Belavia n'admet plus les Irakiens, les Syriens et les Yéménites sur les vols en provenance de Turquie
La compagnie aérienne nationale biélorusse Belavia a annoncé vendredi qu'elle n'accepterait plus les ressortissants d'Irak, de Syrie et du Yémen sur les vols en provenance de Turquie et à destination de la Biélorussie, fermant ainsi l'une des voies utilisées par les migrants pour atteindre Minsk et, de là, la frontière avec l'Union européenne (UE).
"En vertu de la décision des autorités compétentes de Turquie, à partir d'aujourd'hui, les citoyens d'Irak, de Syrie et du Yémen ne seront pas admis sur les vols entre la Turquie et le Bélarus", a déclaré la compagnie dans une brève déclaration sur son site web.
Cette décision intervient dans le contexte de la crise des migrants à la frontière entre la Pologne et le Bélarus, où quelque 2 000 migrants originaires du Moyen-Orient, et plus particulièrement de ces trois pays, se rassemblent depuis lundi pour tenter de passer dans l'UE.
L'UE prépare de nouvelles sanctions contre le Belarus pour la "guerre hybride" qu'il mène en transportant des migrants jusqu'à la frontière de l'UE afin de la déstabiliser.
Le travail à Bruxelles comprend l'exploration non seulement de nouvelles mesures restrictives contre Belavia, mais aussi contre les compagnies aériennes de pays tiers qui sont "activement impliquées dans le trafic de personnes".
Tant la Turquie, avec sa compagnie nationale Turkish Airlines, que la Russie, dirigée par Aeroflot, ont nié toute implication dans le transport de sans-papiers vers le Belarus.
Turkish Airlines assure dix vols par semaine à destination de Minsk, un nombre similaire à celui de la Belavie.
Fin octobre, la compagnie aérienne nationale bélarussienne a nié qu'elle transportait des migrants en situation irrégulière vers l'UE, tandis que le gouvernement d'Alexandre Loukachenko a déclaré qu'ils entraient légalement au Belarus, avec des visas qui, selon les militants, sont obtenus à Minsk.
L'avocate biélorusse Aliona Chekhovich, experte en immigration, a déclaré mercredi à EFE que c'est le régime biélorusse qui a organisé le flux de migrants irréguliers vers l'UE ces derniers mois.
"Ce sont les autorités qui ont lancé une campagne publicitaire il y a plusieurs mois, dans laquelle le Belarus apparaissait comme un pays de transit vers l'UE", a-t-il commenté depuis Minsk.
Selon Chekhovich, cette campagne impliquerait et bénéficierait aux agences de tourisme et aux voyagistes qui dépendent de l'administration présidentielle.
Chekhovich s'est entretenu avec plusieurs migrants qui, au cours des deux dernières semaines, ont tenté sans succès de franchir la frontière avec l'UE.
"La plupart d'entre eux sont des Kurdes d'Irak, mais il y a aussi des Syriens et des Iraniens. Ils nous ont dit qu'ils ont payé, qu'ils ont obtenu des visas de tourisme, qu'ils ont réservé une chambre d'hôtel ou un appartement à Minsk et qu'ils ont essayé de passer en Europe en passant par la forêt", a-t-il déclaré.
Depuis le printemps dernier, les tentatives d'entrée illégale en Lettonie, en Lituanie et en Pologne depuis le Belarus se sont multipliées.
Cette décision intervient après que Loukachenko est allé jusqu'à déclarer ouvertement qu'il cessera d'empêcher les sans-papiers d'entrer dans l'UE en réponse aux sanctions occidentales imposées à la suite de l'élection présidentielle frauduleuse de 2020, de la répression qui a suivi et de l'atterrissage forcé d'un vol européen en mai pour détenir un dissident.