Selon Borrell, faire croire aux migrants que les portes de l'Europe sont ouvertes « n'est une solution pour personne, ni pour eux ni pour les relations avec la Turquie »

Borrell espère qu'Erdogan fera comprendre aux migrants que les frontières de l'UE sont fermées

AFP/KENZO TRIBOUILLARD - Le haut représentant de l'Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, Josep Borrell

Le haut représentant de l'Union européenne pour la politique étrangère, Josep Borrell, a demandé, avant sa rencontre à Bruxelles avec le président turc Recep Tayyip Erdogan, de préciser aux migrants qui tentent d'entrer dans l'UE en provenance de Turquie que les frontières de l'UE sont fermées. « J'espère que nous parviendrons à un accord afin que les migrants en Turquie ne croient pas que la frontière avec l'UE est ouverte et qu'ils n'essaient pas d'y entrer en exerçant une pression massive », a déclaré M. Borrell lors d'une conférence de presse lundi.

Selon Borrell, le fait que les migrants croient que les portes de l'Europe sont ouvertes « n'est une solution pour personne, ni pour eux, ni pour les relations avec la Turquie, ni pour la recherche de solutions structurelles et permanentes à ce qui reste un problème majeur dans lequel la Turquie et l'Europe doivent coopérer ».  

Erdogan a rencontré le président du Conseil européen, Charles Michel, et la présidente de la Commission européenne, Ursula van der Leyen, ainsi que le secrétaire général de l'OTAN, Jens Stoltenberg. Cette visite a eu lieu après que M. Borrell se soit rendu à Ankara la semaine dernière pour parler au président turc de l'escalade du conflit en Syrie et de la grave situation humanitaire qui y règne, ainsi que de la tension à la frontière gréco-turque. 

Les relations entre Ankara et Bruxelles sont tendues depuis que M. Erdogan s'est plaint, il y a dix jours, du manque de soutien de Bruxelles à la présence militaire turque à Idlib, la région du nord-ouest de la Syrie où se déroulent des combats entre les milices rebelles - que la Turquie soutient - et les forces du président syrien Bachar al-Assad soutenues par la Russie. Puis Erdogan a annoncé l'ouverture des frontières turques pour permettre aux 3,5 millions de réfugiés syriens en Turquie de se rendre dans les pays de l'UE.  

L'annonce s'est transformée en une vague sur les réseaux sociaux arabes et depuis dix jours maintenant, des milliers de réfugiés syriens, irakiens et afghans, ainsi que des migrants pakistanais et africains, campent à la frontière grecque dans la conviction que l'UE leur ouvrira ses portes.

Vendredi dernier, les ministres des affaires étrangères de l'UE, réunis en Conseil à Zagreb, ont exhorté la Turquie à combattre les fausses informations sur l'ouverture de ses frontières et ont rejeté l'idée que la Turquie devrait utiliser la situation des réfugiés pour créer une pression politique. Interrogé sur les actions de la Grèce pour défendre ses frontières, qui sont aussi les frontières extérieures de l'Union, M. Borrell a rappelé que les ministres ont également précisé vendredi que ces actions « doivent être menées conformément à nos règles et au droit international ».

« Il n'y a pas de carte blanche », a-t-il souligné à propos des actions menées tant par la Grèce que par Frontex, l'agence européenne des frontières extérieures.