L'UE pourrait intervenir sur les prix du gaz pour empêcher la hausse des prix de l'électricité
L'approvisionnement en gaz de l'UE a toujours été l'une des questions de sécurité énergétique les plus importantes pour l'UE-27. Cependant, avec le déclenchement du conflit russo-ukrainien le 24 février, le problème de la dépendance du gaz et du pétrole vis-à-vis de Moscou est devenu une priorité absolue. Selon les chiffres officiels, les importations de gaz russe dans l'UE représentent en moyenne plus de 45 % de la consommation totale de gaz, et les importations de pétrole environ 27 %. Toutefois, cette situation n'est pas la même pour tous les pays ; si certains, comme l'Espagne, ont des fournisseurs plus diversifiés, d'autres - comme l'Allemagne, l'Italie et la Pologne - dépendent de la production russe pour plus de la moitié de leur consommation.
Dans ce contexte, la hausse du prix du gaz provoquée par l'offensive du Kremlin a entraîné une augmentation en chaîne des prix de tous les biens, y compris de l'électricité. Le gaz est l'une des matières premières utilisées pour la production d'électricité : environ 10 % de tout le gaz européen est utilisé à cette fin. Par conséquent, un nouveau plan de mesures proposé par l'UE - appelé "plan REPowerEU" - limiterait le prix du gaz et aurait un impact direct sur le marché de gros de l'électricité, où des prix historiques de plus de 500 euros/MWh sont atteints. Cela permettrait d'éviter l'effet de contagion de la hausse des prix des matières premières.
En effet, comme en témoignent les bénéfices exceptionnels obtenus par les compagnies gazières et pétrolières - propriétaires de la matière première - et qui n'ont que peu ou rien à voir avec les bénéfices des compagnies d'électricité, cet "effet domino" dans l'augmentation du prix de presque tous les biens découle précisément de l'augmentation du prix de ces hydrocarbures.
En outre, la proposition de l'UE prévoit également l'adoption d'autres mesures exceptionnelles, telles que la diversification de l'offre, la réduction de la demande et l'augmentation de la production d'énergies renouvelables à moyen et long terme. Il vise également à réduire de deux tiers la dépendance de Moscou à l'égard du gaz en moins d'un an, bien que cela nécessite une augmentation des importations de gaz naturel liquéfié et d'hydrogène. Tout cela dans la perspective de 2030, date à laquelle Bruxelles sera totalement indépendante des importations russes.
Parmi les pays qui pourraient offrir une alternative commerciale aux importations de gaz russe figurent la Norvège, le Qatar et l'Azerbaïdjan, bien que plusieurs analystes aient averti que les réserves de ces puissances pourraient ne pas être suffisantes pour remplacer les hydrocarbures russes.
"Nous devons devenir indépendants du pétrole, du charbon et du gaz russes. Nous ne pouvons tout simplement pas nous fier à un fournisseur qui nous menace explicitement. Nous devons agir pour atténuer l'impact de la hausse des prix de l'énergie, diversifier les approvisionnements en gaz pour l'hiver prochain et accélérer la transition écologique", a déclaré la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen.
Les principaux objectifs du plan annoncé par Bruxelles sont d'accélérer la déconnexion du gaz russe, en plus d'atténuer l'une des plus grandes crises de prix auxquelles les économies européennes ont dû faire face au cours des dernières décennies, afin que la Commission européenne puisse intervenir temporairement sur les prix du gaz, comme solution à un marché considéré comme "cassé". Ainsi, en considérant la limite de 80 euros/MWh, avant le conflit russo-ukrainien, le prix du marché de gros de l'électricité pourrait retomber à environ 180 euros/MWh. Cela ferait baisser le marché de la piscine de plus de 300 euros.
Cela aurait à son tour des conséquences sur le reste du secteur de l'énergie, car environ 37 % de l'électricité provient de combustibles fossiles - qui, bien que moins chers et permettant à l'UE d'économiser environ 400 milliards d'euros, pourraient compromettre l'objectif climatique d'une réduction de 55 % des émissions de CO2 d'ici à 2030.
"La bonne réponse au choc énergétique est l'indépendance énergétique totale de l'Europe dans les années à venir", a déclaré le ministre français des finances, Bruno Le Maire, reconnaissant que cela nécessitera un "soutien" aux entreprises les plus exposées à la hausse des prix et aux mutations du secteur, ainsi qu'aux consommateurs les plus vulnérables.
Enfin, le "plan REPowerEU" comprend également une initiative législative visant à établir les réserves de gaz de l'UE - actuellement à des niveaux historiquement bas - à 90 % de leur capacité avant le premier jour d'octobre de chaque année. Une proposition qui implique une grande coordination et un contrôle des approvisionnements en gaz, sur la base du principe de solidarité entre les 27 États membres de l'UE.