La France interdit l'entrée du chocolat algérien El Mordjene Cebon

Pot de chocolat algérien et crème de noisettes El Mordjene en vente dans une épicerie du centre de Marseille, sud-est de la France, le 17 septembre 2024 - AFP/ MIGUEL MEDINA
La guerre entre Paris et Alger éclate sur les réseaux sociaux après l'interdiction d'entrée du « Nutella algérien »

Le blocage de deux camions chargés de chocolat algérien El Mordjene aux frontières françaises a déclenché une bataille sur les réseaux sociaux.  

Sur le réseau social X, les citoyens algériens ont commencé à remplir le réseau social de messages accusant les relations avec le Maroc d'être à l'origine de l'interdiction d'entrée du « Nutella algérien » dans la République française.

La principale critique des utilisateurs algériens sur X était dirigée contre l'hypocrisie des citoyens français qui ont un garde-manger rempli de chocolat algérien, mais qui, devant les caméras, agissent d'une manière contraire à ce qu'ils pensent réellement. 

Dans le même temps, ils l'ont comparé dans des vidéos satiriques à la marque italienne Nutella, tentant ainsi de prouver que le chocolat algérien est aussi bon que les autres marques européennes. 

Au contraire, d'autres utilisateurs ont posté de manière sarcastique que l'inquiétude des activistes algériens est excessive et qu'ils essaient de faire du bruit pour éviter de parler des problèmes qui préoccupent réellement la société algérienne, en particulier après la réélection d'Abdelmadjid Tebboune à la présidence pour un deuxième mandat consécutif. 

Depuis que le ministère français de l'agriculture a annoncé mardi dernier que la pâte à tartiner algérienne El Mordjene Cebon n'était pas conforme aux normes sanitaires de l'UE, les messages sur les médias sociaux ne cessent de s'accumuler à ce sujet.

Les autorités françaises ont saisi des conteneurs remplis de produits algériens d'une « sécurité douteuse » dans le port de Marseille, en s'appuyant sur le règlement de l'Union européenne (UE) n° 2202/2292 qui stipule que « les pays de l'Union ne peuvent importer du lait et ses dérivés que dans le cadre d'un accord qui inclut le pays dans la liste des pays autorisés à l'importation ». 

« L'Algérie ne remplissant pas toutes les conditions nécessaires pour permettre à un pays tiers d'exporter vers l'UE des produits contenant des produits laitiers destinés à la consommation humaine conformément aux exigences européennes en matière de santé animale et de sécurité alimentaire, l'importation de cette denrée n'est pas autorisée par le cadre réglementaire applicable », précise le ministère de l'Agriculture sur son site internet.

Cependant, pour le président de l'association algérienne de protection des consommateurs, Mustapha Zabadi, l'importance de la marque Nutella en Europe et son association avec la marque française Ferrero sont les raisons pour lesquelles El Mordjene a été interdit d'entrée sur le territoire français.

En France, les produits Nutella fabriqués par le géant Ferrero sont au premier rang dans ce domaine, représentant plus des trois quarts du marché des pâtes à tartiner au chocolat dans les supermarchés. Rien qu'en 2023, plus de 90 millions de pots de Nutella ont été vendus, soit environ 171 pots par minute.

La crème algérienne au chocolat et à la noisette El Mordjene, en vente à Alger le 15 septembre 2024 - PHOTO/ AFP

M. Zabadi a fondé ses déclarations sur l'intention de la chaîne de supermarchés française Carrefour d'inclure la pâte à tartiner au chocolat El Mordjene, bien que cette décision ait finalement été annulée par le ministère français de l'agriculture en raison de l'interdiction du produit, ce qui laisse supposer une manipulation de la réglementation.  

Dans le même ordre d'idées que Zabadi, Lotfi Khammar, représentant de la Fédération nationale des exportateurs algériens, a affirmé et dénoncé le fait que le chocolat El Mordjene a été interdit après avoir suscité un grand intérêt dans toute l'Europe, en particulier en France. Khammar précise que la concurrence avec le Nutella est la véritable cause de l'interdiction d'entrée du produit algérien en France. 

Logo de la chaîne d'information en direct France 24 - AFP/ KENZO TRIBOUILLARD

En plus des publications sur les réseaux sociaux, les médias français tels que France 24 ont été la cible de critiques sévères de la part des médias et agences algériens, qui ont qualifié la chaîne française de « demi-poubelle ».  

A leur tour, des médias comme Al-Khabar ont attaqué France 24 pour avoir voulu détourner l'attention de ses problèmes internes en jouant sur la réputation de l'Algérie en faveur du Maroc, qu'ils accusent de pouvoir envoyer tous ses produits en « toute liberté » et qu' « ils se baladent dans toute l'Union européenne ».