Le ministre des Affaires Etrangères des Émirats Arabes Unis a répondu ainsi aux critiques de Recep Tayyip Erdogan pour le soutien partiel qu’il a apporté au ‘accord du siècle’ de Donald Trump

Anwar Gargash dénonce les « illusions coloniales » de la Turquie

AFP/KARIM SAHIB - Le ministre des Affaires Étrangères des Émirats Arabes Unis, Anwar Gargash

Anwar Gargash, ministre d’État des Affaires Étrangères des Émirats Arabes Unis (EAU), a attaqué la Turquie de Recep Tayyip Erdogan pour ses velléités territoriales après son ingérence directe dans des conflits comme celui de la Libye et de la Syrie et sa politique sur le Moyen-Orient. Tout cela en réponse à l’offensive verbale du président turc contre l’État émirati en raison du soutien partiel de ce dernier au plan de paix pour le conflit palestinien présenté mardi par Donald Trump, président des États-Unis.

Par le biais du réseau social Twitter, le diplomate émirati a accusé les autorités turques d’avoir « illusions coloniales » concernant le monde arabe. Répondant ainsi aux attaques lancées par Erdogan contre son pays à la suite de l’appui accordé en partie à l’accord dit du siècle, présenté mardi dernier et rejeté par une grande partie de la sphère arabe et, logiquement, par les palestiniens.

Le projet présenté par l’Administration Trump en vue de parvenir à la paix au Moyen-Orient et enfin à l’accord entre la Palestine et Israël, n’a en aucune manière satisfait les palestiniens, ni le monde arabe en général. La proposition prévoyait la création d’un État palestinien, mais avec une autonomie limitée, l’annexion de certaines parties de la Cisjordanie occupée et l’établissement de la capitale palestinienne dans une zone éloignée de Jérusalem-Est. Encore une fois, ils ne convainquaient en rien les dirigeants palestiniens, même pas avec l’injection économique que cela représenterait pour le nouvel État palestinien, d’environ 50 milliards de dollars.

Le président palestinien Mahmoud Abbas lui-même a vivement critiqué le plan proposé par Trump et a pris la résolution d’annoncer la rupture des relations et des accords. Le mandataire palestinien a officiellement informé les États-Unis et Israël qu’il n’y aurait aucun lien avec eux, y compris dans le domaine de la sécurité.

Abbas avait déjà menacé cette position dans le passé, sans avoir franchi le pas, et l’avait finalement annoncé dans le cadre de la session extraordinaire de la Ligue arabe au Caire, samedi dernier, entité panarabe qui a rejeté catégoriquement la proposition pacificatrice dans la région du Moyen-Orient, présentée par Trump. « Il n’y a pas de place à la table des négociations pour une partie quelconque de cet accord », a-t-il souligné dans la déclaration officielle Abbas, qui avait demandé la convocation extraordinaire de la Ligue arabe pour prévenir l’émergence d’un consensus qui légitimerait la proposition des Etats-Unis.

À la même séance de l’organe supranational, l’EAU s’est engagée à soutenir tous les efforts visant à trouver une solution permanente à la problématique palestinienne. « Les Émirats Arabes Unis soulignent la nécessité d’appuyer le dialogue et d’entamer des négociations directes entre les parties palestinienne et israélienne afin de garantir que rien ne compromettra le cours juste de la cause », a déclaré Anwar Gargash lui-même.

L’initiative américaine pour le conflit palestinien a été soutenue par deux de ses principaux partenaires dans le Golfe, les Émirats Arabes Unis et l’Arabie Saoudite, mais pas entièrement. Le royaume saoudien et l’état émirati ont soutenu les efforts des États-Unis pour pacifier la région et cette position d’un certain secteur arabe a été mise en scène avec la présence des ambassadeurs des Émirats Arabes Unis, d’Oman et de Bahreïn lors de la présentation du plan à Washington ce mardi. « Le Royaume apprécie les efforts déployés par l’Administration Trump pour instaurer la paix entre israéliens et palestiniens », a indiqué dans un communiqué officiel publié sur le compte Twitter en anglais du Ministère des Affaires Étrangères de l’Arabie Saoudite.

Le ministre des Affaires Étrangères des Émirats Arabes Unis lui-même a souligné que le travail des Etats-Unis en vue de l’apaisement des tensions au Moyen-Orient était très apprécié, mais a également souligné que ces efforts « ne représentent pas une vision finale, qui, selon nous, devrait reposer principalement sur le consentement des deux parties ».

Recep Tayyip Erdogan, pour sa part, avait déjà vivement critiqué la proposition américaine de paix entre israëliens et palestiniens, estimant qu’il s’agissait essentiellement d’une stratégie visant à renforcer l’occupation juive de la Cisjordanie et à laisser Jérusalem entre les mains de Israël. « Abandonner toute Jérusalem aux griffes sanglantes d’Israël n’est pas seulement une oppression pour les musulmans et les chrétiens qui y vivent : c’est le plus grand mal que l’on puisse faire à l’humanité », a déclaré Erdogan, qui a décrit la ville comme « la clef de la paix ».

« La prétendue paix du président américain Donald Trump vise à annexer les territoires palestiniens occupés. La Turquie ne reconnaît pas et n’accepte pas ce plan qui détruit complètement la Palestine et occupe complètement Jérusalem », a déclaré Erdogan.