La production quotidienne de ce gisement atteindra 2,7 millions de mètres cubes

La Tunisie ouvre le champ gazier de Nawara pour réduire sa dépendance énergétique

PHOTO/AP - Le gisement de gaz de Chergui de la compagnie pétrolière basé au Royaume-Uni, Petrofac, sur l'île de Kerkennah en Tunisie

Le gouvernement tunisien a ouvert mercredi le champ gazier de Nawara, situé dans la région méridionale de Tataouine, dans le but de réduire la dépendance énergétique vis-à-vis de ses deux voisins, l'Algérie et la Libye, selon l'agence de presse Efe. La production quotidienne est estimée à 2,7 millions de mètres cubes, soit l'équivalent de 7 000 barils de pétrole et 3 200 de gaz liquéfié, selon l'agence de presse nationale TAP.

Le gisement, proche du désert du Sahara, sera géré par la société tunisienne des activités pétrolières (ETAP) et la société autrichienne OMV, toutes deux actionnaires à 50%, qui ont investi 1,1 million d'euros, selon une source citée par l'agence Efe. Cet investissement permettra de doubler la production nationale de gaz et de réduire le déficit énergétique et commercial de 20 % et 7 % respectivement. La construction d'un gazoduc de 370 kilomètres de long est prévue, qui transportera environ 600 000 mètres cubes par jour entre Nawara et le golfe de Gabès, où se trouve l'usine de traitement.
Lors de la 15ème conférence annuelle de l'Association des économistes tunisiens (ASECTU) qui s'est tenue en juin dernier, plusieurs spécialistes ont dénoncé la baisse de la production pétrolière du pays, qui a chuté de 42% entre 2010 et 2018, faisant passer la dépendance énergétique de 19% à 47% durant cette même période.

L'ancien ministre de l'Industrie, de l'Energie et des Mines Kamel Ben Naceur a souligné en juin dernier lors de la conférence annuelle de l'Association des économistes tunisiens le manque d'intérêt des entreprises internationales pour le pays du Maghreb et a rappelé que seules deux grandes compagnies pétrolières mondiales sont présentes dans le pays : l'italienne Eni et l'anglo-néerlandaise BG-Shell, selon l'agence de presse Efe. Il a également indiqué que les investissements dans le secteur ont diminué neuf fois au cours de la dernière décennie, ce qui a entraîné une détérioration catastrophique de la balance énergétique et un impact élevé sur le déficit commercial et le budget public.

Le ministre a également expliqué que seuls 23 permis d'exploration et de prospection sont actuellement en vigueur, contre 52 accordés en 2010. Ces chiffres coïncident avec la chute de la production nationale qui, comme l'explique le consultant en énergie Mustapha El Haddad à l'agence d'Etat TAP, a chuté de 42% entre 2010 et 2018, passant de 6,7 millions de tonnes d'équivalent pétrole (Mtep) à 3,9 Mtep.
Pour remédier à cette situation, Ben Naceur a préconisé la nécessité de mettre en œuvre une stratégie nationale en matière d'énergies renouvelables, d'améliorer la gestion de l'énergie et de renforcer l'interconnexion énergétique de la région. El Haddad a opté pour une « feuille de route » adoptée par les principaux acteurs politiques couvrant l'ensemble des ressources naturelles du pays, la diversification des approvisionnements, la réduction des subventions de l'État et l'indépendance des institutions publiques telles que la Société nationale tunisienne des hydrocarbures (ETAP) ou la Société tunisienne d'électricité et de gaz (STEG).

L'économie tunisienne est confrontée à d'importants défis économiques et financiers, dont le plus important est l'augmentation de la valeur du déficit de la balance commerciale de 2% en 2019, soit 6850 millions de dollars. Selon les chiffres officiels, la valeur du déficit énergétique en Tunisie a atteint 52% en 2018, contre 49% en 2017.