La nouvelle stratégie adoptée par Rabat cherche à davantage stimuler les investissements dans le secteur privé, qui ne cessent d’augmenter depuis plusieurs années

Le Maroc s'apprête à connaître un boom de l'investissement privé

PHOTO/AFP - Vue des grues à conteneurs du terminal I du port de Tanger Med, dans le nord de la ville de Tanger

Le Maroc adopte une nouvelle stratégie visant à davantage ouvrir la porte des investissements et des activités commerciales au secteur privé. Selon Al-Arab news, les analystes s’accordent à dire que le secteur privé marocain est sur le point de connaître un boom des investissements, au sein desquels l’argent des hommes d’affaires deviendra un pilier majeur du nouveau modèle de développement de l’État.

L’année dernière, Rabat a adopté une nouvelle Charte de l’investissement en fin d’année 2022 pour encourager l’investissement privé, le but étant d’atteindre 550 milliards de dirhams d’investissements d’ici 2026. Remplaçant celle de 1995, la charte de 2022 ambitionne de donner une impulsion nouvelle à l’investissement, notamment privé. En outre, le Nouveau Pacte d’investissement cherche à porter la part de la participation des entreprises privées aux deux tiers de l’investissement total d’ici 2035, en attirant les investissements étrangers et en aidant les entités locales à développer et diversifier leurs activités.

Depuis 2022, les investissements directs étrangers nets, dominés par la France, les États-Unis et les Émirats arabes unis, se sont élevés à environ 20,9 milliards de dirhams, soit 2,1 milliards de dollars. Selon Al Arab news, les investissements du secteur privé national et étranger sur le marché marocain seront dynamisés par trois moteurs principaux.

PHOTO/FILE - À la fin du mois d'avril 2023, l'industrie automobile a enregistré une croissance des exportations de plus de 40 %

Tout d’abord, les infrastructures. Depuis le début des années 2000, le Maroc a lancé une série de grands programmes axés sur le développement de projets d’infrastructures. Parmi ceux-ci nous pouvons citer des autoroutes, qui s’étendent sur 1 800 km, des ports comme le port Tanger Med en Afrique et en Méditerranée, des aéroports et des chemins de fer tel que le lancement de la première ligne de train à grande vitesse en Afrique il y a quatre ans. Selon Rachid Oraz, chercheur principal au Middle East Institute de Washington, les infrastructures solides facilitant l’accès aux ressources naturelles et aux marchés sont des facteurs clés pour stimuler l’investissement, qu’ils soient liés à l’investissement national ou étranger.

Ensuite, les zones industrielles. Depuis une vingtaine d’années, les autorités marocaines mènent une politique de zones industrielles, ensembles immobiliers d'investissement à des prix compétitifs, soumis à un cadre juridique et fiscal particulier. Elle permet notamment aux investisseurs d'effectuer toutes les démarches de création d'entreprises par un guichet unique au même endroit. Selon le ministère de l’Industrie, le pays comprend plus de 150 zones industrielles dans différentes villes, d’une superficie d’environ 12 000 hectares. Grâce à un nouveau plan du gouvernement, de nouvelles zones industrielles seront prochainement crées dans des territoires reculés afin d’atteindre un équilibre de développement et soulager la pression sur les grandes villes économiques.

Enfin, les lois. Celles-ci prévoient des incitations financières et fiscales pour les projets d’investissement. Pour Rashid Oraz, il est primordial de ne pas « perdre de vue l'amélioration des lois, la protection de la propriété privée des investisseurs et la mise en place d'institutions économiques qui protègent leurs droits ».

Mohcine Jazouli, ministre marocain des investissements

Le développement du secteur industriel est un facteur important pour attirer les investissements, particulièrement dans le secteur automobile qui s’est développé dans deux zones industrielles au Maroc et compte aujourd’hui plus de 250 entreprises. L’industrie automobile est en tête des secteurs exportateurs du pays avec une valeur de 11,4 milliards de dollars. Rabat souhaite généraliser ce succès vers d’autres secteurs.

Les projets approuvés dans le cadre de la Charte ciblent également de nouveaux secteurs comme le transport d'électricité et les énergies alternatives, ainsi que des secteurs traditionnels qui ont pris de l'importance ces dernières années, tels que les industries alimentaires et pharmaceutiques, en plus du dessalement de l'eau de mer.

Le développement des investissements privés au Maroc avait déjà été évoqué au début du mois de juillet, lorsque le ministre délégué chargé de l’Investissement, de la Convergence et de l’Évaluation des politiques publiques, Mohcine Jazouli avait fait connaître ses deux chantiers prioritaires : la mise en place d’une stratégie nationale pour le développement des investissements privés et la création d’un Observatoire de l’investissement. Cette stratégie vise également à encourager et élargir les investissements privés au niveau des douze régions du pays pour une meilleure équité territoriale, à travers notamment la mise en place d’une prime territoriale.