L'Europe et l'Afrique misent sur la durabilité de l'eau au Salon de l'agriculture du Maroc
- France/Maroc : même gestion de l'eau
- L'Italie appelle à un plan humain commun entre l'UE et l'UA
- Le Conseil mondial de l'eau salue l'excellence marocaine
- Messages clés du Conseil mondial de l'eau
Le Salon international de l'agriculture au Maroc (SIAM) est l'occasion pour les hauts responsables, les experts et les politiciens de se réunir pour débattre des principaux défis des secteurs de l'eau et de l'agriculture.
Cette rencontre internationale met particulièrement l'accent sur la durabilité, l'innovation et la coopération entre les pays comme solutions pratiques qui contribueront à résoudre la crise de l'eau et les obstacles à l'agriculture face aux changements climatiques que connaît le monde.
France/Maroc : même gestion de l'eau
Le ministre délégué auprès du ministre de l'Europe et des Affaires étrangères, Benjamin Haddad, a réaffirmé la richesse du partenariat entre Rabat et Paris, soulignant que « la présence et la participation de dizaines d'entreprises françaises au SIAM reflètent l'importance du partenariat stratégique qui unit les deux pays en matière de souveraineté alimentaire et de gestion agricole ».
Haddad a souligné l'importance de « la gestion de l'eau pour une agriculture durable et résiliente », ainsi que pour la sécurité alimentaire des deux pays, qui sont confrontés à des défis et à des situations d'urgence tels que le stress hydrique. Le ministre a appelé à coordonner les efforts et à consolider les échanges en matière d'eau agricole.
« La France a partagé avec le Maroc plusieurs années de sécheresse, un contexte qui nécessite des stratégies d'optimisation du stockage de l'eau et une gestion raisonnable de l'eau agricole », a souligné le représentant du ministère de l'Europe et des Affaires étrangères.
Benjamin Haddad a invité à élaborer des solutions innovantes construites collectivement, dans le cadre d'une coopération fructueuse, à échanger les bonnes pratiques et à consolider la coopération technique afin de disposer d'une agriculture durable capable de faire face aux changements climatiques.
« Nous avons besoin d'une Union européenne ambitieuse dans son partenariat avec le Maroc, sa porte d'entrée vers le continent africain et le pays capable de devenir un moteur du développement agricole au niveau méditerranéen », a insisté Haddad, qui a précisé que les objectifs prioritaires consistent à assurer la résilience du secteur agricole et la gestion durable des ressources en eau.
L'Italie appelle à un plan humain commun entre l'UE et l'UA
Le ministre italien de l'Agriculture, de la Souveraineté alimentaire et des Forêts, Francesco Lollobrigida, a mis en lumière la question de la sécurité alimentaire qui touche l'Afrique, le continent le plus riche en terres : « Selon la FAO, l'agriculture est le plus grand consommateur d'eau et nous avons besoin de plus de précipitations pour avoir une suffisance en eau sur ce continent ».
Lollobrigida a soutenu que « pour parvenir à un développement durable commun entre l'Europe, riche en ressources économiques et technologiques, et l'Afrique, riche en ressources démographiques et naturelles, afin de pouvoir relever les défis du changement climatique, il faut envisager un partenariat pratique entre les deux continents ».
« L'Italie a proposé à l'Union européenne et à l'Union africaine un plan humain commun comme stratégie efficace pour aborder la question de la durabilité et parvenir à une croissance équitable sur cette planète, où la question de l'eau est fondamentale », a ajouté le ministre italien.
Francesco Lollobrigida a souligné la situation hydrique en Italie, qui a connu une baisse de 20 % de ses réserves d'eau, et a insisté sur la nécessité de prendre des mesures innovantes et durables dans un contexte marqué par la sécheresse et le changement climatique.
Face à cette situation, « le monde agricole doit s'adapter en réduisant les risques, en réutilisant les eaux usées, en augmentant l'utilisation du système d'irrigation goutte à goutte, en protégeant la couverture végétale et en encourageant les bonnes pratiques agroforestières », a expliqué Lollobrigida.
