L'économie brésilienne sera confrontée à un cercle vicieux en 2022
La Banque centrale du Brésil a entamé un cycle de hausse des taux en 2021 qui pourrait détériorer les finances publiques du pays, très sensibles aux changements de politique monétaire. Le dernier rapport publié par Crédito y Caución souligne que le Brésil a été la première banque centrale de la région à initier des hausses de taux et reste de loin la plus agressive. Selon les prévisions de l'assureur, il faut s'attendre à de nouvelles hausses dans les mois à venir, ce qui pourrait porter le taux d'intérêt de référence, le Selic, au-dessus de 10 % en 2022. "La perte de l'assainissement budgétaire initié en 2016 et la dépréciation de la monnaie ont accru les pressions inflationnistes, obligeant la banque centrale à augmenter encore les taux, créant ainsi un cercle vicieux", indique le rapport.
Dans les années qui ont précédé l'urgence sanitaire, le plafond de dépenses fixé en 2016 et la réforme des retraites de 2019 ont progressivement rétabli la confiance du marché dans l'assainissement budgétaire du Brésil et permis à la banque centrale de ramener le Selic de 14,25 % en 2016 à un plancher record de 2 %. Toutefois, en réponse à l'inflation élevée de 2021, la banque centrale a déjà relevé ses taux à plusieurs reprises depuis mars pour atteindre 7,75 % en octobre.
Les finances publiques brésiliennes sont particulièrement dépendantes de ce changement de cycle : d'abord, parce qu'elles sont financées sur des durées de plus en plus courtes, 3,6 ans en moyenne contre 4,8 en 2016 ; ensuite, parce qu'une forte proportion, actuellement près de 30%, conserve des taux variables ; enfin, parce que près de 37%, contre 25% en 2016, est directement liée au taux d'intérêt fixé par la Banque centrale. Aux inquiétudes sur l'effet de la hausse du Selic s'ajoute la perte de crédibilité de l'assainissement budgétaire engagé en 2016. En 2020, le Brésil a déclaré l'état de calamité pour faire face à l'impact économique de la pandémie, ce qui a permis au déficit public d'atteindre 9,4 %. L'administration a de nouveau utilisé cette clause en 2021 pour dépasser le plafond de dépenses fixé par la Constitution, et le cycle électoral des prochains mois rend difficile un retour à l'assainissement budgétaire. "L'augmentation de l'incertitude politique au cours des derniers mois a renforcé les craintes du marché que le plafond des dépenses soit à nouveau dépassé en 2022 pour la troisième année consécutive, voire carrément supprimé", explique le rapport.
Avec une dette publique équivalente à 91 % du PIB, le Brésil est déjà confronté à l'une des dépenses d'intérêt les plus élevées au monde et bien supérieure à la moyenne des marchés émergents et des Amériques. "Pour mettre le ratio d'endettement sur une trajectoire descendante, le Brésil aurait besoin de réformes budgétaires, comme l'amélioration du système fiscal très complexe et la réduction des dépenses publiques obligatoires, en particulier la masse salariale élevée, qui atteint près de 14 % du PIB, soit bien plus que la moyenne des marchés émergents (9 %)", explique le rapport.