Des organisations de défense des droits de l'homme exhortent Alger à libérer des militants à l'occasion du 60e anniversaire symbolique de son indépendance

Amnesty International demande à l'Algérie de libérer 266 prisonniers dans le cadre des manifestations du Hirak

AFP/AMAL BELALLOUFI - Marche anti-gouvernementale en Algérie

L'Algérie célèbre le 60e anniversaire de son indépendance, mais n'est toujours pas en mesure de garantir les libertés et les droits de l'homme à l'intérieur de ses frontières. Des centaines de "prisonniers d'opinion" restent emprisonnés dans le pays algérien pour les manifestations pacifiques connues sous le nom de mouvement Hirak qui ont déferlé sur l'Algérie en février 2019.

Des organisations de défense des droits de l'homme telles qu'Amnesty International et la Ligue algérienne des droits de l'homme (LADDH) ont envoyé une lettre aux autorités algériennes, leur demandant de "libérer immédiatement et sans condition au moins 266 militants opposés au pouvoir dans des situations allant de l'arrestation à l'emprisonnement, pour leur participation aux manifestations du Hirak", profitant de la symbolique de la fête de l'indépendance.

"Soixante ans après l'indépendance de l'Algérie, les libertés fondamentales et les droits humains continuent d'être ignorés, violés ou délibérément mis à mal", a déclaré Amna Guellali, directrice adjointe du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord d'Amnesty International. "La détention injustifiée de militants et de manifestants doit cesser, et il est honteux que les autorités algériennes continuent d'utiliser des lois répressives pour poursuivre des personnes uniquement pour l'exercice pacifique de leur droit à la liberté d'expression et de réunion", a-t-elle ajouté.

La Coordination pour la défense des prisonniers d'opinion a déclaré que les autorités devaient abandonner les charges retenues contre les prisonniers et que "de nombreux manifestants sont maintenus en détention provisoire pendant de longues périodes, tandis que d'autres ont été condamnés à des peines de prison allant jusqu'à cinq ans sur la base d'accusations vagues et forgées de toutes pièces". 

La Ligue algérienne des droits de l'homme a également demandé la libération des prisonniers d'opinion et l'arrêt des poursuites pour ces motifs, ainsi que "des mesures administratives punitives contre ceux qui s'opposent, contestent ou simplement s'engagent pacifiquement". Pour la défenseuse de la LADDH, ces épisodes "placent la société dans son ensemble dans une vulnérabilité juridique déstabilisante et éloignent le pays de la construction de l'Etat de droit".

L'organisation a également exprimé la nécessité de "donner à ce 60e anniversaire de l'indépendance un sentiment de dignité et d'espoir pour tous les Algériens", notamment dans le but de construire un chemin d'entente. Cependant, Alger ne semble pas avoir la même perception de la fête de l'indépendance, choisissant plutôt d'afficher son lourd arsenal dans le domaine militaire.  

Les manifestations pacifiques du mouvement Hirak étaient initialement dirigées contre le cinquième mandat du président Bouteflika, qui appelait à "un changement total du système politique". Des millions de personnes sont sorties pour protester, tandis que les autorités ont commencé à agir de plus en plus contre ces manifestants, journalistes, militants et blogueurs".

Ces attaques ont continué à s'intensifier dans les mois qui séparent les élections législatives de juin 2021 et le troisième anniversaire du mouvement Hirak, en février 2022