L'offre d'hydrogène vert au Maroc et les opportunités pour les investisseurs
Le Maroc dispose d'un grand potentiel pour la production d'hydrogène vert, car il bénéficie d'une forte irradiation solaire et d'un vent constant. Le pays s'est fixé pour objectif de produire 10 gigawatts d'énergie renouvelable d'ici 2030, ce qui pourrait fournir l'électricité nécessaire pour produire jusqu'à 1 million de tonnes d'hydrogène vert par an.
Grâce à une combinaison d'entreprises publiques et privées, le pays d'Afrique du Nord encourage l'investissement et le développement du secteur de l'hydrogène, en fixant des objectifs prioritaires pour augmenter la capacité de production d'énergie renouvelable (52 % d'ici 2030 ; 70 % d'ici 2040 ; 80 % d'ici 2050), qui s'élève actuellement à 37 %.
Le potentiel de production énergétique du Maroc est diversifié, comme l'énergie solaire photovoltaïque, estimée à 5 000 TWh/an, sur une superficie d'environ 700 000 km2. Le pays a mis en place l'un des plus grands complexes d'énergie solaire au monde, appelé "Noor Ouarzazate", qui a une capacité installée de 580 MW.
Une autre source d'énergie renouvelable importante qui permettrait la production d'hydrogène vert au Maroc est l'énergie éolienne, avec un potentiel éolien d'environ 25 000 MW, selon le Centre marocain pour le développement des énergies renouvelables (CDER). Le plus grand parc éolien du Maroc est celui de Tarfaya, avec une capacité installée de 300 MW, suivi par celui de Taza, avec 150 MW.
Potentiellement, selon les rapports de l'Institut de recherche sur l'énergie solaire et les énergies nouvelles (IRESEN) en 2021, le Maroc dispose d'une grande capacité technique pour produire de l'énergie solaire, de l'énergie éolienne terrestre et de l'énergie éolienne offshore.
L'énergie solaire et l'énergie éolienne ne sont pas les seules sources d'énergie renouvelable à partir desquelles il est possible d'obtenir de l'hydrogène ; le Maroc dispose d'un important potentiel hydroélectrique. Cependant, toutes les ressources hydroélectriques, dont le potentiel est estimé à environ 6 000 MW, ne conviennent pas à la production d'hydrogène vert.
La capacité hydroélectrique installée au Maroc est d'environ 1 750 MW, avec un total de 15 centrales hydroélectriques en fonctionnement. Les barrages et les centrales hydroélectriques les plus importants du Maroc sont le barrage Mohamed V (1 080 MW) et la centrale hydroélectrique d'Afourer (356 MW).
Une autre option, bien que la moins courante, est la biomasse, car elle peut également être utilisée pour produire de l'hydrogène vert. Le Maroc dispose d'un potentiel de biomasse estimé à 13,5 millions de tonnes par an, mais la capacité énergétique de biomasse installée est très faible, avec seulement deux centrales électriques de biomasse opérationnelles.
Principaux acteurs du marché
Au Maroc, les secteurs public et privé sont impliqués dans le développement de l'hydrogène vert. Les deux acteurs interagissent à différents niveaux et étapes du processus de production, de distribution et d'utilisation de l'hydrogène vert.
Par exemple, le gouvernement marocain travaille avec MASEN, IRESEN et INREEE sur des projets de recherche et développement pour produire de l'hydrogène vert à partir de sources renouvelables. Des acteurs privés, tels que le groupe OCP, Green Energy Park et Nareva Holding, investissent dans des projets de production d'hydrogène vert et dans l'utilisation de cette technologie dans différents secteurs.
Avec la stratégie marocaine de l'hydrogène, le gouvernement marocain prévoit d'utiliser l'hydrogène à court terme (2020-2030) comme matière première pour l'industrie, en particulier pour les engrais, ainsi que pour l'exportation de produits à base d'hydrogène.
