Un mois après avoir interdit les exportations de viande pour contrôler l'inflation, le gouvernement argentin a annoncé qu'il pourra exporter jusqu'à 50 % du volume mensuel moyen exporté en 2020

L'Argentine lève l'interdiction d'exportation de viande sur une base limitée

AFP/ RONALDO SCHEMIDT - Des morceaux de viande dans une boucherie du quartier de Liniers, à Buenos Aires, le 18 mai 2021.

Le gouvernement argentin a annoncé qu'il allait réactiver les exportations de viande bovine en facilitant leur acheminement vers l'étranger, mais qu'il maintiendrait en même temps une série de restrictions pour éviter une augmentation excessive du prix de ses produits.

Le rétablissement des exportations a été annoncé par les ministres du Développement productif, Matias Kulfas, et de l'Agriculture, Luis Basterra, ainsi que par le président argentin Alberto Fernandez, à l'issue d'une réunion avec des représentants du secteur de l'élevage et des entreprises d'exportation. 

L'interdiction initiale a été introduite en mai dernier comme mesure pour tenter de contrôler les niveaux élevés d'inflation atteints par l'Argentine à cette époque. Le gouvernement a justifié cette mesure par le fait qu'elle visait à freiner la hausse "disproportionnée et injustifiée" du prix de la viande sur le marché local. Dans le cadre de ces mesures, 20 % des envois correspondant à des opérations liées aux exportations telles que le quota Hilton vers l'Union européenne ont été exclus.

Après un mois de limitation des exportations de bœuf, le gouvernement a finalement conclu un accord avec des entreprises brésiliennes telles que JBS SA et Marfrig Global Foods SA, qui se consacrent au conditionnement des produits carnés, leur permettant de travailler jusqu'à la moitié des niveaux prévus pour 2020. Matias Kulfas a déclaré aux journalistes que "nous donnons la priorité aux revenus des Argentins".

Ses mesures comprennent également le renforcement des contrôles des prix intérieurs et la révision des mesures à long terme pour les politiques relatives à la viande bovine.

Une mesure avec des restrictions

Le nouveau décret présidentiel rouvrira les exportations argentines, mais maintiendra certaines restrictions que devront respecter toutes les entreprises concernées : il établit l'obligation de ne pas effectuer d'expéditions supérieures à 50 % de la moyenne annuelle jusqu'au 31 août. Un certain nombre de produits continuent de maintenir les interdictions, jusqu'en décembre. Selon les mots du ministre Kulfas : "Toute la coupe grillée reste pour la consommation intérieure".

Le gouvernement prévoit de maintenir ces restrictions afin d'accroître l'offre intérieure et d'éviter la hausse des prix des produits carnés qui, selon les données officielles, ont augmenté de 72,9 % en glissement annuel, soit bien plus que la variation générale des prix de 48,8 %.

Le secteur de l'élevage, principal secteur touché

L'Argentine se distingue au niveau mondial par le fait qu'elle est l'un des principaux consommateurs de viande, ainsi que le cinquième producteur et le quatrième exportateur, envoyant jusqu'à 30 % de sa production à l'étranger, indique l'agence EFE. En 2020, les exportations ont atteint 2 719,4 millions de dollars, principalement favorisées par la grande demande de la Chine, qui représente trois tonnes sur quatre d'exportations réalisées par le pays argentin.

Selon Bloomberg, les mesures prises par le gouvernement argentin n'ont pas atteint leur objectif de réduction des prix élevés de la viande, mais ont provoqué le mécontentement et les manifestations des agriculteurs, ce qui a entraîné une nouvelle hausse des prix.

Les principales personnes touchées par la décision du gouvernement sont les éleveurs de bétail, qui ont attribué la hausse du prix de leurs produits aux déficits budgétaires et à une politique monétaire laxiste.

Selon les données de l'Institut pour la promotion de la viande bovine argentine, le pays a augmenté ses prix de 76 % par rapport à l'année précédente. Cela porte l'inflation à 49%, dans un pays où la pauvreté augmente en raison de la hausse des prix et de la situation du COVID-19.

Coordinateur pour l'Amérique latine : José Antonio Sierra.