L'Algérie et l'Espagne renouent des relations commerciales normales
Après presque deux mois, l'Algérie a mis fin aux restrictions commerciales avec l'Espagne. Cette décision apaise la crise actuelle entre Alger et Madrid, déclenchée par le revirement de l'Espagne sur le Sahara. Comme l'a annoncé l'Association professionnelle des banques et établissements financiers (APBEF), "après consultation des agents du commerce extérieur concernés, les mesures de précaution (concernant l'Espagne) ne sont plus nécessaires".
Cette décision a été saluée dans les deux pays, notamment dans les domaines commercial et économique. Djamel Eddine Bouabdallah, président du Cercle algéro-espagnol du commerce et de l'industrie, a qualifié la mesure prise par Alger de "pas très important" et s'est félicité du retour "à la normale des échanges". Bouabdallah souligne que la dimension économique ne sera probablement pas affectée à l'avenir, tant qu'il n'y aura pas "d'escalade très importante au niveau politique".
Le retour à la normale était inévitable en raison des fortes relations économiques et commerciales entre l'Espagne et l'Algérie. Comme l'explique Bouabdallah, "il y a une coopération très importante". Dans ce sens, le président du Cercle Algéro-Espagnol souligne le partenariat entre les entreprises espagnoles et algériennes.
Alger revient sur sa décision de geler le commerce extérieur avec l'Espagne après avoir suspendu le traité d'amitié, de bon voisinage et de coopération. Le gouvernement d'Abdelmadjid Tebboune a pris cette mesure en réponse au changement de position de Madrid sur la question du Sahara. En mars, le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez a reconnu le plan marocain pour le Sahara comme la "base la plus sérieuse, réaliste et crédible" pour résoudre le conflit.
Cette étape importante a permis à Madrid d'améliorer sensiblement ses relations avec Rabat, qui s'étaient détériorées depuis l'entrée en Espagne du chef du Front Polisario, Brahim Ghali, en avril 2021. Cependant, le changement de position sur le Sahara a aliéné Madrid et Alger, le principal allié du Polisario.
Peu après la publication de la lettre de Sánchez expliquant la nouvelle vision de l'Espagne sur le Sahara, le ministre des Affaires étrangères José Manuel Albares a assuré que le changement politique n'affecterait pas les fournitures de gaz car, selon le diplomate espagnol, l'Algérie est "un partenaire fiable".
Cependant, le média algérien TSA, citant des sources officielles de l'Etat, a souligné que cette décision était une "deuxième trahison historique du peuple sahraoui par Madrid après le désastreux accord de 1975". "Finalement, le Maroc a obtenu ce qu'il voulait de l'Espagne", a déclaré un diplomate algérien à TSA. En août 2021, Alger décide de rompre ses relations diplomatiques avec Rabat après plusieurs mois de tension.
L'Union européenne a commenté la crise entre l'Espagne et l'Algérie. Bruxelles a qualifié la situation d'"extrêmement préoccupante" après qu'Alger a choisi de suspendre le traité d'amitié, de bon voisinage et de coopération avec Madrid. Ils ont également demandé à Alger de "revenir sur sa décision".