Face à l'augmentation du coût de l'approvisionnement en eau et au défi d'améliorer la disponibilité de cette ressource naturelle, le ministre italien de l'Agriculture, de la Souveraineté alimentaire et des Forêts a invité à recourir à la numérisation, à la sélection génétique et à l'agriculture assistée par la technologie de l'intelligence artificielle.
Le ministre italien a particulièrement insisté sur l'amélioration de la productivité et de la durabilité, qui dépendent de notre capacité à gérer l'eau grâce à une bonne gouvernance et à de bonnes pratiques, car, selon lui, la gestion des ressources doit être conditionnée par l'équité et la justice dans le bassin méditerranéen.
Le Conseil mondial de l'eau salue l'excellence marocaine
Le président du Conseil mondial de l'eau, Loïc Fauchon, a qualifié de « pure révolution » la construction de la station de dessalement de l'eau de mer dans la ville de Dakhla, qui reflète l'excellence marocaine dans le domaine de la gestion proactive du secteur de l'eau et de l'agriculture.
Une révolution car, selon Fauchon, elle utilise des énergies renouvelables dans le processus de production d'eau, tant pour les besoins en eau potable de la population que pour l'irrigation.
Dans ce sens, le Conseil a annoncé la création, au Maroc, d'un Centre pour l'eau non conventionnelle et les énergies renouvelables, confirmant ainsi le rôle central du pays dans la réponse aux défis hydrologiques mondiaux. Le Conseil a également proposé un plan d'autonomie hydraulique pour Gaza.
Loïc Fauchon a précisé que nous vivons dans un monde entre paix et guerre, entre richesse et pauvreté, en pleine crise énergétique, sanitaire et alimentaire, dans un contexte paradoxal alarmant.
Le président a rappelé les conséquences de l'exploitation irrationnelle des ressources naturelles, qui affecte directement la biodiversité, et a expliqué la crise de l'eau, c'est-à-dire le manque de cette ressource vitale, l'eau polluée ou la sécheresse que nous constatons dans plusieurs pays d'Afrique et d'autres continents.
Fauchon a insisté sur l'importance du lien entre l'eau et la démographie, ainsi que sur la nécessité de repenser les politiques mises en œuvre en matière d'eau et d'agriculture, afin de garantir davantage de ressources en eau qui permettront à la communauté humaine de survivre. Cela nécessite davantage d'investissements pour maintenir l'équilibre biologique, politique et social et parvenir à des solutions efficaces sur le terrain en tenant compte des trois priorités suivantes :
- L'eau pour la santé.
- L'eau pour l'alimentation, en revoyant les modèles alimentaires, avec 2 milliards de personnes en Afrique qui ont besoin de nourriture.
- L'eau pour la nature et savoir réserver l'eau avec les nouvelles générations de barrages et préserver la biodiversité.
Messages clés du Conseil mondial de l'eau
Parmi les principaux messages lancés par le président du Conseil mondial de l'eau, Loïc Fauchon, lors de son intervention au Salon international de l'agriculture du Maroc, figurent les suivants :
- La mise en œuvre d'un plan d'approvisionnement en eau pour Gaza élaboré par le conseil sous le slogan « De l'eau pour la paix et la paix pour tous ».
- L'annulation de la dette de l'eau des pays pauvres et la création d'un mécanisme de garantie publique de l'eau dans le cadre d'un processus de souveraineté en matière de ressources hydriques.
- L'eau est politique et l'hydrodiplomatie doit jouer un rôle clé dans la gestion démocratique de cette ressource vitale, qui présente un grand potentiel de collaboration nationale et internationale visant à aider au partage des bassins transfrontaliers.
- La sécurité, la santé et l'alimentation sont trois axes indispensables liés à l'eau.
- L'importance impérative de disposer d'une intelligence artificielle strictement contrôlée au service de l'équité et de l'égalité en matière d'eau.
- Sur le plan financier, l'eau manque d'argent et l'argent manque d'eau ; les robinets avant les fusils et les terres avant les guerres, afin de trouver de l'argent pour l'eau à l'avenir.