les exigences en matière de ressources humaines avec les avantages de l'adoption.
Alors que la date de mise en œuvre de l'IFRS 17 approche, le niveau de préparation des assureurs varie selon la région, le pays et l'entreprise.
En effet, dans un rapport de mai évaluant l'état de préparation des pays de la région MENA, l'agence américaine de notation de crédit AM Best a noté que, même si peu d'entreprises de la région étaient pleinement préparées à la transition, les marchés financiers plus matures de la région avaient fait preuve d'un niveau de préparation plus élevé, notamment en ce qui concerne les plus grands assureurs leaders du marché.
L'Arabie saoudite a été particulièrement proactive sur ce front, les autorités du secteur exigeant des assureurs qu'ils respectent un certain nombre d'étapes de préparation et de mise en œuvre. Par exemple, en décembre 2018, l'Autorité monétaire saoudienne, désormais connue sous le nom de Banque centrale d'Arabie saoudite, a lancé un plan en quatre phases pour le secteur de l'assurance afin de passer à la norme IFRS 17.
Dans les pays où la surveillance réglementaire et l'engagement à l'égard de l'IFRS 17 sont moindres, AM Best note que le niveau de préparation a été moins constant et que la transition a été largement déterminée par le marché et menée par les grands assureurs.
Une approche similaire axée sur le marché a été observée en Amérique latine. En effet, de nombreux assureurs du continent ont commencé à mettre en œuvre la norme IFRS 17, même si le Brésil, la Colombie, le Mexique et le Pérou ne sont pas signataires.
Dans certains cas, les compagnies d'assurance de la région opèrent au niveau international, sur des marchés où la conformité à l'IFRS 17 est requise. Dans d'autres cas, les assureurs ont ou sont des filiales de compagnies d'assurance étrangères, auquel cas ils sont conformes aux IFRS depuis plusieurs années.
La région Asie-Pacifique, quant à elle, abrite certains des pays les plus préparés au monde, avec en tête la Corée du Sud, mais aussi l'Australie, la Chine, la Nouvelle-Zélande et Singapour, qui devraient appliquer l'IFRS 17 au début de l'année prochaine.
Par ailleurs, dans un autre exemple mettant en évidence l'état de préparation relatif des pays dont le secteur des services financiers est mature, la Malaisie est en passe de respecter l'échéance de mise en œuvre de 2023.
Malgré ces progrès, plusieurs autres pays devraient connaître des retards et des difficultés dans la mise en œuvre de l'IFRS 17.
Par exemple, la Thaïlande a reporté sa date de mise en œuvre au 1er janvier 2024, tandis que l'Indonésie et les Philippines l'ont repoussée à 2025 pour donner au secteur de l'assurance plus de temps pour se préparer.