Nizar Banat avait l'intention de se présenter en tant que candidat indépendant aux prochaines élections palestiniennes, prévues pour le 15 mai

Un activiste palestinien meurt lors de son arrestation par les forces de sécurité de l'ANP

AP/NASSER NASSER - Nizar Banat, un opposant à l'Autorité palestinienne Banat, qui avait l'intention de se présenter aux élections législatives avant qu'elles ne soient annulées au début de l'année, a déclaré qu'il ne serait pas en mesure de se présenter aux élections

Le militant palestinien Nizar Banat, qui critiquait ouvertement les autorités palestiniennes, est mort tôt ce matin alors qu'il était arrêté par les forces de l'Autorité nationale palestinienne à Hébron, dans le sud de la Cisjordanie.

La délégation d'Hébron a déclaré dans un communiqué qu'il était décédé. Banat aurait été emmené à l'hôpital après avoir été prétendument battu. C'est la raison pour laquelle Banat est décédé au centre médical aux premières heures du jeudi matin. Selon divers militants palestiniens, "il a été sévèrement battu par 20 soldats venus l'arrêter chez lui" et a été transféré à l'hôpital "avant que son état de santé ne s'aggrave".

Banat avait formé la liste Liberté et Dignité dans le but de se présenter aux prochaines élections du Conseil législatif, qui étaient prévues pour le 22 mai avant la publication d'un décret présidentiel ordonnant l'annulation des élections. En outre, il avait exigé que l'Union européenne cesse son soutien financier à l'Autorité palestinienne après avoir appris la décision de la suspension législative. En fait, la semaine dernière, l'Union européenne a ordonné l'octroi de 425 millions d'euros de prêts aux banques palestiniennes afin d'atténuer la crise socio-sanitaire.

Nizar Banat a déjà été détenu auparavant et fait l'objet de menaces et d'attaques depuis des mois. En mai dernier, les autorités ont tiré des balles, des grenades assourdissantes et des gaz lacrymogènes à son domicile. L'Observatoire euro-méditerranéen des droits de l'homme a demandé "une enquête urgente et indépendante sur le meurtre de Nizar Banat, en particulier lorsque toutes les preuves indiquent qu'il s'agit d'un assassinat visant à faire taire la voix de l'un des plus grands opposants aux politiques de l'ANP".

Le porte-parole de la famille, Ammar Banat, a déclaré que le dissident palestinien "a été soumis à une opération d'arrestation à 3h30 du matin par une force de sécurité préventive."

D'autre part, le bureau de l'Union européenne en Palestine a fait part de sa "tristesse" face à la mort de Banat et a exigé "une enquête complète, indépendante et transparente immédiatement".

Après les attaques contre son domicile, l'activiste a accusé le parti Fatah, dont le président palestinien Mahmoud Abbas est le garant, d'être responsable de ces attaques. Selon Banat, ils sont les seuls à avoir accès aux gaz lacrymogènes et aux grenades paralysantes

Il a également accusé plusieurs partisans du Fatah de mener une campagne d'incitation contre lui après avoir accusé le militant de collaborer avec Israël. En outre, au début de la semaine, les forces palestiniennes ont arrêté le militant Issa Amor pour avoir critiqué l'ANP et pris position contre Israël, un acte qui a suscité une vague d'indignation sur les médias sociaux.

Dans cette ligne, différentes organisations de défense des droits de l'homme ont appelé à des manifestations à Ramallah, la capitale de facto de la Palestine, pour dénoncer la mort de Banat et les abus de pouvoir.

D'autre part, le Mouvement du Jihad islamique a déclaré dans un communiqué que Banat a été victime d'"un crime qui révèle l'ampleur de la violation des libertés et de la répression et de la poursuite de tous les opposants aux politiques et aux approches de l'autorité".

Banat avait été très critique à l'égard de l'Autorité nationale palestinienne, l'ANP, la délégation qui gouverne actuellement différentes parties de la Cisjordanie. Dans son militantisme, il dénonce l'absolutisme de l'Autorité, ainsi que les "violations systématiques des droits de l'homme".

Les sondages réalisés il y a deux semaines reflètent le soutien croissant de la société palestinienne au Hamas, avec un soutien de plus de 53 % au détriment du Fatah. Ces intentions de vote suggèrent que, si les élections avaient eu lieu, il est probable qu'Abbas aurait subi une lourde défaite dans les urnes.

Le président palestinien a décidé de reporter les élections après qu'Israël a dressé des obstacles empêchant les habitants de Jérusalem-Est de se rendre aux urnes. Toutefois, les opposants d'Abbas considèrent ce retard comme une "excuse" pour éviter une défaite du Hamas. La Palestine n'a pas organisé d'élection législative depuis 15 ans et il semble que ce chiffre sera prolongé dans le temps après la crise de leadership qu'Abbas a laissé parmi les Palestiniens.

D'une part, le fait qu'une grande partie de la société palestinienne soit favorable au Hamas, met sous pression Israël et les pays occidentaux qui considèrent le groupe comme une organisation terroriste, de sorte qu'ils adhéreraient à cette décision de prolonger le rendez-vous électoral. D'autre part, Israël n'autorise toujours pas les Palestiniens vivant à Jérusalem-Est à se rendre aux urnes. C'est pourquoi Abbas pourrait se réfugier dans cet argument pour continuer à se perpétuer au pouvoir.