L'Union européenne est le premier partenaire du Maroc avec 43 milliards d'euros d'échanges de marchandises en 2021

Le Maroc inonde l'Europe de ses produits agricoles

REUTERS/YOUSSEF BOUDLAL - Marché aux légumes dans la banlieue de Casablanca

Le Maroc est une puissance agricole mondiale. Par exemple, depuis 2022, il est le troisième exportateur mondial de tomates. Les exportations marocaines de ce légume ont augmenté de 7 % pour atteindre 670 000 tonnes en 2022. L'Union européenne est le premier partenaire du Maroc avec 43 milliards d'euros d'échanges de marchandises en 2021, et dans le secteur agricole, les exportations marocaines vers les pays de l'UE ont atteint 1,25 milliard d'euros.

Selon Fatiha Charrat, directrice générale adjointe de l'exportateur marocain de produits frais Delassus Group, les exportations de fruits et légumes ont atteint un volume de 1 607 000 tonnes au cours de la saison 21-22, soit une augmentation de 13 % par rapport à la saison précédente. 

Depuis l'entrée en vigueur de l'accord d'association entre l'Union européenne et le Maroc, les importations de fruits et légumes en Espagne en provenance de ce pays ont quadruplé et dans l'Union européenne, elles ont doublé. Ces mesures ont facilité l'écoulement des produits agricoles au sein de l'UE. En outre, les conditions climatiques et les faibles salaires et coûts de production du Maroc lui permettent d'exporter facilement ses produits agricoles vers l'UE et de concurrencer les produits européens, car ses produits sont moins chers. 

Cette situation suscite un certain malaise chez les agriculteurs de l'UE. Dans le secteur de la tomate, par exemple, selon la Fédération espagnole des associations d'exportateurs de fruits, légumes, fleurs et plantes vivantes (Fepex), "la croissance incontrôlée des importations de tomates en provenance du Maroc et la politique de l'UE dans le domaine de la santé des plantes et de l'emballage, dérivée de la stratégie "de la ferme à la table", menacent la production de tomates de l'UE, dont la production et le commerce extérieur sont en baisse". La Fepex va demander à la Commission européenne une aide extraordinaire allant jusqu'à 10% de la valeur de la production de tomates commercialisées des organisations de producteurs pour compenser le préjudice causé par "le laxisme dans l'application des clauses de coopération et de sauvegarde de l'Accord d'association de l'UE avec le Maroc et, d'autre part, l'application des concessions tarifaires de l'Accord à la production du Sahara occidental, qui est en train de devenir la principale zone d'exportation de tomates de ce pays". 

PHOTO/ARCHIVO - Morocco relies on agriculture as one of its main economic engines

En outre, la Commission européenne a approuvé un programme de 115 millions d'euros en 2022 pour stimuler l'agriculture biologique, inclusive et innovante au Maroc. Il s'agit du premier accord de ce type avec un pays tiers non membre de l'UE. Cette aide permettra au Royaume d'améliorer sa production alors que les prix des engrais et des pesticides ont fortement augmenté depuis l'année dernière.

Le secteur de l'agriculture et de la pêche représentait 12 % du PIB en 2021 au Maroc et joue un rôle clé dans l'emploi et les activités, en particulier dans les zones rurales. 70% de la population rurale en dépend directement. Le développement agricole et rural est un enjeu social majeur. C'est pourquoi le Royaume alaouite a adopté en 2008 une politique ambitieuse, le "Plan Maroc Vert" (PMV), qui a permis de soutenir le développement des exploitations agricoles commerciales et l'intégration des petits agriculteurs dans les filières nationales et internationales. En 10 ans, les investissements dans le secteur agricole ont atteint 104 milliards de dirhams, soit près de 10 milliards d'euros.

AFP/FADEL SENNA - Moroccan farmers harvest grapes in the "Val d'Argan" vineyard in the village of Ounara in the western region of Essaouira

En plus de la poursuite du PMV, le Plan Génération Verte 2020-2030 prévoit d'augmenter la production agricole, d'améliorer le revenu des agriculteurs marocains et de diminuer la consommation d'eau dans l'industrie agricole. L'Espagne a déjà accordé au Maroc plusieurs prêts pour des usines de dessalement et l'installation de stations d'épuration. De plus, depuis le rétablissement des relations avec Israël, le Maroc bénéficie de la technologie du pays du Moyen-Orient pour innover dans le secteur agricole

La productivité et les exportations devraient continuer à croître, bien que le Maroc soit confronté à une forte inflation due principalement à la hausse des prix des engrais, des emballages et des transports, ainsi qu'à la pénurie d'eau, qui a conduit le Maroc à investir de plus en plus dans des usines de dessalement.