Le dirham marocain s'apprécie face à l'euro et au dollar américain

Sede central del Bank al-Maghrib en Rabat, Marruecos - Depositphotos
La banque centrale du Maroc a également augmenté ses réserves de change par rapport au début de l'année 2024 
  1. Hausse du marché boursier 
  2. Transition du taux de change  
  3. Les défis de la transition   

Selon Bank Al-Maghrib (BAM), la Banque centrale du Maroc, le dirham marocain s'est apprécié de 1,4 % face à l'euro et de 0,6 % face au dollar américain au cours de la première semaine de 2025, confirmant la stabilité de l'économie du pays en ce début d'année.

La Banque centrale du Maroc n'a pas enregistré d'adjudications de devises sur le marché durant cette période, ce qui a principalement contribué à maintenir la stabilité de ses interventions. Par ailleurs, au 3 janvier, les réserves de change du Maroc ont atteint 373,2 milliards de dirhams, soit 36,2 milliards de dollars.

Bien que ce chiffre représente une baisse de 0,6 % par rapport à la semaine précédente, les réserves ont augmenté de 4,9 % par rapport à la même période de l'année dernière. Les opérations de Bank Al-Maghrib se sont élevées en moyenne à 144,2 milliards de dirhams (14 milliards de dollars) par jour grâce à diverses opérations monétaires.  

En outre, BAM a fourni 60,2 milliards de dirhams (5,8 milliards de dollars) en avances à sept jours, 49,6 milliards de dirhams (4,8 milliards de dollars) par le biais d'accords de rachat (repos) et 34,3 milliards de dirhams (3,3 milliards de dollars) en prêts garantis. 

Sur le marché interbancaire, le volume quotidien des transactions s'est élevé en moyenne à 2,6 milliards de dirhams (252 millions de dollars), tandis que le taux de change est resté stable à 2,5 %.  

Afin de soutenir la liquidité, la BAM a injecté 53,4 milliards de dirhams (5,2 milliards de dollars) sous forme d'avances à sept jours lors de son appel d'offres du 8 janvier. 

Dirhams marocains dans un bureau de change à Rabat - REUTERS/YOUSSEF BOULLAL

Hausse du marché boursier 

La Bourse de Casablanca a également commencé l'année avec une forte performance : l'indice MASI (Moroccan All Shares Index) a augmenté de 6,4 % au cours de la première semaine de 2025. 

Cette croissance a été tirée par des secteurs clés : les banques ont progressé de 6 %, les matériaux de construction de 7,2 %, les services de transport de 13,8 % et l'immobilier de 16,2 %.

Sur le marché boursier, l'activité commerciale a légèrement ralenti et le total des transactions a diminué de 7,3 milliards de dirhams (708 millions de dollars) à 4,2 milliards de dirhams (407 millions de dollars). En outre, la plupart des transactions ont eu lieu sur le marché central des valeurs mobilières, ce qui témoigne d'un sentiment prudent mais positif de la part des investisseurs.  

Transition du taux de change  

Il convient de noter que le Maroc se trouve dans une phase de transition du taux de change, puisqu'il a l'intention de passer du système actuel d'arrimage du dirham à l'euro et au dollar (taux de change fixe) à un taux de change flottant d'ici 2026.  

Le taux de change flottant est un système dans lequel la valeur de la monnaie est déterminée par l'offre et la demande sur le marché des changes, sans intervention directe du gouvernement ou de la banque centrale pour la fixer.  

Ainsi, si les investisseurs ont confiance dans l'économie d'un pays, la demande augmente et la valeur de la monnaie augmente ; en revanche, si la confiance des investisseurs diminue, la valeur de la monnaie peut également diminuer.   

Dans le cadre de cette transition, Badr Bouarich, expert financier et ancien universitaire, identifie trois problèmes clés : l'inflation, la dette extérieure et la volatilité de la monnaie, chacun ayant des conséquences à long terme sur l'économie du pays.  

En 2023, le Maroc a importé environ 12 milliards de dollars de produits énergétiques et environ 8,9 milliards de dollars de produits alimentaires, ce qui témoigne de sa dépendance à l'égard des marchés extérieurs.  

Par rapport à cela et à l'inflation, si le dirham s'affaiblit, il pourrait augmenter de manière significative le coût de ces importations, entraînant une hausse des prix à la consommation et affectant le pouvoir d'achat. En conséquence, Bouarich prévient qu'en l'absence de filets de sécurité spécifiques, les inégalités sociales s'accroîtront.  

En outre, si le dirham devait se déprécier, la dette extérieure, qui s'élevait à 69,2 milliards de dollars à la fin de 2023 (environ 50 % du PIB du Maroc), pourrait augmenter les coûts, peser sur les finances publiques et détourner des ressources de programmes de développement essentiels, selon l'expert financier.  

En ce qui concerne la volatilité des devises, de tels épisodes pourraient dissuader les investissements directs étrangers et perturber le commerce à court terme. L'afflux de tels investissements au Maroc en 2023 s'élevait à 2,5 milliards de dollars, et les institutions financières doivent donc être prêtes à contrer les attaques spéculatives potentielles contre le dirham.  

Siège de Bank al-Maghrib à Rabat, Maroc - Depositphotos

Les défis de la transition   

Afin de relever ces défis, le Maroc doit adopter des mesures stratégiques pour assurer la stabilité économique tout en profitant des avantages d'un taux de change flottant.  

Pour sa part, la BAM jouera un rôle important dans la gestion des marchés des changes et interviendra si nécessaire, tout en s'attaquant aux problèmes structurels afin d'éviter des fluctuations excessives.  

Bouarich souligne également l'importance d'encourager les entreprises, en particulier dans les secteurs de l'énergie ou des matières premières, à adopter des stratégies de couverture, car ces outils peuvent protéger les entreprises des effets négatifs de la volatilité des actifs sous-jacents et des taux de change. 

En outre, la mise en œuvre de règles limitant les bénéfices des négociants dans des secteurs clés tels que l'énergie et l'alimentation peut contribuer à stabiliser les marchés intérieurs et à protéger les consommateurs contre les chocs inflationnistes.  

Jusqu'à présent, le début de l'année 2025 montre une forte activité du marché et des indicateurs financiers solides pour le Maroc, ce qui constitue une perspective très positive pour les mois à venir.