Le leadership du Maroc sur le reste du Maghreb s'accroît
Le Maroc vit une période faste. Outre sa position politique de plus en plus ferme sur le conflit du Sahara, sa croissance économique creuse l'écart entre le Maroc et les autres pays de la région du Maghreb. Avec l'augmentation de la demande intérieure comme principal moteur, les données économiques reflètent une croissance significative par rapport aux années précédentes, en particulier dans le secteur primaire.
La demande intérieure est le moteur de l'économie marocaine
Le Haut Commissariat au Plan (HCP) a fait état d'un taux de croissance de 8,1 % de la demande intérieure au quatrième trimestre de l'année dernière. C'est un très bon indicateur pour l'économie marocaine, surtout si l'on considère qu'au cours de la même période de 2022, la demande intérieure n'a pas moins progressé, elle a baissé de 1,6 %.
La contribution de cette augmentation de la demande à la croissance économique nationale est de 9,4 points, selon le HCP. Ceci s'ajoute à l'une des meilleures nouvelles du secteur financier, à savoir l'augmentation de l'investissement brut par rapport à l'année précédente. À la fin de l'année 2023, il a augmenté de près de 20 %, ce qui se compare favorablement à la baisse enregistrée à la fin de l'année 2022, où il a diminué de 4,1 %. De fait, il a contribué à hauteur de 6,6 points à la croissance de l'économie au niveau national.
Un rapprochement aux multiples avantages
Les économies du Maroc et de la France ont connu des performances très différentes, ce qui vaut à Rabat d'attirer aujourd'hui l'attention de l'Élysée. Après une période diplomatique difficile, Français et Marocains semblent prêts à oublier leurs différends pour redevenir les meilleurs partenaires qu'ils étaient. Pour ce faire, c'est la France qui se tourne vers le Maroc pour obtenir le soutien du leader régional.
Le royaume alaouite, quant à lui, tend la main à Paris. Il sait qu'un partenariat avec le pays présidé par Emmanuel Macron peut être très bénéfique, même si les données montrent clairement que le Maroc a largement dépassé tout soupçon de dépendance à l'égard des Gaulois. La France multiplie les efforts pour améliorer ses relations, comme en témoigne la série de voyages prévus par le gouvernement français pour plusieurs de ses ministres.
Le premier était le ministre français du commerce extérieur, Franck Riester, qui s'est entretenu avec Ryad Mezzour, ministre marocain de l'industrie et du commerce. Mezzour lui-même a déclaré que cette rencontre s'inscrivait dans une stratégie visant à analyser "le processus commercial pour les hommes d'affaires marocains et français et à faciliter l'accès des produits mutuels ou spécifiques des deux pays aux marchés européens, africains et mondiaux".
Pour sa part, M. Riester a également souligné la nécessité d'établir un partenariat fort entre les deux pays afin de faire face à des défis communs tels que "la transition économique, la décarbonisation, la mobilité et la transition numérique". Cependant, la France, qui est le principal acteur de la reconquête de l'amitié avec le pays phare de l'Afrique du Nord, doit franchir le pas que Rabat appelle de ses vœux depuis longtemps, à savoir un soutien à la proposition d'autonomie sahraouie sous souveraineté marocaine.
Coopération économique, mais pas à n'importe quel prix
Le Maroc est en position de force. Il sait que sa croissance attire beaucoup d'attention, que de plus en plus de pays placent Rabat sur leur liste de souhaits d'accords et que, précisément pour cette raison, la France doit faire sa part pour regagner le terrain qu'elle a perdu avec des crises telles que celle des visas.
Et Paris sait quelle est la prochaine étape. S'il veut devenir - ou redevenir - le partenaire le plus proche du Maroc, le Sahara est une question incontournable. L'ambassadeur de France à Rabat, Christophe Lecourtier, est un personnage clé à cet égard. C'est lui qui fait pression sur son gouvernement pour qu'il soutienne la proposition marocaine car, dit-il, "tout le monde à Paris connaît et comprend la nature fondamentale du Royaume, hier, aujourd'hui et demain". Et la nature du Maroc, comme l'ont déjà fait savoir des alliés tels que les Etats-Unis, l'Espagne, l'Allemagne et Israël, est de reconnaître la nature marocaine du Sahara.