Argelia: cifrado en 3 millones el gasto argelino para el lobby antimarroquí en África
Le ministère algérien des Affaires étrangères, dirigé par Ramtane Lamamra, aurait affecté quelque 3 millions de dollars au financement d'activités visant à contrer la politique étrangère marocaine en Afrique. C'est le média numérique Maghreb Intelligence qui rapporte l'information.
Selon l'article d'Ilyes Aribi, le fonds a été créé dans la plus grande discrétion pour faire du lobbying dans la région subsaharienne. Maghreb Intelligence affirme qu'avec ces fonds, la diplomatie algérienne aurait financé les séjours en Algérie de plusieurs membres de l'élite dirigeante africaine. À ces dépenses s'ajoutent divers voyages, cadeaux, bourses d'études et l'organisation de forums et de conférences pour discuter de l'actualité régionale. Selon l'article publié sur le site, ces forums ont toujours été abordés sous l'angle des intérêts de la diplomatie algérienne et de sa vision stratégique de l'Afrique.
Ilyes Aribi, l'auteur de l'information, ajoute que les efforts de la diplomatie algérienne auraient particulièrement porté sur la défense de l'indépendance du Sahara occidental et sur "l'instalation de cette conviction dans l'esprit des élites africaines".
Selon une source diplomatique algérienne, citée par les médias franco-marocains, ce fonds de 3 millions de dollars était principalement destiné à l'Afrique de l'Ouest, une région sensible pour le Maroc et l'Algérie, rivaux en Afrique du Nord et ayant plusieurs projets économiques en concurrence directe dans la région.
Le Maroc s'engage fortement sur le plan diplomatique en Afrique, avec plusieurs objectifs. L'une d'entre elles consiste à se blinder et à assurer sa position de force au sein de l'Union africaine. Après la tragédie de Nador en juin 2022, le ministre marocain des Affaires étrangères Nasser Bourita a convoqué les ambassadeurs d'une vingtaine de nations africaines, alliées du Maroc. Les délégations ont serré les rangs autour de la version marocaine des événements, signe du succès du ministère des Affaires étrangères marocain auprès de ses partenaires africains.
La diplomatie algérienne, crépusculaire depuis les années 1990, comme le définit le chercheur Kader Abderrahim, est aujourd'hui "marginalisée" face aux troubles régionaux au Sahel et aux conséquences du printemps arabe. Toutefois, elle tente de gagner en influence auprès des pays subsahariens, en servant de porte d'entrée à la Russie dans la région. Sur le plan énergétique, l'Algérie est fortement engagée dans le projet de gazoduc transsaharien, qui a été relancé à la mi-2021 face à l'avancée du gazoduc atlantique promu par le Maroc en partenariat avec plus d'une dizaine de pays. Si le lobby algérien est particulièrement actif dans cette région, la réputation du projet marocain de gazoduc atlantique pourrait être l'une de ses principales cibles.
L'investissement algérien dans le lobbying n'est pas nouveau. Le gouvernement de l'ancien président Abdelaziz Bouteflika était connu pour avoir dépensé beaucoup d'argent en louant les services de diverses sociétés de relations publiques dans la capitale américaine de Washington DC. Entre 2014 et 2020, le gouvernement algérien aurait dépensé environ 2,3 millions USD pour les services de Foley Hoag LLP et Keene Consulting International. La visite du membre du Congrès américain James Inhofe en Algérie au cours de cette période a été remarquée. Inhofe est l'un des principaux soutiens de la cause des insurgés sahraouis aux États-Unis, ainsi que le président de la Commission des services armés.