Le Rwanda crée sa propre agence spatiale alors que celle de l'Espagne reste au point mort
La République du Rwanda a désormais son agence spatiale. La loi qui lui a donné vie a été approuvée par la majorité des 80 membres de sa Chambre des députés lors d'une séance de vidéoconférence tenue le mercredi 10 mars.
Le Rwanda n'a aucune industrie spatiale, n'a qu'un seul petit satellite en orbite et par la taille de son PIB en 2019 - 10 211 millions de dollars - le Fonds monétaire international lui assigne la 140e place, devant Haïti. Mais le Président de la République, Paul Kagame, est conscient que le développement économique et social d'un pays situé au milieu de l'Afrique dépend de plus en plus de la technologie spatiale.
C'est la raison fondamentale pour laquelle le gouvernement de Kagame a approuvé en mai de l'année dernière un projet de loi visant à créer une institution dédiée à la cohésion de toutes les initiatives nationales liées au secteur spatial, notamment pour rendre la connectivité de la nation indépendante des communications terrestres qui dépendent des quatre États limitrophes.
Il convient de noter que le Rwanda est situé dans la région des Grands Lacs, n'a pas d'accès à la mer et maintient un millier de kilomètres de frontières fragiles avec le Burundi, la République démocratique du Congo, la Tanzanie et l'Ouganda. Contrairement à certains de ses voisins, elle jouit d'une grande stabilité politique grâce aux réformes économiques promues par Paul Kagame et mises en œuvre par son premier ministre, Édouard Ngirente, qui attirent les capitaux étrangers. Par exemple, le président du Conseil européen, le Belge Charles Michel, s'est rendu au Rwanda les 7 et 8 de ce mois pour renforcer la coopération mutuelle.
La nouvelle Agence spatiale rwandaise (RSA) a été placée sous l'autorité directe du Président de la République. Ses principales responsabilités sont de coordonner les activités du secteur spatial, de conseiller le gouvernement sur la définition de la politique spatiale, de mettre en œuvre la stratégie spatiale nationale et de représenter le Rwanda au niveau international.
Les raisons qui ont poussé Paul Kagame à créer une agence spatiale n'ont pas fait mouche en Espagne, qui s'est classée en 2019 au 13e rang du PIB mondial. Le président Pedro Sanchez n'a pas trouvé le bon moment ou ne considère pas qu'il est important de mettre en place une organisation qui dirige et coordonne les capacités réparties dans près d'une demi-douzaine de ministères. Il s'agit d'une demande exprimée dans de nombreux forums par les directeurs du tissu spatial national et les hauts fonctionnaires de l'administration, bien qu'elle n'ait pas le soutien du ministre des sciences et de l'innovation, Pedro Duque.
La deuxième tâche prioritaire de la RSA est de diriger les activités spatiales pour sécuriser les communications et l'observation par satellite pour les institutions gouvernementales, ainsi que pour acquérir et sauvegarder les données et les images de la nation. Il s'agit en outre de fournir des services géospatiaux pour stimuler le développement du pays dans les domaines de l'éducation, de l'agriculture et de l'urbanisme, ainsi que de réduire autant que possible l'énorme fracture numérique entre les communautés rurales et les villes.
La RSA sera une organisation dotée d'une petite structure administrative. Elle est dirigée par un officier militaire, le lieutenant-colonel Francis Ngabo, qui a déjà assumé plusieurs tâches importantes. L'un d'entre eux consiste à organiser des efforts nationaux pour former un groupe de techniciens rwandais à des programmes technologiques, de préférence avec des institutions des États-Unis, du Japon et d'Israël.
L'autre vise à ériger l'infrastructure au sol et les antennes pour la réception des données et des images satellitaires. La première station sera construite à Rwamagana, à 60 kilomètres de la capitale, Kigali, avec la participation de GlobalStar, l'importante société américaine de communications par satellite.
Le Rwanda n'a qu'un seul nanosatellite en orbite, RwaSat-1. Il s'agit d'un Cubesat 3U, une structure simple de 30 x 10 x 10 centimètres pesant moins de 5 kilogrammes, développée dans le cadre de l'initiative de coopération internationale de l'Agence japonaise d'exploration aérospatiale (JAXA) avec les pays en développement. Le satellite a été construit dans les installations de l'Université de Tokyo avec la participation de trois ingénieurs rwandais.
Il a été déployé en orbite le 20 novembre 2019 depuis le laboratoire orbital japonais Kibo, l'un des modules qui composent la Station spatiale internationale. RwaSat-1 est arrivé au complexe orbital le 28 septembre à bord du vaisseau spatial d'approvisionnement japonais HTV-8, qui avait été lancé quatre jours plus tôt par une fusée japonaise H-II depuis la base de Tanegashima.
Une fois en orbite à une altitude de 417 km, les deux caméras multispectrales embarquées sur RwaSat-1 ont pris des images du pays, qui ont été utilisées par le ministère de l'agriculture pour calculer l'humidité du sol et tenter de fournir des informations sur le rendement des cultures.
Le Rwanda possède un autre satellite dont il n'est pas le propriétaire mais un utilisateur exclusif. Il s'agit du dénommé Icyerekezo, pesant 150 kilos, mis en orbite le 27 février 2019 avec cinq autres dans la constellation Internet par satellite OneWeb. Le ministère rwandais des télécommunications était alors actionnaire minoritaire de OneWeb et a obtenu une plateforme pour fournir gratuitement l'Internet haut débit aux écoles rurales, avec une priorité au groupe d'écoles de San Pierre Nkombo, situé sur l'île du même nom dans le lac Kivu.
De la taille de la Galice mais avec une population environ cinq fois plus importante (environ 13 millions d'habitants), son économie est petite même par rapport aux normes africaines. Selon un rapport d'Oxford Economics d'août 2019, le Rwanda est l'un des trois États africains dont la croissance du PIB est la plus élevée et la plus rapide, soit près de 8 % en 2019.
Avec de grandes étendues de terres très fertiles et la plus forte densité de population de tout le continent noir, la stabilité et la sécurité qui règnent dans le pays depuis vingt ans ont généré une croissance remarquable de son secteur agricole (32% du PIB), de l'immobilier, des mines, du tourisme et même de la finance, le tout créant une atmosphère favorable aux investissements étrangers.