Le Maroc : l'alternative pour que l'industrie asiatique se libère des tarifs douaniers

Terminal de marchandises du port de Tanger Med - PHOTO/ATALAYAR
En pleine guerre commerciale mondiale déclenchée par les tarifs douaniers de Trump, le Maroc se présente comme une nouvelle option pour les plateformes industrielles asiatiques
  1. Les avantages du Maroc
  2. Défis
  3. Concurrence avec la Turquie et l'Égypte

Le monde est plongé dans une guerre commerciale qui touche des pays de tous les continents, en raison des tarifs douaniers imposés par l'administration Trump sur l'importation de produits de différents secteurs.

Dans ce contexte, le Maroc bénéficie d'un avantage concurrentiel en raison de ses tarifs douaniers de 10 %, ce qui place le pays au centre des intérêts des investisseurs du monde entier, en particulier des plateformes industrielles asiatiques, les plus touchées par la guerre des tarifs douaniers.

Le président américain Donald Trump signe un décret sur les droits de douane, dans la roseraie de la Maison Blanche à Washington, DC, États-Unis, le 2 avril 2025 - REUTERS/ LEAH MILLIS

Les avantages du Maroc 

Dans un contexte commercial incertain, le Maroc se positionne comme une alternative crédible pour les entrepreneurs asiatiques. À cet égard, les tarifs douaniers spécifiques de 25 % sur le secteur automobile peuvent pousser certains constructeurs à repenser leurs bases d'exportation vers les États-Unis et à considérer le Maroc comme une nouvelle destination prometteuse pour leurs industries.

Bien que les États-Unis ne représentent qu'une part modeste des exportations marocaines (seulement 4,2 % en 2024, en raison de leur orientation plus marquée vers l'Union européenne), le Maroc bénéficie de nombreux atouts qui en font une réelle alternative pour les plateformes asiatiques qui peuvent utiliser le pays comme base pour leurs exportations vers les marchés internationaux :

  • Grâce à sa position géographique stratégique, au port de Tanger Med et aux mégaprojets lancés sur l'ensemble du territoire national, le Maroc est devenu une plateforme attractive pour les investisseurs internationaux.
  • Il est le premier exportateur de voitures d'Afrique et un pôle industriel prometteur.
  • Il est la porte de l'Europe vers l'Afrique et se situe à mi-chemin entre l'Asie et les deux Amériques.
  • Le succès du secteur textile et automobile témoigne des capacités et de l'expérience acquises par le Maroc, consolidant ainsi son attrait en tant que marché industriel émergent.
  • Le pays est reconnu pour la qualité de son industrie textile, sa main-d'œuvre expérimentée et son capital humain en pleine croissance.
  • Il dispose d'un réseau de transport en constante modernisation et de connexions croissantes avec les autres continents.
Vue générale du port de Tanger Med - REUTERS/ABDELHAK BALHAKI

Défis

Pour relever ce nouveau défi et se présenter comme une véritable alternative aux plateformes asiatiques, le Maroc doit relever un certain nombre de défis :

  • Assurer la stabilité des tarifs et des tarifs douaniers et augmenter la capacité de production nationale.
  • Maintenir des coûts de main-d'œuvre stables, en protégeant les conditions de travail favorables, en tant que facteur déterminant pour convaincre les investisseurs internationaux de choisir le Maroc comme base stratégique.
  • Améliorer la connectivité et développer les compétences marocaines en matière d'industries afin d'intégrer les chaînes de valeur mondiales.
  • Investir dans le développement, l'innovation et la recherche, et renforcer sa position dans ces domaines en Afrique dans le but de rejoindre le club des économies industrielles émergentes.
Des voitures fabriquées au Maroc et destinées à l'exportation attendent d'être chargées dans le port de Tanger Med - REUTERS/ABDELHAK BALHAKI

Concurrence avec la Turquie et l'Égypte

Le Maroc évolue dans un environnement où il interagit avec les grands opérateurs asiatiques, européens et méditerranéens tels que la Turquie et l'Égypte, tandis qu'au niveau africain, il se positionne face à des acteurs tels que l'Afrique du Sud.

Dans ce contexte, le pays doit consolider ses avantages concurrentiels grâce à une infrastructure industrielle soutenue par les différents sites des plateformes logistiques.

Les avantages du Maroc ne se limitent pas aux aspects tarifaires : si l'on compare le pays avec l'Égypte et la Turquie, le pays nord-africain bénéficie d'un positionnement solide dans des secteurs stratégiques tels que le textile et l'automobile, et d'autres secteurs prometteurs tels que les énergies renouvelables et les mines. Par rapport à l'Égypte et à la Turquie, le Maroc se distingue par de nombreux points compétitifs tels que :

  • Une politique industrielle bien structurée, des infrastructures de qualité et des stratégies commerciales ciblant les différents créneaux du marché.
  • La diversification de l'industrie et l'accélération du rythme de l'industrialisation grâce aux projets menés à l'échelle nationale dans les secteurs de l'industrie manufacturière, agroalimentaire, minière et automobile.
  • Une stratégie marketing plus offensive pour renforcer le positionnement international du Maroc.
  • La compétitivité du Maroc est soutenue par sa stabilité politique, ses indicateurs macroéconomiques solides, sa gestion de l'inflation et du taux de change, la stabilité de sa monnaie et sa proximité géographique qui lui permet de bénéficier de coûts logistiques plus favorables.
  • La diversification de la stratégie de marque nationale, à travers la promotion de la valeur du Maroc ou de la signature Maroc au-delà du marché européen, permettra d'explorer de nouveaux marchés et d'avoir une plus grande visibilité à l'échelle internationale.
  • Le changement des habitudes et des modes de consommation rend le pays plus attractif, avec d'importantes ressources naturelles et minières stratégiques qui servent au développement des industries et des grandes entreprises manufacturières dans plusieurs secteurs.
  • Le pays s'engage sur la voie de l'innovation pour consolider sa compétitivité en construisant des ponts solides entre le monde de l'entreprise, la recherche et l'université.
  • Dans la concurrence avec l'Égypte et la Turquie, il faut tenir compte de la pression sur la main-d'œuvre : il faut préparer les compétences humaines et veiller à leur formation et à leur disponibilité, tout en maintenant un coût compétitif qui ne freine pas la croissance et garantit la capacité du Maroc à répondre à la demande mondiale et à conserver sa position face à une concurrence régionale et internationale de plus en plus forte.