Les stocks de gaz sont à leur plus bas niveau depuis une décennie

L'Europe risque de manquer de gaz naturel cet hiver

PHOTO/REUTERS - Les installations de l'usine de traitement du gaz d'Amur en construction à l'arrière-plan, dans le cadre du projet Power Of Siberia de Gazprom

L'Europe, qui est en train de sécuriser les réserves de gaz dans ses infrastructures nationales pour répondre à la demande des prochains mois, pourrait faire face à un hiver difficile en termes d'approvisionnement en gaz. La situation est similaire dans d'autres régions du monde. Cette circonstance est aggravée par l'évolution des prix : le gaz est à son plus haut niveau depuis 2021 sur les marchés internationaux, comme le montre le prix de la référence Henry Hub.

Selon les experts, une série de facteurs concourent à ce résultat. L'une d'entre elles est la forte dépendance de l'Europe vis-à-vis du gaz russe. Tandis qu'une amélioration de la quantité de gaz atteignant les pays d'Europe centrale et orientale proviendra de l'entrée en service du gazoduc Nord Stream reliant la Russie et l'Allemagne.

Cette puissante infrastructure, à laquelle les États-Unis s'opposent parce qu'elle accroît le pouvoir du président russe Vladimir Poutine, a plus d'un aspect, le plus pertinent étant aujourd'hui qu'elle apporte davantage de gaz sibérien à l'Europe. 

Gazprom, la société gestionnaire, a déclaré que le gaz circulera sur cette autoroute cette année, mais le volume n'est pas encore assuré. Toutefois, le revers de la médaille est qu'elle accroît la dépendance énergétique de l'Europe vis-à-vis de la Russie.

Dans ce contexte, les analystes de Citigroup soulignent que les stocks de gaz naturel sont à leur plus bas niveau de ces dernières années, une situation peu souhaitable, surtout à l'approche des mois les plus froids.

L'Europe doit améliorer ses réserves, soulignent les experts, mais ils mettent également en évidence d'autres clés pour atteindre cet objectif complexe. L'importance des gazoducs a été renforcée par les mouvements de gaziers. Une partie de ces cargaisons est détournée vers des pays asiatiques, comme le Japon et la Chine, qui sont prêts à payer plus cher, et dans un contexte de marché en hausse. Rien de nouveau dans le commerce du gaz, mais tout est désormais plus tendu.

En Europe, il y a aussi d'autres problèmes, comme le déclin du gisement de gaz de Groningue aux Pays-Bas. Dans le même temps, l'Espagne est confrontée à une possible interruption de l'approvisionnement en gaz du gazoduc historique du Maghreb, qui relie l'Algérie à l'Espagne, via le Maroc, depuis 25 ans, en raison de la rupture des relations entre les deux pays du Maghreb. L'Algérie a sécurisé ses engagements avec l'Espagne, mais il n'est pas certain que la capacité du gazoduc Medgaz (Oran-Almeria), plus moderne, lui permette de transporter tout le gaz arrivant par l'ancien réseau en plus de la quantité qui y arrive déjà.