La production de pétrole de l’Iran augmente depuis mai 2023 malgré les sanctions américaines
Depuis l’abandon du Plan d'action global conjoint (JCPOA) en mai 2018 par le gouvernement américain de Donald Trump, Téhéran subit à nouveaux les sanctions américaines visant à freiner son programme nucléaire et limiter ses exportations de pétrole. Cependant, selon des analystes de l’énergie cités par Bloomberg, les exportations de pétrole de l’Iran n’ont jamais été aussi élevées que depuis la reprise des sanctions contre le pays.
L’Agence internationale de l’énergie (AIE) a déclaré dans un rapport récent que la production de pétrole brut de l’Iran avait augmenté d’environ 350 000 barils par jour (bpj) depuis le début de 2023. Dans son dernier rapport Oil 2023, l’AIE affirme que « malgré des restrictions financières sévères, l'Iran a réussi à augmenter la production de pétrole brut d'environ 130 000 bpj en 2022 à une moyenne de 2,55 millions de bpj, et de 350 000 bpj depuis le début de cette année ».
En mai dernier, le sénateur républicain américain Lindsey Graham a avoué l’inefficacité des sanctions imposées unilatéralement à l’Iran. Elle a critiqué l’administration Biden pour ne pas avoir arrêté les exportations de pétrole de l’Iran : « les Iraniens gagnent plus d'argent sous les sanctions et pas moins et la Chine est la principale raison pour laquelle nous ne faisons rien à ce sujet ».
Selon le rapport de l’AIE, Téhéran a connu une augmentation maximale de la production de pétrole, tandis que les autres États membres de l’OPEP ont connu une stabilisation de leur production voire une baisse de celle-ci. Le volume de production quotidienne de pétrole brut de l'Iran a atteint 2,870 millions de barils de pétrole/jour en mai 2023, enregistrant une hausse de 80 000 barils par rapport au mois précédent.
Selon Al Arab news, les augmentations non déclarées de la production iranienne inquiètent l’OPEP qui mène depuis une certain temps une politique de réduction de la production afin de contrôler les prix des barils. Bien que les États-Unis essayent de négocier une nouvelle version du JCPOA avec leur homologue iranien, il est peu probable que cet accord parvienne à ramener la production iranienne à son rythme normal qui dépasse 3% des millions de barils.
Les discussions en cours sur cette nouvelle version du JCPOA n’auraient pas pour objectif de repenser un accord différent de celui de 2015 mais une version « limitée » de celui-ci. Selon Simon Watkins, rédacteur pour le site Oil Price, l’Iran n’aurait pas à s’engager sur une date précise pour adhérer au Groupe d’action financière (GAFI, organisme intergouvernemental de lutte contre le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme), mais simplement à indiquer qu'il fera des efforts pour s'aligner sur les objectifs du GAFI sur une période indéterminée. Il poursuit en affirmant que parmi les principales promesses de l'Iran dans cette nouvelle version limitée du JCPOA figurent le maintien de l'enrichissement d'uranium à 60 % ou moins et l’acceptation d’inspections régulières de la part d'organismes de surveillance nucléaire indépendants.
Selon Julianne Geiger, également rédactrice pour Oil price, « l'augmentation constante de la production pétrolière de l'Iran pose un problème majeur au groupe pétrolier qui fait bouger le marché pétrolier dans le but de maintenir les prix du baril suffisamment élevés pour supporter le poids des budgets de ses membres ». En effet, le premier pays ayant subi les conséquences des réductions de production de pétrole est l’Arabie saoudite.
Présentée comme le plus grand pays producteur de pétrole de l'OPEP avec une production de 9,980 millions de bpj, suivie par l'Irak et les Émirats arabes unis (EAU) respectivement, elle a vu son volume de production de pétrole diminuer de 500 000 barils de pétrole par jour en mai 2023. Riyad avait volontairement accepté de réduire d’un million de barils supplémentaires les quotas de production dans le but de soutenir les prix. Toutefois, les efforts déployés ont été de courte durée et les prix du pétrole (le prix du Brent est inférieur à 75 dollars) sont inférieurs à ce qu'ils étaient avant que le royaume n'annonce une réduction de la production.
L’Iran était parvenue à échapper aux sanctions américaines au cours des dernières années en cachant son pétrole dans le pétrole irakien, en opérant des transferts de navires à navires et en éteignant les émetteurs-récepteurs GPS pour cacher ses exportations d'énergie aux inspecteurs des pétroliers.
Alors que le retour complet de l’Iran sur le marché pétrolier avait été salué par l’OPEP en mai 2023, les mesures prises par Téhéran vont à l’encontre de l’agenda de l’Arabie saoudite et exposent l’OPEP à un risque réel que d’autres membres soient obligés de réduire la production, alors que celle-ci augmente considérablement en Iran.