Le capitaine de 34 ans a dirigé le récent coup d'État, le deuxième du pays depuis janvier

Burkina Faso : Ibrahim Traoré prend ses fonctions de président

REUTERS/VINCENT BADO - Le nouveau chef militaire du Burkina Faso, Ibrahim Traoré

Le capitaine Ibrahim Traoré, âgé de 34 ans, a été officiellement nommé président du Burkina Faso, ce qui fait de lui le plus jeune chef d'État au monde. Comme l'a rapporté à la télévision d'État le porte-parole du Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration (MPSR), le capitaine Kiswendsida Farouk Azaria Sorgho, Traoré a pris le poste de "chef de l'État et chef suprême des forces armées".

"En attendant la mise en place des organes de transition", Traoré sera "garant de l'indépendance nationale, de l'intégrité territoriale, de la permanence et de la continuité de l'État", a déclaré le porte-parole cité par l'AFP. Le nouveau chef d'État burkinabé a déjà reçu une délégation de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) à Ouagadougou et a rencontré plusieurs chefs religieux du pays.

Lors de la rencontre avec les représentants de la CEDEAO, Traoré s'est engagé à respecter le calendrier de transition démocratique fixé par l'institution africaine et le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, ancien président par intérim. Selon le calendrier prévu, le 1er juillet 2024 est la date limite fixée pour le retour à l'ordre constitutionnel. 

Traoré a dirigé le récent coup d'État, le deuxième à frapper la nation africaine depuis janvier 2022. Le jeune militaire a justifié son action par "la dégradation continue de la situation sécuritaire" au Burkina Faso. Le pays, comme d'autres au Sahel, est en proie à l'instabilité et à l'insécurité depuis plusieurs années, sous la menace constante du djihadisme, un fléau qui se répand dans toute la région. Le nouveau chef d'État a promis de réformer les forces armées et de les préparer à combattre les milices extrémistes

Le prédécesseur de Traoré, le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba - qui a mené le coup d'État de janvier - a renversé le gouvernement de l'époque pour des motifs similaires. Selon les partisans du coup d'État de Damiba, l'ancien président Roch Marc Christian Kaboré n'a pas fait face à la situation sécuritaire et n'a pas affronté de manière adéquate les groupes terroristes liés à Daesh et à Al-Qaïda. 

Après le dernier soulèvement, Damiba a officiellement démissionné et s'est enfui au Togo deux jours après le coup d'État, qui a été rejeté par les chefs religieux et communautaires, rapporte l'AFP. Un accord avec la CEDEAO sur la transition démocratique était l'une des conditions posées par Damiba pour sa démission.

Les États-Unis mettent en garde contre le groupe Wagner 

À la suite de ce nouveau coup d'État, des organisations internationales telles que l'Union africaine, les Nations unies et l'Union européenne, ainsi que la CEDEAO, ont condamné les violences et la destitution de Damiba. "Le président appelle les militaires à s'abstenir immédiatement et totalement de tout acte de violence ou de menace à l'encontre de la population civile, des libertés civiles et des droits de l'homme", a déclaré l'UA dans un communiqué. 

Les États-Unis ont ajouté leur voix à ces condamnations, mettant en garde les nouveaux dirigeants du pays contre les risques d'une alliance avec la Russie, qui, ces dernières années, a renforcé sa présence au Sahel par l'intermédiaire du groupe Wagner. "Les pays où le groupe a été déployé sont plus faibles et moins sûrs, et rien qu'en Afrique, nous l'avons constaté dans un certain nombre de cas", a déclaré Vedant Patel, porte-parole du département d'État, cité par l'AFP. Patel a également exhorté la nouvelle junte militaire à "respecter le calendrier convenu pour le retour à un gouvernement civil démocratiquement élu". 

Le coup d'État mené par Traoré a coïncidé avec des manifestations dans la capitale contre la présence française au Sahel. Les manifestants, qui se sont rassemblés près de l'ambassade de France, ont également appelé à une plus grande coopération militaire avec la Russie. Les analystes ont averti à plusieurs reprises que Moscou exploite le sentiment anti-français dans la région pour gagner en influence, profitant également de l'insécurité et de l'instabilité.