Une forte augmentation des échanges bilatéraux entre le Maroc et Israël
Dans un contexte de tensions et de violences dans la région, les échanges commerciaux entre le Maroc et Israël ont atteint un niveau sans précédent en 2024. Malgré la poursuite des bombardements israéliens sur Gaza, qui ont suscité une condamnation internationale, les liens économiques entre les deux pays, renforcés par les Accords d'Abraham de 2020, se sont considérablement intensifiés, soulevant des questions sur les implications possibles de ce rapprochement.
Selon les dernières données de l'Institut Abraham pour les accords de paix, le commerce bilatéral entre le Maroc et Israël a atteint 7,8 millions d'euros en juin 2024, soit une augmentation de 124% par rapport à juin 2023. Au cours des six premiers mois de 2024, les échanges commerciaux entre les deux pays ont totalisé 48,9 millions d'euros, soit une augmentation de 64% par rapport à la même période de l'année dernière.
Cette augmentation remarquable des relations commerciales intervient à un moment particulièrement sensible, alors que les forces d'occupation israéliennes (FOI) ont été accusées de mener des actes de génocide contre la population palestinienne, une situation qui a déclenché une catastrophe humanitaire. Dans ce contexte, les relations économiques croissantes entre le Maroc et Israël ne sont pas seulement remarquables, mais elles ont également suscité un débat.
Certains critiques affirment que l'expansion du commerce entre le Maroc et Israël, en particulier dans une période aussi turbulente, pourrait être interprétée comme une priorisation des intérêts économiques sur la solidarité traditionnelle avec le peuple palestinien, une cause que le Maroc a historiquement soutenue. Selon Morocco World News, cette évolution pourrait remettre en cause la position du Maroc en tant que défenseur des droits des Palestiniens et susciter des inquiétudes au sein d'une grande partie de sa population, qui continue à manifester de la sympathie pour la situation des Palestiniens sous occupation israélienne.
Depuis le 7 octobre, des milliers de Marocains sont descendus dans la rue dans des villes comme Tanger, Casablanca et Rabat, exigeant que le gouvernement rompe ses liens diplomatiques avec Israël. Ces manifestations reflètent le mécontentement populaire face à ce que beaucoup considèrent comme une trahison des engagements historiques du Maroc.
Si les avantages économiques d'un accroissement des échanges sont évidents - ils concernent des secteurs tels que l'agriculture, le tourisme et les services -, on craint de plus en plus que ces gains n'aient un coût moral. Les accords d'Abraham, qui ont facilité le renforcement des liens diplomatiques entre le Maroc et Israël en décembre 2020, ont été salués comme un pas vers la paix et la coopération régionale. Cependant, des critiques ont également émergé sur le fait que ces accords ont mis en veilleuse la question centrale de la reconnaissance de l'État palestinien, en se concentrant principalement sur le renforcement des liens économiques et diplomatiques, ce qui ne s'attaque pas pleinement aux racines du conflit israélo-palestinien.
La décision du gouvernement marocain d'établir des relations plus étroites avec Israël a suscité des critiques au sein de certains secteurs politiques du pays, qui considèrent cette décision comme une trahison des engagements historiques du Maroc. Bien que le gouvernement défende ces mesures comme faisant partie d'une stratégie plus large visant à améliorer la position géopolitique et la résilience économique du Maroc, le calendrier et les implications de ces mesures restent un sujet de débat.
Au niveau régional, le Maroc n'est pas le seul à étendre ses relations économiques avec Israël. Les échanges entre Israël et d'autres pays tels que les Émirats arabes unis, le Bahreïn et l'Égypte ont également augmenté, bien que le contexte diffère dans chaque cas. Par exemple, les échanges entre Israël et les Émirats arabes unis ont atteint 250 millions d'euros en juin 2024, soit une augmentation modeste de 5 % par rapport à juin 2023.
Cependant, cette croissance est faible par rapport à l'augmentation du commerce entre le Maroc et Israël, qui a conduit à un examen supplémentaire de la position unique du Maroc dans le cadre des Accords d'Abraham.
L'intensification du commerce entre le Maroc et Israël, à un moment de crise humanitaire à Gaza, soulève des questions difficiles sur l'équilibre entre les intérêts économiques et les considérations éthiques et politiques dans les relations internationales.