La Colombie adopte une loi controversée sur la sécurité des citoyens
Mercredi, le Congrès colombien a approuvé le projet de loi promu par le gouvernement d'Iván Duque. Avec 60 voix pour et 10 contre, la loi sur la sécurité des citoyens a été approuvée. Elle vise à renforcer les instruments juridiques et économiques pour réduire la criminalité dans les villes et à réglementer les armes "moins létales".
Le projet de loi comporte 68 articles qui visent, entre autres, à imposer des peines de plus de 58 ans pour ceux qui commettent des crimes contre les enfants, les forces publiques, les journalistes et les défenseurs des droits de l'homme. La loi vise également à punir l'impunité en créant la figure du "danger d'impunité" par rapport aux personnes qui ont commis des crimes et ont été libérées par la police. Pour leur part, le port d'armes et les éléments qui présentent un risque pour la communauté pourraient être sanctionnés comme une infraction pénale, en plus de punir les éléments qui couvrent l'identité du délinquant.
Une autre des déclarations les plus caractéristiques de ce projet est la protection de la légitime défense. La loi vise à éliminer la responsabilité pénale lorsque la propriété privée est protégée, notamment les maisons ou les véhicules privés, à l'exclusion des établissements publics. Les attaques contre le système de transport public ou les installations militaires ou policières seraient également punissables par la loi.
Cependant, la loi sur la sécurité des citoyens a suscité une forte opposition. Les membres du Congrès opposés à la loi ont refusé de voter sur le projet de loi, considérant qu'il "viole ouvertement et de manière flagrante les principes fondamentaux de la Constitution", faisant référence au droit à la vie et à la mobilisation sociale. Iván Cepeda est l'un des membres du Congrès qui a réfuté ces arguments. Le sénateur de l'opposition Roy Barreras a également assuré qu'il poursuivrait la Cour constitutionnelle, arguant devant la Chambre que la loi "criminalise la protestation, légitime la justice d'autodéfense, légalise des formes de paramilitarisme urbain et autorise à tirer sur des jeunes".
Outre ces manifestations, diverses organisations telles que Human Rights Watch et le Haut Commissariat des Nations unies aux droits de l'homme ont signalé que 28 personnes sont mortes à la suite d'un usage excessif de la force par la police.
De son côté, et face à ces protestations, le président colombien Iván Duque a défendu l'initiative, déclarant que "la loi sur la sécurité des citoyens est contre les criminels", niant les accusations de l'opposition. "Je crois que les Colombiens sont fatigués de la récidive criminelle. Ici, avec cette loi, nous imposons des sanctions exemplaires lorsqu'il y a récidive", a ajouté le chef de l'Etat. Il a également fait allusion au fait que la loi a été approuvée par une large majorité au Congrès de la République grâce à l'interprétation du sentiment public.
Le ministre de la Défense, Diego Molano, s'est également joint à la défense de la loi et a précisé que le projet de loi ne donne pas la permission de tirer sur des citoyens ou de tuer des gens, mais cherche plutôt à établir la légitime défense dans un processus judiciaire. "La Chambre des représentants apporte un soutien fondamental à la loi sur la sécurité des citoyens, une loi faite pour les citoyens ordinaires, qui met fin à la récidive et à l'impunité des criminels qui volent, extorquent et vandalisent", a ajouté le chef du portefeuille.
Coordinateur pour l'Amérique latine : José Antonio Sierra