L'astronaute émirati Sultan Al Neyadi est déjà à bord de la Station spatiale internationale et l'ingéniosité égyptienne à son poste de surveillance

L'Égypte a déjà son quatrième satellite espion en orbite et les Émirats son deuxième astronaute

PHOTO/MBRSC - Depuis le Centre spatial Mohammed bin Rashid des Émirats (MBRSC), on a suivi l'amarrage du vaisseau spatial Dragon Crew 6 avec l'astronaute émirati Sultan Al Neyadi à la Station spatiale internationale.

Les principales nations arabes du monde continuent de parier et d'investir dans le secteur spatial, tout en rivalisant entre elles pour démontrer leurs atouts et leur degré de coopération avec les grandes puissances mondiales, la Chine et les États-Unis.

Le dernier pays à s'envoler dans l'espace est l'Union des Émirats arabes, qui vient de mettre en orbite son deuxième astronaute, Sultan Al Neyadi. Après avoir décollé avec trois autres personnes du Centre spatial Kennedy de la NASA et effectué un vol de 22 heures dans la capsule habitée Dragon Crew 6, l'Emirati est désormais à bord de la Station spatiale internationale (ISS), où il restera six mois.

L'Égypte suit une autre voie. Avec le soutien du gouvernement de Xi Jinping, le président Abdelfatah el Sisi s'efforce principalement de compléter et de renforcer le réseau de satellites espions qui sécurisent les frontières de l'Égypte et contribuent au développement économique du pays.

On sait très peu de choses sur le dernier exemplaire qu'elle a envoyé dans l'espace, le 24 février. Il est resté top secret, tant lors de sa fabrication que lors de son lancement. Son nom est Horus-1, le dieu de la royauté, du ciel, de la guerre et de la chasse dans la mythologie égyptienne ancienne. Il pourrait être un dérivé de MisrSat-2, dont l'Égypte a passé un contrat avec la Chine en septembre 2019.

Une fusée chinoise Long March 2C a décollé du centre de lancement de satellites de Jiuquan - dans le désert de Gobi, au nord-ouest de la Chine - avec la charge utile secrète. Le professeur Sherif Sedky, PDG de l'Agence spatiale égyptienne (EgSA), s'est présenté devant les médias le lendemain.

À moins de 500 kilomètres de la Terre

Le responsable égyptien a indiqué le moins qu'il puisse dire : que l'objet lancé par la Chine appartient à l'État égyptien et qu'il est "capable de prendre des images à haute résolution qui profitent à l'Égypte et aux pays arabes et africains dans leur quête de développement durable". 

Sherif Sedky a insisté sur le fait que Horus-1 "n'est pas un luxe, mais une nécessité pour la croissance du pays". Le nouveau satellite d'observation est à double usage, dédié à des missions militaires et civiles, parmi lesquelles le président de l'EgSA souligne sa vocation à "examiner le sol des terres arables, ce qui permettra d'améliorer les types de cultures, de maximiser les profits et la productivité".

Horus-1 permettra également de surveiller les sources d'eau, d'aider à anticiper les catastrophes naturelles, de contrôler l'occupation des terres de l'État et d'identifier l'emplacement des cultures illégales.

Selon les analystes de l'US Space Force, Horus-1 est fabriqué par la société d'État chinoise DFH Aerospace, avec la participation d'ingénieurs égyptiens. Il a une masse d'environ 300 kilogrammes et a été positionné à une altitude d'environ 496 kilomètres au-dessus de la Terre. 

Aux Émirats arabes unis, les autorités et les ressortissants du pays sont ravis d'avoir réussi à envoyer un deuxième compatriote dans l'espace, qui jouera cette fois un rôle important, et pas seulement touristique. Il sera le premier citoyen d'une nation arabe à passer environ 180 jours dans l'espace.

Six mois d'essais et d'expériences

L'astronaute émirati Sultan Al Neyadi a été formé pour accomplir un grand nombre de tâches en tant que spécialiste de mission, comme son compagnon de voyage et désormais cantonné, le cosmonaute russe Andrei Fediaev, également spécialiste de mission.

Pendant son séjour à bord de l'ISS dans le cadre de la mission Zayed Ambition 2, Sultan Al Neyadi réalisera 19 tests scientifiques pour le compte de la NASA, de l'Agence spatiale européenne (ESA), de l'Agence spatiale canadienne (ASC), de l'Agence japonaise d'exploration aérospatiale (JAXA) et du Centre national d'études spatiales (CNES) français. Deux autres expériences nationales sont coordonnées par le Centre spatial Mohammed bin Rashid (MBRSC) des Émirats.

Les internationaux seront développés dans différents domaines des sciences de la santé. Ils portent sur le système cardiovasculaire, le système immunitaire, le sommeil et le mal de dos.

Il réalisera également des démonstrations techniques, des études et des essais liés aux fluides, à la biologie végétale, aux matériaux, aux rayonnements et à l'épigénétique, cette dernière permettant de déterminer les changements dans la fonction des gènes qui sont héréditaires et ne sont pas dus à des modifications de la séquence d'ADN.

Dans l'une des études financées par l'Université Mohammed bin Rashid de médecine et des sciences de la santé, Sultan Al Neyadi évaluera comment l'environnement de microgravité des vols spatiaux affecte les interactions cardio-posturales. Dans un second essai, il étudiera la relation entre les cellules dentaires, également soumises à un environnement de micro-gravité.