L’Office des Changes a publié son rapport annuel pour l’année 2022, fournissant un aperçu complet de la situation économique du pays, de la balance des paiements et de la position extérieure globale

Économie marocaine : ce qu’il faut retenir du rapport annuel 2022 sur le Commerce Extérieur du Maroc

PHOTO/ARCHIVE - Complexe industriel Renault à Tanger, Maroc

Publié début août 2023, ce rapport vient compléter les autres bilans annuels officiels déjà publiés. Le rapport annuel sur le Commerce Extérieur du Maroc pour l’année 2022 fournit un aperçu complet de la situation économique du pays, de la balance des paiements et de sa position extérieure globale. Les résultats du bilan dressent des tendances significatives dans divers domaines clés de l’économie nationale, et ce, malgré les différentes crises sévissant ces dernières années.

Selon le rapport, les transactions commerciales du Maroc avec le reste du monde se sont établies à 1,166 milliards de dirhams (Mds DH) en 2022. Cette croissance est portée conjointement par les importations et les exportations, qui progressent respectivement de 39,5 % et de 30,1 % en 2022. Le taux de dépendance représentant la moyenne des importations et des exportations, rapportée au PIB, s’établit à 42,8 % en 2022.

Les importations énergétiques portent l’économie marocaine 

La hausse générale des importations est en grande partie attribuable aux achats de produits énergétiques mais également de demi-produits et de produits alimentaires. Les importations énergétiques, portées par le gas-oils et fuels-oils, représentent plus de 75,7 % de la hausse et ont atteint 153,2 Mds DH en 2022 contre 75,8 Mds DH en 2021.

Les importations de demi-produits, portées principalement par l’ammoniac, les matières plastiques ou ouvrages en plastique et produits chimiques, ont augmenté de 46,5 % ; tandis que les importations de produits alimentaires affichent une croissance de 44,9 % résultant principalement des hausses des importations de blé, de l’orge ainsi que du sucre brut ou raffiné. 

PHOTO/ATALAYAR/GUILLERMO LÓPEZ - Marché à Casablanca, Maroc

Le phosphate et ses dérivés, premiers secteurs exportateurs 

Avec une progression de 43,9 % en 2022, le phosphate et ses dérivées se placent en première position des secteurs exportateurs marocains, dépassant même le secteur automobile. À elles seules, les exportations de phosphate contribuent à un tiers de la hausse des exportations globales.

Concernant le secteur automobile, il se place en deuxième position des exportations. Les ventes à l’étranger de ce secteur affichent une hausse de 33 % en 2022 par rapport à 2021, soit 27,6 Mds DH. Les exportations de l’écosystème construction (+40 %) et de l’écosystème câblage (+28,9 %) sont à l’origine de cette hausse.

Les exportations dans le domaine de l’agriculture et de l’agro-alimentaire évoluent également à la hausse (+19,1 %), principalement grâce à la progression des ventes de l’industrie alimentaire (+19,8 %) et de l’agriculture, sylviculture et de la chasse (+17,9 %). 

REUTERS/YOUSSEF BOUDLAL - Marché aux légumes aux portes de Casablanca

Le secteur textile enregistre une croissance de ses exportations de 20,7 % en 2022, essentiellement grâce à la hausse des exportations de vêtements confectionnés. Le secteur aéronautique, quant à lui, croît de 34,9 % grâce à la hausse des exportations du segment assemblage. Les secteurs de l’électronique et de l’électricité suivent la même tendance (+38,4 %) grâce à la vente de composants électriques, de fils et de câbles. 

En somme, les exportations du Maroc sont prédominées par sept produits que sont les engrais naturels et chimiques (18,5 %), les voitures de tourisme (12,4 %), les fils, câbles et autres conducteurs isolés (8,7 %), les vêtements confectionnés (6,4 %), l’acide phosphorique (5,3 %), les parties d’avions et autres véhicules aériens (3,2 %) ainsi que les phosphates (3,1 %). Ces produits participent à hauteur de 57,6 % du total des exportations.

Le Maroc continue d’enregistrer un déficit commercial 

Cependant, le déficit commercial du Maroc se creuse, s’établissant à 308,8 Mds DH contre 199,2 Mds DH en 2021. Sa part dans le PIB passe de 15,5 % en 2021 à 22,7 % en 2022. Le secteur de l’or industriel constitue l’unique secteur pour lequel la balance commerciale est excédentaire.