À moyen terme (2030-2040), des réductions de coûts et le développement des premiers grands projets sont attendus. À long terme (2040-2050), on s'attend à une amélioration des cas d'affaires et à l'expansion du secteur au niveau national et international, ainsi qu'à l'émergence d'une nouvelle demande dans différents secteurs.
Le Maroc a également créé la plateforme Green Hydrogen Cluster pour promouvoir l'industrie de l'hydrogène au Maroc, à travers la recherche, le soutien et la coordination de projets innovants.
Ce cluster GreenH2 vise à contribuer à l'émergence d'une industrie compétitive et à positionner le Maroc comme un pays de référence dans l'exportation de l'hydrogène vert et de ses dérivés, à travers le renforcement des capacités technologiques, l'innovation collaborative, le suivi et le soutien des entreprises nationales d'hydrogène vert, et l'organisation d'activités de promotion et de mise en réseau.
Le géant du phosphate et des engrais OCP cherche à suivre les tendances du marché mondial en remplaçant l'ammoniac importé (produit à partir de combustibles fossiles) par de l'ammoniac vert (produit à partir d'énergies renouvelables).
D'ici 2026, le groupe OCP vise à produire 200 000 tonnes d'ammoniac vert, puis un objectif ambitieux d'un million de tonnes au cours des quatre prochaines années. En outre, il prévoit d'augmenter encore sa production pour atteindre une production totale de trois millions de tonnes d'ici 2032.
MASEN a lancé le projet stratégique "Power to Hydrogen (PtX)" pour développer une centrale électrique hybride combinant l'énergie solaire et l'énergie éolienne afin d'alimenter une usine de production d'hydrogène vert (et/ou ses sous-produits) d'une capacité d'électrolyse de 100 MW, connectée à une éventuelle usine de dessalement.
Contribution internationale
Pour sa part, la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD) accroît son implication dans le développement de l'hydrogène au Maroc, en mettant clairement l'accent sur l'énergie durable. Depuis 2012, la BERD a investi dans plus de 44 projets au Maroc, pour un coût de plus de 1,6 milliard d'euros.
La Société financière internationale (SFI) est une agence de la Banque mondiale et est donc chargée de promouvoir le développement économique dans les régions défavorisées, avec la particularité d'opérer dans le secteur privé. Depuis 2020, la SFI a investi plus de 200 millions de dollars dans des projets d'infrastructures durables au Maroc.
Suite à l'entrée du Maroc dans la Société financière africaine en 2021, les deux ont signé un protocole d'accord pour le financement du développement de projets.
En juin 2023, les premiers ministres du Maroc et des Pays-Bas ont signé un accord pour créer un fonds d'investissement d'une valeur de 300 millions de dollars qu'il est prévu d'investir au cours des trois prochaines années dans des projets dans les secteurs de l'eau et des énergies renouvelables, en mettant l'accent sur l'hydrogène vert.
Le partenariat énergétique Maroc-Allemagne (PAREMA) a été créé en 2012 pour permettre l'échange de bonnes pratiques et d'expériences entre les acteurs clés des deux pays. Des institutions telles que l'Institut Fraunhofer ont signé des accords de partenariat avec des entreprises publiques marocaines telles que le Groupe OCP et l'IRESEN.
En ce qui concerne les acteurs privés locaux et étrangers, nous trouvons Total Eren qui va investir 10,69 milliards de dollars dans la mise en œuvre d'un projet d'hydrogène hybride et d'ammoniac vert dans la région marocaine de Guelmim-Oued Noun, qui entrera en production en 2027.
La société marocaine Gaia Energy, leader africain des énergies renouvelables, Marom, filiale du groupe israélien Gandyr, Hevo Ammoniac Maroc, et CWP Global, l'un des principaux développeurs mondiaux de projets d'énergies renouvelables. L'entreprise énergétique britannique Chariot Limit, l'entreprise belge d'ingénierie mécanique et spécialiste des électrolyseurs alcalins John Cockerill, et DII (un consortium de quelque 40 grandes entreprises multinationales et internationales du secteur de l'énergie) en font également partie.