Le Kremlin déclare que ses efforts viseront désormais à "libérer" la région de Donbas

Doha se montre solidaire de l'Europe face à la crise énergétique

AFP/ JACK GUEZ - L'émir du Qatar, Cheikh Tamim bin Hamad al-Thani

En pleine invasion de l'Ukraine par la Russie, les pays de l'UE continuent de chercher des alternatives fiables à l'approvisionnement en gaz de Moscou. Malgré le soutien des États-Unis dans ce secteur, les pays européens tentent de faire face à ces nouveaux obstacles à un moment où les principaux pays producteurs de gaz, dont le Qatar, ne disposent pas de capacités suffisantes pour répondre aux besoins du marché européen.

En ce sens, le Qatar s'est montré solidaire de l'Union européenne, en réaffirmant qu'il maintiendra ses approvisionnements en gaz vers l'Europe, que d'autres acheteurs paient ou non des prix plus élevés. Selon les observateurs internationaux, le Qatar agit de manière "pragmatique" dans la crise énergétique actuelle. Dans cette veine, ils notent que le Qatar est prêt à montrer à la fois son enthousiasme et son intention de coopérer avec ses alliés occidentaux, tandis que Doha pousse à la transformation des contrats énergétiques, caractérisés par des contrats à court terme avec l'Europe. 

Le ministre qatari de l'énergie, Saad al Kabi, a expliqué dans une interview pour CNN que "nous maintiendrons les approvisionnements actuels, et ceci par solidarité avec ce qui se passe en Europe (...) nous ne transférerons pas de contrats même si nous avons des gains financiers", a-t-il souligné.

De même, le Qatar est conscient de la prédisposition de l'Europe à mener la transition énergétique en faveur des énergies vertes. C'est pourquoi le pays continue de compter les pays asiatiques, notamment la Chine, parmi ses principaux clients sur ce marché.

En rejetant la Russie, l'Europe veut réduire sa forte dépendance à l'égard de Moscou dans le secteur de l'énergie. Les États-Unis ont été les premiers à opposer leur veto au gaz en provenance de Moscou, une décision que l'UE-27 ne peut se permettre. Moscou continue de fournir à l'Europe 40 % de son gaz et 25 % de son pétrole, ce qui est loin des chiffres que Washington entretient avec Moscou.

En fait, les États-Unis tentent d'amener l'Europe à suivre cet exemple. Malgré ces chiffres élevés de dépendance, le président américain Joe Biden a déclaré lors d'une conférence de presse conjointe avec la présidente de la Commission européenne Ursula Von der Leyden que "l'indépendance vis-à-vis du gaz russe serait coûteuse" pour les pays européens, mais que "c'est la meilleure voie stratégique". 

Cependant, les experts européens soulignent qu'il est presque impossible d'opposer un veto au gaz russe et le décrivent comme "irréalisable". Doha est du même avis et doute de "l'efficacité de cette mesure". Le Qatar exporte 20 % du gaz russe, tandis qu'environ 80 % de ses propres exportations sont destinées à l'Asie.

Dans ce contexte, une délégation allemande dirigée par le ministre de l'économie Robert Habeck s'est rendue à Doha pour tenter de réduire davantage cette forte dépendance au gaz russe. Selon al Kabi, "nous n'avons pas encore conclu d'accord à long terme avec l'Allemagne, mais nous sommes prêts à discuter avec les entreprises avec lesquelles nous discutions de l'élaboration d'un accord à long terme en vue de son éventuelle mise en œuvre".

Tout ceci intervient à un moment où la Russie a exigé que les "pays inamicaux", y compris les pays européens, paient les importations de gaz russe en roubles, la monnaie officielle du pays. "Cela n'a aucun sens de fournir des produits russes à l'Europe et de recevoir leurs produits dans leur monnaie. Il y aura un passage des paiements de gaz en roubles", a-t-il déclaré.

Selon les analystes, cette mesure serait un moyen d'"embarrasser" les pays européens, en profitant de la position avantageuse de la Russie par rapport aux pays de l'UE en ce qui concerne ses gisements de gaz et d'hydrocarbures. Le Kremlin a déclaré dans sa dernière déclaration qu'il avait ordonné à Gazprom d'accepter les paiements en roubles pour ses exportations de gaz naturel vers l'Europe, et qu'il ne disposait que de quatre jours pour décider de la manière de le faire.

Pour l'instant, on ne sait pas si l'Union européenne acceptera cette nouvelle mesure décrétée par Moscou, mais il est certain que pour l'instant, l'Europe n'a pas d'autres pays qui fournissent du gaz dans les quantités dont ont besoin les citoyens européens, surtout ceux qui appartiennent aux pays de l'Est.

Pendant ce temps, la Russie continue de lancer ses offensives contre l'Ukraine, un pays qui, malgré toutes les atrocités, continue de résister, faisant même reculer l'armée russe. Certains experts soulignent que "la Russie a déjà perdu la guerre" à l'heure où Moscou a revu ses objectifs militaires à la baisse, après avoir prétendu concentrer ses efforts uniquement sur la "libération complète" de la région de Donbas, dans l'est de l'Ukraine.