Une scientifique biomédicale saoudienne est déjà la première femme arabe à orbiter autour de la Terre
La scientifique saoudienne Rayyanah Barnawi, 33 ans, est la première femme d'un pays arabe à voyager dans l'espace, à devenir locataire de la Station spatiale internationale (ISS) et à faire le tour de la Terre à bord du complexe orbital situé à près de 400 kilomètres au-dessus de la surface terrestre.
Elle s'est rendue à l'ISS avec le capitaine Ali Al-Qarni, 31 ans, pilote de chasse de l'armée de l'air royale saoudienne, avec la pleine bénédiction de la NASA, lors d'un vol privé de 16 heures affrété par la société américaine Axiom.
Ils l'ont fait à bord de la capsule spatiale Crew Dragon, baptisée Freedom, qui a décollé du centre spatial Kennedy le 22 mai, ancrée au sommet d'un lanceur Falcon 9 de Space X.
Pilote du chasseur de supériorité aérienne F-15SA, le capitaine Ali Al-Qarni a accumulé 2 387 heures de vol. Lui et son partenaire ont passé un processus de sélection rigoureux organisé par la Commission spatiale saoudienne en février dernier et ont ensuite été envoyés au Centre spatial Johnson de la NASA pour y suivre une formation d'astronaute.
L'arrivée des deux Saoudiens au complexe orbital porte à trois le nombre d'Arabes présents dans l'espace. Ils ont été rejoints sur l'ISS par l'Émirati Sultan Al Neyadi, arrivé le 2 mars et qui y restera jusqu'à la fin de l'année. Les deux Saoudiens, en revanche, ne resteront guère plus d'une semaine, puisque le contrat de la Commission spatiale saoudienne avec Axiom stipule qu'ils doivent revenir sur Terre le 30 avril, sauf cas de force majeure.
Chercheur sur le cancer du sein
Les sept astronautes de l'expédition 69 les attendaient à bord de l'ISS : les Américains Frank Rubio, Stephen Bowen et Woody Hoburg, les Russes Dimitri Petelin, Sergei Prokopiev et Andrei Fediaev, ainsi que l'Émirati Sultan Al Neyadi, déjà cité.
Les deux Saoudiens sont les premiers habitants du Pays des deux saintes mosquées du XXIe siècle à pouvoir voir notre planète bleue depuis l'espace. Le Dr Barnawi travaille depuis plus de dix ans sur des projets de recherche sur les cellules souches du cancer du sein à l'hôpital spécialisé et centre de recherche King Faisal à Riyad, la capitale du grand pays de la péninsule arabique.
L'une des expériences que le chercheur biomédical mène déjà à bord de l'ISS porte sur l'étude de la réponse inflammatoire des cellules immunitaires humaines dans des conditions de microgravité. Le test vise à déterminer les changements dans l'ARN messager (ARNm), un matériel génétique qui transporte l'information sur la fabrication des protéines depuis l'ADN dans le noyau de la cellule jusqu'au cytoplasme de la cellule.
Le capitaine Al Qarni participe également à plusieurs expériences programmées. L'une d'entre elles consiste à évaluer une combinaison de compression conçue en collaboration avec le Massachusetts Institute of Technology (MIT) pour atténuer les effets négatifs de la microgravité, de préférence l'atrophie musculaire. Un autre projet consiste à ensemencer des nuages artificiels pour tenter d'augmenter les précipitations dans certaines régions de ce pays désertique du Moyen-Orient.
Les deux Saoudiens ont participé à la mission Axiom 2 et ont été accompagnés à l'ISS par une astronaute professionnelle de la NASA à la retraite en tant que commandant de mission : la biochimiste Peggy Whitson, âgée de 63 ans, dont c'est la quatrième mission dans l'espace. Elle a pris sa retraite de l'Agence en 2018 après pas moins de 665 jours dans l'espace.
Deux astronautes saoudiens et un émirati en orbite
La présence d'un astronaute chevronné est indispensable pour que la NASA approuve un lancement dans l'espace. L'Agence exige qu'Axiom et toute autre société souhaitant effectuer des missions privées vers l'ISS aient au moins un astronaute expérimenté à bord de la capsule habitée.
Le quatrième membre d'équipage de la mission Axiom 2 est le milliardaire américain John Shoffner, 67 ans, pilote de course automobile. Il voyage en tant que touriste de l'espace après avoir versé une somme d'argent, qui reste secrète, mais qui est estimée à environ 55 millions de dollars.
Le directeur général du centre spatial des Émirats Mohammed bin Rashid, Salem Al Marri, a félicité l'Arabie saoudite pour la réussite du lancement, qu'il a qualifié d'"étape remarquable", amenant trois astronautes arabes en orbite pour la première fois dans l'histoire de l'espace.
Les Émirats arabes unis occupent la première place dans le monde arabe en termes de projets spatiaux réussis, avec une sonde autour de Mars, deux astronautes ayant une expérience des vols spatiaux, une tentative infructueuse d'atteindre la lune et plusieurs projets majeurs en cours de réalisation.
Mais l'Arabie saoudite entend également jouer un rôle de premier plan dans les initiatives d'exploration de l'espace habité. Le gouvernement de Riyad recherche des partenariats pour permettre à ses compatriotes de participer à la mission Artemis de la NASA vers la Lune et, à plus long terme, vers Mars.
Au total, 14 astronautes vivent actuellement en orbite, 13 hommes et une femme : les 11 locataires de l'ISS et les trois Chinois vivant sur la station spatiale Tiangong : Fei Junlong, Zhang Lu et Deng Qingming.