La Chine s'engage de plus en plus dans son rôle de médiateur au Moyen-Orient
Il n'est pas surprenant que nous ayons assisté ces derniers mois à une plus grande présence de la Chine dans la région du Moyen-Orient, où elle cherche à renforcer ses liens avec les pays arabes en concurrence avec les États-Unis, qui semblent de plus en plus absents dans la région, selon les experts, après leur retrait de l'accord nucléaire avec l'Iran et leur longue occupation et leur sortie désorganisée d'Afghanistan et d'Irak, qui ont affecté leur image de défenseur de la paix au Moyen-Orient.
La présence de la Chine dans la région s'accroît indubitablement, et l'on pourrait même dire que son influence s'accroît. Elle ne peut cependant pas remplacer les Américains dans leur engagement à garantir la sécurité de leurs alliés grâce à ses nombreuses bases militaires dans la région, mais elle peut se faire une place dans les sphères économiques et diplomatiques dans le cadre de son engagement dans la médiation des conflits mondiaux.
En février, la Chine a publié son "Initiative de sécurité globale", qui vise à résoudre pacifiquement les différends entre pays par le dialogue et la conduite. C'est dans cet objectif qu'elle est intervenue dans la crise diplomatique entre l'Arabie saoudite et l'Iran qui, après sept ans de rupture des relations bilatérales, a permis de rapprocher les positions et de rétablir les liens. Elle souhaite également jouer un rôle de conciliateur dans le conflit israélo-palestinien, comme la Chine l'a exprimé il y a deux mois, ce qui a conduit le président palestinien Mahmoud Abbas à effectuer une visite d'État en Chine, où il a rencontré le président chinois Xi Jinping, qui a défini la relation entre les deux pays comme étant "de bons amis et partenaires". Déjà en décembre, lors du premier sommet Chine-États arabes, il s'était engagé auprès du président palestinien à rechercher une solution juste au problème israélo-palestinien.
Selon l'agence de presse palestinienne Wafa, le voyage officiel vise à "échanger des points de vue sur les derniers développements en Palestine, ainsi que sur des questions régionales et internationales d'intérêt mutuel". Le président Abbas a commenté le désir d'établir une zone de libre-échange entre les deux pays et espère que des délégations seront bientôt envoyées pour commencer à travailler sur les projets. Ils ont également signé un pacte de coopération économique et technologique, un accord sur l'exemption mutuelle de visas pour les diplomates et un accord d'amitié entre Wuhan et Ramallah, où se trouve le siège palestinien en Cisjordanie.
Mohammed Mustafa, conseiller économique du président palestinien, a déclaré qu'ils avaient signé un accord sur le financement par la Chine de quatre projets à réaliser en Cisjordanie, dont une installation d'énergie solaire, une usine de production de panneaux solaires et une usine sidérurgique. Le "partenariat stratégique" conclu entre les deux parties a été décrit par le dirigeant chinois comme "une étape importante dans l'histoire des relations bilatérales".
En ce qui concerne la question israélo-palestinienne, "la Chine a toujours fermement soutenu la juste cause du peuple palestinien pour recouvrer ses droits territoriaux légitimes, et est prête à renforcer la coordination et la coopération avec la partie palestinienne pour promouvoir une solution globale, juste et durable au problème dès que possible", selon le ministère chinois des Affaires étrangères. Xi propose trois points d'action pour parvenir à la paix dans le conflit, qui donneraient à la Palestine un statut d'État indépendant sur la base des frontières de 1967, en plus de la recherche de pourparlers avec Israël.
La Chine, qui continue de soutenir l'Autorité palestinienne pour qu'elle devienne un membre à part entière des Nations unies, est à couteaux tirés avec les États-Unis, qui s'y opposent totalement tant qu'un accord de paix n'a pas été conclu avec Israël. La Palestine attend de la Chine un médiateur qui remplacerait les Américains, qui continuent de réaffirmer leur attachement à la sécurité d'Israël et qui ont entravé les progrès des pourparlers de paix de 2014.