Une scène inimaginable filmée par de jeunes tapis dans l’ombre loin des yeux mais proches de ce qui se passait entre des policiers et un distributeur de lait à Alger. La vidéo, telle une traînée de poudre, a fait le tour des réseaux sociaux en Algérie et dans le monde

Algérie : Des policiers voleurs de lait

PHOTO/FILE - Abdelmadjid Tebboune

Comme le souligne le commentateur de la chaîne de télévision québécoise qui a diffusé à son tour la vidéo, c’est une scène incroyable mais vraie. Des policiers braqueurs. Ils braquent un distributeur de lait pour lui extorquer plus d’une dizaine de sachet de ce produit si précieux pour les Algériens qu’ils sont obligés de se lever à l’aube pour s’approvisionner.

Le commerçant ne peut rien faire. Il est obligé d’obtempérer et de se faire voler par ceux qui sont sensés le protéger des voleurs. « C’est ça l’Algérie nouvelle de Tebboune », disent les jeunes qui filment la scène. Une Algérie dont les dirigeants sont des délinquants en col blanc et se livrent une guerre sans merci pour accaparer un butin qui ne leur appartient nullement.

L’Algérie est le seul pays au monde à compter 3 anciens premiers ministres et une brochette d’une vingtaine de ministres outres des hommes d’affaires en plus d’une quarantaine de généraux, tous en prison pour « dilapidation de biens sociaux, détournement de deniers publics, corruption, enrichissement illicite » et j’en passe. C’est dire que ceux qui ont dirigé l’Algérie durant les deux dernières décennies sont tout simplement des voleurs sans scrupules. Ceux qui les ont arrêtés, traduit devant la justice et jeté ont prison ne sont pas plus propres. Ils ont fait partie d’un même clan et d’un même système et ont tous plongé la main dans le sac. A titre d’exemple, Abdelmadjid Tebboune l’actuel chef de l’Etat était l’une des figures de proue du scandale du siècle qui est celui de golden boy Abdelmoumen Rafik Khalifa. Ce milliardaire qui avait connu une fulgurante ascension identique à sa chute. Plus vite il est monté et plus vite il est tombé.

Khalifa était à la tête d’un holding qui comptait des sociétés de produits pharmaceutiques, une compagnie aérienne, une chaîne de télévision, une banque etc. Sa fortune s’est faite grâce à une banque réceptacle de sommes astronomiques de sociétés publiques dont certaines du secteur de l’habitat dont le ministre n’était autre que Abdelmadjid Tebboune. En récompense à sa contribution à faire enrichir la banque Al-Khalifa, Abdelmadjid Tebboune bénéficiait dune carte bancaire gold sans pour autant avoir un compte bancaire dans l’établissement. De cette carte il avait dépensé 26.000 euros, de son propre aveu, pour des soins en France affirma-t-il à la présidente du tribunal de Blida qui avait jugé cette affaire au début des années 2000. Tebboune ‘a été nullement inquiété comme beaucoup d’autres nababs du régime de l’époque.

PHOTO/FILE - Said Chengriha

Le général d’armée, Saïd Chengriha, l’actuel chef d’Etat-major de l’armée algérienne était à la tête d’un gang de trafiquants de haschich alors qu’il était chef de la 3ème région militaire dans le sud-ouest du pays. Il y passera 14 ans dans cette zone où l’on ne dépasse pas dans le pire des cas 3 ans d’exercice. Chengriha mérite d’être inscrit dans le Guinness book pour son record dans une zone difficile considérée comme zone de punition et pour ses 18 ans dans le même grade, général-major. Pour accepter de séjourner 14 ans à Béchar et 18 ans dans le même grade, le vieil officier trouvait largement son compte : racket des commerçants qui passent par la région, trafics et vols en tous genres.

Dans son livre « la sale guerre » (Les éditions La Découverte 2001), le sous-lieutenant Habib Souaïdia relate les circonstances dans lesquelles l’actuel chef d ’Etat-major de l’armée algérienne tuas d’une balle dans la tête un paisible citoyen dont le domicile fut perquisitionné à minuit par une troupe armée sous la conduite de Saïd Chengriha, alors colonel exerçant dans la région de Bouira, sous les ordres du général Abdelaziz Medjahed, l’actuel directeur de l’Institut de Stratégie Globale.

Quand un pays est dirigé par un président de la république et un chef d’Etat-major de l’armée au passé entaché de vol, de détournements et d’assassinat, il n’y a aucune raison de voir des policiers braquer un commerçant pour quelques sachets de lait.