Le gazoduc Maroc-Nigeria fait ses premiers pas

Image de l'installation de gaz - Depositphotos
Le projet initial du gazoduc, désormais baptisé « Gazoduc Afrique-Atlantique », consiste à relier les ports marocains de Nador et de Dakhla

Le Maroc a lancé la phase préliminaire de son ambitieux projet de gazoduc avec le Nigeria, qui devrait s'étendre sur 5 600 kilomètres. Le projet initial prévoit de relier le port de Nador, au nord du pays, au port de Dakhla, au sud. 

Tout cela dans le but de faciliter le transport de tout le matériel logistique nécessaire lorsque les travaux finaux commenceront, une fois les études techniques et environnementales terminées. 

Leila Benali, ministre de la Transition énergétique et du Développement durable du Maroc, a précisé qu'environ 6 milliards de dollars seront investis dans cette phase de connexion entre Nador et Dakhla, à la fin du mois de juillet. La ministre a expliqué que cet investissement s'inscrit dans un plan de transition énergétique qui coûtera au moins 40 milliards de dollars au cours des cinq prochaines années. 

Benali a ajouté, lors d'une réunion de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) en Autriche, qu'il s'agit d'une étape fondamentale pour une connexion continentale qui s'étendra jusqu'à la Mauritanie et au Sénégal, en passant par le territoire de plus de dix pays. 

Le projet prévoit que le gazoduc commence au Nigeria et traverse le Bénin, le Togo, le Ghana, la Côte d'Ivoire, le Liberia, la Sierra Leone, la Guinée, la Guinée-Bissau, la Gambie, le Sénégal, la Mauritanie et se termine au Maroc. 

Leila Benali, ministre de la Transition énergétique et du Développement durable du Maroc - PHOTO/MINISTÈRE DE LA TRANSITION ÉNERGÉTIQUE

La réunion de l'OPEP a rassemblé des comités directeurs et techniques, des directeurs généraux des compagnies pétrolières nationales, des représentants de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest, du ministère de la Transition énergétique, de l'Office national de l'électricité et de l'eau potable (ONEE) et de l'Agence marocaine pour l'énergie durable (MASEN) les 10 et 11 juillet derniers. 

L'objectif, selon Benali, est de transporter environ 85 millions de mètres cubes de gaz par jour de l'Afrique de l'Ouest vers l'Europe grâce au gazoduc Maghreb-Europe. Les pays sans littoral comme le Mali ou le Burkina Faso en bénéficieront également, renforçant ainsi la sécurité énergétique régionale. 

C'est pourquoi un protocole d'accord a été signé à Rabat entre la Corporation nationale du pétrole du Nigeria, l'Office national des hydrocarbures et des mines (ONHYM) et la Société togolaise du gaz (SOTOGAZ). 

Benali a également révélé que des sociétés d'investissement non souveraines et des fonds d'infrastructure ont manifesté leur intérêt pour investir dans le gazoduc. 

Amina Benkhadra, directrice générale de l'Office national des hydrocarbures et des mines du Maroc (ONHYM) - PHOTO/RÉSEAUX SOCIAUX

Selon la directrice de l'ONHYM, Amina Benkhadra, il reste encore une signature finale des dirigeants des pays traversés par le gazoduc pour que le projet entre dans une phase décisive finale cette année. Mais les aspects techniques et institutionnels du projet sont déjà finalisés.

Les études de conception réalisées l'année dernière et les évaluations de l'impact environnemental et social du gazoduc, qui ont déjà été achevées dans la région nord, ont désormais commencé dans la région sud, qui s'étend du Nigeria au Sénégal. 

L'économiste Zakaria Firano estime que cette réunion à Rabat ne fait que confirmer l'engagement des pays participants dans le projet. Et l'expert en affaires internationales contemporaines Mohamed Bouden a expliqué à la presse que le projet en était à un stade avancé. Son importance se traduit par une impulsion économique, politique et de développement pour le continent africain, tout en consolidant la position du Maroc en tant que première nation africaine en matière d'investissement en Afrique. 

Cet important projet qu'est le gazoduc Afrique-Atlantique témoigne de l'initiative africaine visant à révolutionner l'accès à l'énergie, à promouvoir la croissance économique du continent et à consolider le rôle de l'Afrique dans le paysage énergétique mondial.