La Libye est contrainte de réduire sa production de pétrole en raison d'un manque de financement
Bien que la situation en Libye semble commencer à se stabiliser, la marge de progression est encore importante. Le conflit civil couplé à la crise du COVID-19, avec la chute correspondante des prix et des exportations de pétrole - le principal atout du pays - a amené le pays africain au bord du gouffre.
En fait, la crise budgétaire libyenne menace de faire dérailler les opérations de Sirte Oil Co. (SOC), l'un des producteurs de pétrole appartenant à l'État. La société a annoncé qu'elle devra réduire sa production de 100 000 barils par jour cette semaine. Dans une déclaration adressée à la société mère National Oil Corp. (CNP), la filiale explique qu'elle sera contrainte de "réduire la production et de l'arrêter complètement dans les 72 heures."
Sirte Oil est la deuxième entreprise libyenne à réduire sa production. Arabian Gulf Oil Co. a également réduit sa production d'environ 90 %, soit 280 000 barils par jour, en raison d'un manque de fonds pour entretenir les champs et les pipelines.
Le président de la société, Masoud Mahmoud, a déclaré que la société n'était pas en mesure de respecter ses obligations envers les contractants, que les dettes s'accumulaient et qu'il y avait une pénurie de pièces de rechange. Le président de la société mère de la NOC, Mustafa Sanalla, a rencontré le 21 avril le ministre libyen du pétrole, Mohamed Oun, pour lui présenter cette situation critique et obtenir davantage de liquidités.
Lors de sa rencontre avec le ministre, M. Sanalla a expliqué que la production était tombée à 1 million de bpj ces derniers jours, contre 1,3 million de bpj, et qu'elle risquait de baisser encore. Le président de la NOC a également évoqué des problèmes d'approvisionnement du marché national du carburant, compte tenu de ce manque de budget. A cette crise s'ajoute la situation complexe du pays, à savoir que les combats à la périphérie de Tripoli ont détruit des dépôts de carburant en 2020.
"Ce que nous attendons maintenant du ministère du Pétrole, c'est qu'il s'efforce de nous aider à obtenir les budgets nécessaires", a déclaré M. Sanalla. Si l'argent n'arrive pas, "malheureusement, la situation va se détériorer".
Bien que la Libye ait conclu un accord de cessez-le-feu politique, des divergences d'opinion subsistent entre les centres de pouvoir de l'est et de l'ouest du pays. La Chambre des représentants, basée à l'est, a refusé d'approuver le budget, qui permettrait de libérer des fonds pour le CNO.
Pour sa part, la Mission d'appui des Nations unies en Libye (UNSMIL) a publié une déclaration le 21 avril appelant la Chambre des représentants à "adopter rapidement" le budget unifié. L'UNSMIL a constaté des problèmes dans le secteur de l'énergie et de la production pétrolière.