Les stratégies de l'ESADE et de la CAPSCA serviront à rétablir l'activité de vol en toute sécurité, en empêchant la propagation de COVID-19 et la reprise économique du secteur

L'Europe cherche à sauver le tourisme et l'industrie aéronautique de la crise du coronavirus

AFP/PAU BARRENA - Un avion de la compagnie aérienne espagnole Iberia décolle de l'aéroport El Prat de Barcelone le 27 juillet 2019

Divers gouvernements du monde entier élaborent un plan de relance économique en pleine pandémie de coronavirus pour éviter de nouveaux dégâts dus à la crise sanitaire qui a déjà fait des centaines de milliers de morts et des millions de personnes touchées, et qui a frappé les finances mondiales en raison du ralentissement mondial résultant des mesures de confinement et d'éloignement social mises en œuvre pour freiner la propagation de la maladie COVID-19.

L'un des secteurs à sauver est celui du tourisme, et à l'intérieur de celui-ci le domaine de l'industrie aéronautique, actuellement retenu en raison de l'interdiction pratiquement généralisée des opérations de vol normales en raison du risque de propagation du coronavirus.  

L'une de ces stratégies est présentée dans le rapport d'ESADE « Voyages dans la zone verte : une stratégie paneuropéenne pour sauver le tourisme », préparé par Miquel Oliu-Barton, professeur associé de mathématiques à l'Université Paris-Dauphine, et Bary Pradelski, professeur associé d'économie au Centre national de la recherche scientifique (CNRS) et membre associé de l'Institut Oxford-Man. Un document qui a été repris par les médias de Digital Aviation.  

La proposition vise à permettre la mobilité des personnes entre les « zones vertes » de différents pays européens grâce à un réseau de régions certifiées par les institutions européennes, comme le précise Digital Aviation. Cette initiative pourrait être une bouée de sauvetage pour le secteur du tourisme cet été dans des régions qui en bénéficient historiquement, comme l'Europe du Sud et l'arc méditerranéen.  

Selon l'Organisation mondiale du tourisme (OMT), les pertes dues au coronavirus pourraient s'élever à plus de 900 milliards de dollars et mettre en péril plus de 100 millions d'emplois directs. 

« Le monde est confronté à une crise économique et sanitaire sans précédent. Le tourisme a été durement touché, avec des millions d'emplois menacés dans l'un des secteurs économiques les plus intensifs en main-d'œuvre », a déclaré Zurab Pololikashvili, Secrétaire général de l'OMT.

Comme l'explique Aviacion Digital, la stratégie proposée par ESADE est basée sur la déconnexion des zones géographiques et l'interdiction des déplacements inutiles entre elles. Cette approche, qui est déjà observée dans des pays comme la France et l'Espagne, reflète la proposition d'ESADE de zonage « vert », qui consiste à étiqueter chaque région en rouge (virus non contrôlé) ou en vert (virus contrôlé) pour prévenir la propagation du coronavirus sur tout le territoire et permettre la reprise de l'activité économique à un niveau plus local dès qu'il est possible de le faire en toute sécurité, comme le fait l'Espagne.  

C'est précisément la proposition d'ESADE de la porter au niveau de l'ensemble du continent européen ; en prenant pour exemple la Bavière, un des Länder allemands, et Majorque. Si les deux sont jugés sûrs par une autorité commune de l'Union européenne (UE), ils reçoivent le « label vert de l'UE ». Il est alors considéré comme sûr de voyager entre deux de ces zones vertes, tout comme il n'est pas risqué de voyager entre deux zones vertes dans le même pays.  

La planification d'ESADE coïncide avec celle de CAPSCA. L'accord de collaboration sur la prévention et la gestion des événements de santé publique dans l'aviation civile (CAPSCA) est un accord de collaboration mondial établi en 2006 entre des organisations internationales, notamment l'Organisation de l'aviation civile internationale (OACI), l'Organisation mondiale de la santé (OMS), l'Organisation mondiale du tourisme (OMT), l'Association du transport aérien international (IATA) et le Conseil international des aéroports (ACI). 

Les membres de la CAPSCA se sont récemment réunis et le concept de couloirs de santé ou de santé publique (PHC, par son acronyme en anglais) est déjà en cours de discussion, ce qui permettra de rétablir les opérations à des niveaux de sécurité acceptables.

L'élément clé de cette stratégie, tel que décrit par Catalin Radu, directeur adjoint du Bureau de la navigation aérienne de l'OACI, est de garantir l'utilisation de concepts « propres », afin d'arrêter la propagation de COVID-19 par le biais du transport aérien. Ce plan consiste à mettre en œuvre des mesures sanitaires telles que la désinfection, les normes de ségrégation et d'autres procédures opérationnelles pertinentes. La mise en œuvre de ce concept est basée sur une approche centrée sur le risque, en tenant compte des principes de gestion de la sécurité. 

Les propositions de l'ESADE et de la CAPSCA peuvent devenir complémentaires et viser le même objectif, qui est de rétablir les opérations aériennes dans des paramètres sûrs, de prévenir la propagation du coronavirus et de contribuer à la relance économique du secteur.

Pendant ce temps, les gouvernements espagnol, allemand, italien et français continuent de travailler en profondeur sur un protocole de sécurité commun afin d'autoriser ces vols internationaux pendant l'été sans qu'une quarantaine réciproque soit nécessaire. « Les Espagnols qui prendront l'avion pour l'Italie cet été n'auront pas à passer par la quarantaine », a annoncé lundi la ministre des infrastructures et des transports transalpins, Paola De Micheli.  

Les exécutifs de la France et du Royaume-Uni ont également convenu d'un pont aérien sans restrictions. Bien que Londres sera stricte avec les citoyens des autres pays.

La Commission européenne prévoit de présenter mercredi un plan visant à éliminer les mesures de confinement des coronavirus actuellement appliquées dans le transport aérien, alors que certaines compagnies aériennes ont déjà annoncé la réactivation de leurs vols au cours du mois de juin.