Les autres groupes de produits comme les produits énergétiques, les biens d’équipement, les demi-produits, les produits bruts ainsi que les produits finis de consommation ont une balance commerciale déficitaire. En outre, le solde commercial des produits alimentaires devient déficitaire pour la première fois depuis 2014.

Rabat enregistre également un déficit commercial dans ses échanges par pays. Avec l’Espagne, son premier partenaire, le déficit commercial se creuse de 7,8 Mds DH passant de 12,1 Mds DH en 2021 à 19,9 Mds DH en 2022. C’est également le cas avec la Chine, les États-Unis et l’Arabie saoudite. Toutefois, le Maroc enregistre un excédent commercial vis-à-vis de la France depuis 2017. 

PHOTO/ARCHIVO - Le secteur textile enregistre une croissance de ses exportations de 20,7 % en 2022, essentiellement grâce à la hausse des exportations de vêtements confectionnés

Plus de 58 % des échanges commerciaux marocains sont effectués avec l’Europe 

58,8 % des échanges commerciaux en 2022 sont effectués avec l’Europe et 84,2 % de ces échanges sont réalisés avec les pays de l’Union européenne. L’Office des Changes enregistre une augmentation de 26,1 % par rapport à 2021, bien que le poids de ces échanges dans le total des échanges du Maroc baisse, passant de 63,4 % en 2021 à 58,8 % en 2022. Par pays, le poids des échanges s’établit à 27,4 % avec l’Espagne, 23,1 % avec la France, 7,7 % avec l’Italie, 7,2 % avec la Turquie et 6,4 % avec l’Allemagne.

En dehors de l’Europe, les échanges commerciaux de Rabat avec l’Asie progressent de 59 %. Leur part dans le total des échanges passe de 18,9 % en 2021 à 22,1 % en 2022. Les échanges sont dominés par la Chine, qui représente 30 % des échanges totaux avec l’Asie, suivi de l’Arabie saoudite (+180,8 %), de l’Inde (+59,4 %) et des Émirats arabes unis (+47,8 %).

En 2022, le Maroc enregistre une hausse de 51,2 % de ses échanges avec l’Amérique grâce à l’augmentation des échanges avec les États-Unis (+58,8 %), l’Argentine (+67,6 %) et Trinité-et-Tobago (+252,6 %). En Afrique, les échanges continuent d’augmenter (+39,9 %) notamment avec l’Égypte, principal partenaire africain, suivi de l’Afrique du Sud, Djibouti, Tunisie et de la Côte d’Ivoire. À eux cinq, ils représentent près de la moitié des échanges du Maroc avec l’Afrique, soit 48,1 %.  

PHOTO/FILE - Concernant le secteur automobile, il se place en deuxième position des exportations

Hausse des importations du Maroc dans le cadre des accords de libre-échange 

En 2022, les importations du Maroc effectuées dans le cadre des accords de libre-échange s’inscrivent en hausse de 20,9 %. Les importations sont effectuées à hauteur de 66,6 % dans le cadre de l’accord avec l’Union européenne, avec une hausse de 15,1 %. Cette croissance est portée principalement par l’augmentation des importations originaires de l’Espagne, la France, l’Italie et l’Allemagne.

L’accord avec les États-Unis se place en deuxième position et représentent 15,2 % du total des importations effectuées dans le cadre des accords de libre-échange. Ensuite, l’accord d’Agadir note une hausse de 16 %, laquelle concerne principalement les importations originaires de tous les pays signataires de l’accord, à savoir l’Égypte, la Jordanie, le Liban, le Maroc, la Palestine et la Tunisie. Dans le cadre de l’Association européenne de libre-échange (AELE), les importations effectuées se stabilisent après avoir enregistré une baisse de 4,1 % en 2021. Enfin, l’accord avec la Turquie enregistre une croissance de 20,5 % des importations effectuées.

Répondre aux besoins en informations 

Outre le suivi de la conjoncture économique, ce rapport permet de répondre aux besoins en informations exprimés par les pouvoirs publics, les organismes internationaux et les opérateurs économiques nationaux et étrangers.

La publication de ce rapport, qui suit la méthodologie des Nations unies (IMTS 2010), s’inscrit dans le cadre des actions de l’Office des Changes tendant à enrichir davantage l’information relative aux statistiques des échanges extérieurs.