Cette décision intervient dans un contexte de grave crise financière et après plusieurs grèves générales organisées par les syndicats face à la hausse des prix

Tebboune limoge le gouverneur de la Banque centrale d'Algérie

PHOTO/FAROUK BATICHE - Le Président de l'Algérie, Abdelmadjid Tebboune

Le président algérien Abdelmadjid Tebboune a démis Rostom Fadli de ses fonctions de gouverneur de la banque centrale du pays, selon un communiqué présidentiel, sans préciser les raisons de ce limogeage. La note note également que Fadli, qui occupait ce poste depuis septembre 2020, sera remplacé par Salah Eddine Taleb, secrétaire du Conseil de la monnaie et du crédit (CMJ), un organe créé en 1999 pour diriger la politique monétaire de l'Algérie et contrôler l'activité bancaire.

Fadli est devenu gouverneur de la Banque centrale d'Algérie après le départ de l'actuel premier ministre et ministre des Finances, Aiman Benabderrahmane. Toutefois, depuis que l'ancien président Abdelaziz Bouteflika a limogé Mohamed Laksaci en 2016 après 15 ans de mandat, aucun des gouverneurs n'a occupé le poste longtemps. Pas même l'ancien ministre des finances Mohamed Loukal, actuellement en prison pour des accusations liées à la corruption.  

Ce licenciement intervient quelques jours seulement après que Tebboune a démis de ses fonctions le gouverneur de la ville de Jenchela, dans l'est du pays, sans donner de raisons, rapporte EFE. Dans le même temps, le dirigeant algérien a lancé une initiative politique visant à créer une cohésion politique dans le pays. Cette proposition basée sur le "consensus politique" et la "réunification" a été saluée par le chef d'état-major de l'armée algérienne, le général Said Chengriha, rapporte l'agence de presse. Chengriha est connu pour sa forte aversion pour le Maroc et, en fait, il aurait influencé de nombreux mouvements algériens contre le royaume alaouite.

Dans le cadre de cette initiative menée par Tebboune, les licenciements et les remplacements sont devenus monnaie courante dans le pays. Au cours de cette année, l'instabilité a dominé les institutions algériennes. Comme le souligne Al-Arab, plusieurs ministres ont été brusquement limogés dans le cadre des réformes gouvernementales de Tebboune depuis son arrivée au pouvoir fin 2019.

En outre, le licenciement de Fadli intervient dans un contexte de crise financière et de flambée des prix des denrées alimentaires et des produits de base déclenchée par l'invasion de l'Ukraine, ce pays étant l'un des principaux fournisseurs de blé du Maghreb.

Mais il n'y a pas que le blé qui a connu une augmentation, le bœuf, par exemple, se vend à plus de 2 000 dinars le kilo, soit près de 10 euros, ce qui équivaut à 10 % du salaire minimum algérien, rapporte Middle East Eye. "Mon salaire n'augmente pas au même rythme que la hausse des prix", a déclaré aux médias un enseignant du secondaire à Alger. "Nous pouvons difficilement manger correctement", admet une autre citoyenne.

Cette augmentation des prix provoque des troubles sociaux dans le pays d'Afrique du Nord et menace d'une explosion sociale. Fin avril, 29 syndicats ont organisé des grèves générales pour exprimer leur refus de la hausse des prix et de la détérioration du pouvoir d'achat.

Le gouvernement a accusé deux organisations, le Syndicat algérien du secteur des services publics et la Confédération des syndicats algériens, d'agir "illégalement en Algérie" et de violer "les dispositions légales en vigueur", rapporte le quotidien Al Quds. Mais les manifestants, loin de baisser les bras, ont menacé d'intensifier les protestations.