Le président algérien Abdelmadjid Tebboune a participé au dernier sommet du bloc des économies émergentes et a fait l'éloge de ses membres

L'Algérie menace de demander l'adhésion aux BRICS

PHOTO/ARCHIVO - Le président algérien Abdelmadjid Tebboune

Le président algérien, Abdelmadjid Tebboune, a laissé entendre début août que le pays d'Afrique du Nord pourrait demander à rejoindre les BRICS, le bloc d'économies émergentes qui comprend le Brésil, la Russie, l'Inde, la Chine et l'Afrique du Sud. Tebboune a défini le groupe comme "une locomotive" au niveau économique et politique, essentielle pour se distancer "de l'attraction des deux pôles". Si sa candidature est confirmée, Alger suivra les traces de l'Arabie saoudite, de la Turquie et de l'Égypte, qui cherchent à rejoindre l'Iran et l'Argentine en tant que candidats officiels à l'adhésion aux BRICS. 

Le dirigeant algérien a participé à un sommet du bloc en juin, une réunion virtuelle au cours de laquelle le président russe Vladimir Poutine a appelé ses homologues à former un front commun contre l'Occident après l'isolement dont il a fait l'objet de la part de Washington et de Bruxelles à la suite de l'invasion de l'Ukraine. L'Algérie, comme de nombreux autres pays du continent, s'est abstenue de condamner l'agression russe lors de l'Assemblée générale des Nations unies et entretient des relations fluides avec Moscou. 

Lors de la dernière visite en Algérie du chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, le ministre des Affaires étrangères a dressé un bilan positif du volume des échanges entre Moscou et Alger, qui a augmenté pour atteindre 3 milliards d'euros en 2021. Selon les données de la Banque mondiale (BM) d'avril dernier, le PIB de l'Algérie pourrait retrouver cette année son niveau de 2019. Par ailleurs, l'organisation soutient que la demande algérienne de gaz pourrait "bénéficier" de la diversification mise en œuvre par l'Union européenne au détriment des approvisionnements russes, un point de friction avec le Kremlin. 

L'Algérie remplit "une bonne partie" des conditions d'adhésion aux BRICS, selon Tebboune. Les dernières projections sont optimistes et font état d'une augmentation des recettes de l'État de plus de 26 % d'ici 2022. Cependant, le tissu économique algérien reste dépendant des hydrocarbures, de l'exportation de pétrole et de gaz naturel, qui représente actuellement plus d'un tiers du PIB. En rejoignant le bloc, l'Algérie pourrait bénéficier d'avantages importants dans un certain nombre de secteurs. Le groupe a mis en place une série d'institutions multilatérales qui lui permettent de se distancer des organisations internationales, telles que la Nouvelle banque de développement, basée à Shanghai. 

Les BRICS forment une alliance économique, mais aussi un partenariat politique, qui rivalise avec celui de l'Occident. Cependant, il existe des différences majeures entre eux, qui ne semblent pas constituer une menace pour la stabilité du bloc. Sur le plan économique, la Chine est en tête avec un taux de croissance plus de deux fois supérieur à celui des autres membres du groupe. Sur le plan politique, les régimes sont disparates : le Brésil, l'Inde et l'Afrique du Sud sont des démocraties libérales, tandis que la Chine et la Russie sont des systèmes autoritaires. L'Algérie est également autoritaire. 

Les BRICS représentent près d'un tiers du PIB mondial et abritent actuellement 42 % de la population mondiale. L'Algérie, puissance du Maghreb grâce à ses vastes ressources énergétiques, ferait un saut quantitatif dans le bloc, mais son adhésion semble loin d'être imminente, d'autant moins que le contexte géopolitique est convulsif. Les rapports les plus optimistes indiquent que l'adhésion pourrait intervenir dès 2023, bien que l'élargissement doive d'abord être approuvé par tous les membres. L'Afrique du Sud a été la dernière à rejoindre le club en 2011, baptisé BRICS par le célèbre économiste de Goldman Sachs, Jim O'Neill.