Argelia: la Presidencia de la República recupera los poderes constitucionales
Le conflit du Sahara occidental est passé d'une crise purement régionale basée sur la rivalité géopolitique entre l'Algérie et le Maroc à un conflit interne en Algérie. Pendant quatre décennies, dès le début de la lutte armée entre les guérillas du Front Polisario et les Forces armées marocaines, le conflit du Sahara a été considéré par Alger comme un « problème extérieur » ayant peu d'impact sur les affaires intérieures du pays.
Aucun des moments critiques vécus en Algérie depuis lors, la mort ou l'assassinat du président Boumédiène, le soulèvement populaire de 1988, l'insurrection islamiste des années 90 et la décennie sanglante qui a suivi, l'assassinat du président Boudiaf et la profonde crise institutionnelle qui a porté Abdelaziz Bouteflika au pouvoir, n'ont affecté la question du Sahara. Alger l'a toujours considérée comme une « affaire internationale » et toutes les puissances de fait algériennes, y compris la présidence de la République, même si elles occupent des positions différentes, se plient au « diktat » de l'armée et de ses services de sécurité, qui manipulent les rênes du conflit.
La tentative du président Bouteflika en juillet 1999, lors des funérailles du roi Hassan II du Maroc, de parvenir à Rabat à un accord avec le roi du Maroc et le président algérien sur la base du parapluie américain et du plan de James Baker, initiant un rapprochement avec la monarchie alaouite aux yeux du projet du Grand Maghreb, est restée lettre morte. Bouteflika, comme il l'admettra lui-même plus tard, n'a jamais eu le pouvoir de décision sur la question du Sahara.
L'actuel président algérien, Abdelmadjid Tebboune, a décidé il y a quelques jours d'envoyer une manifestation de soutien aux camps de Tindouf avec 150 tonnes de matériel technique, sanitaire et alimentaire pour aider les dizaines de milliers de réfugiés sous tente à résister aux assauts de la propagation potentiellement extrêmement meurtrière du coronavirus. Cette aide est également un message clair à l'establishment militaire du pays : la crise du Sahara est une question politico-militaire que le nouveau chef d'État assume comme la sienne ; les questions strictement militaires pour les militaires ; les questions géopolitiques et stratégiques pour le chef d'État.
L'envoi de cinq avions-cargos à Tindouf avec l'aide est d'ailleurs un pas dans la bonne direction avec la pratique mise en place par l'ancien chef de l'Armée, le général Gaïd Salah, qui est allé jusqu'à empêcher l'approvisionnement des camps en matériel médical et alimentaire, en se faisant bloquer au port d'Oran et en fermant la frontière avec la Mauritanie, empêchant les commerçants sahraouis de transporter des marchandises et d'approvisionner les camps, où tout est importé. Les raisons de l'état-major militaire sont strictement liées à la sécurité du territoire et à la souveraineté nationale, principale mission des forces armées. La situation des réfugiés a été mise en veilleuse.
Pendant ce temps, le chef du Polisario, Brahim Ghali, a prévu de peupler la partie du Sahara occidental située entre les murs du Maroc et les deux pays voisins, l'Algérie et la Mauritanie. Une mesure de faible portée, puisque les casernes de l'armée de guérilla resteront sur le territoire algérien et, par conséquent, empêchées d'agir à leur manière.
Abdelmadjid Tebboune a accompagné deux conseillers influents dans les rangs de l'armée et de la sécurité : le général de division Abdelaziz Medjahed et le colonel Chafik Mesbah. Le premier, en tant que conseiller militaire et de sécurité du président ; le second, en tant que chef du Conseil de la politique étrangère. Le général Medjahed a deux mérites irremplaçables pour le président : il a été directeur de l'Académie militaire de Cherchell, que tous les officiers de haut rang ont fréquentée, avant de suivre une partie de leur cursus dans les académies militaires de Russie, de France et des États-Unis principalement. Par ailleurs, le général Medjahed, qui a dirigé l'armée de l'air, la plus nombreuse et la mieux équipée du Maghreb, semble avoir d'excellentes relations avec l'actuel chef d'état-major par intérim, le général Chengriha, qui a remplacé le général Gaïd Salah, décédé à la fin de l'année dernière, à son poste stratégique.
On attribue au général Medjahed l'idée de gracier les généraux Khaled Nezzar et Toufik Mediène, à condition qu'ils excluent l'idée d'un retour à l'action politique. Nezzar, exilé en Espagne, était chef de l'État-major et ministre de la défense, et Mohamed ‘Toufik’ Mediène, actuellement en prison, était chef des services secrets.
Pour les analystes du Maghreb, tant que le commandement militaire algérien contrôlera la crise au Sahara, il ne pourra y avoir de solution au conflit. Si la question est transmise à la Présidence, une solution est possible. Il appartient aux acteurs principaux et secondaires d'en rechercher une.