Comment la Turquie transfère-t-elle des mercenaires en Azerbaïdjan ?
Quelques jours avant que le conflit du Haut-Karabakh n'éclate, des images d'une équipe de miliciens turcs dans un avion ont été publiées sur Twitter. Ce groupe de personnes se serait rendu du nord de la Libye à Bakou pour soutenir les Azéris dans les combats qui ont éclaté le 26 septembre. Par la suite, le transfert de mercenaires syriens en Azerbaïdjan par la Turquie a également été signalé, ce qui a laissé la communauté internationale très perplexe.
Malgré les refus répétés de l'administration du président turc Recep Tayyip Erdogan, cette information a également été confirmée par l'Observatoire syrien des droits de l'homme (SCDH) et par le gouvernement russe lui-même. L'administration de Vladimir Poutine n'a pas voulu faire une déclaration directe sur cette présence et a invité la Turquie à soutenir le cessez-le-feu dans la région du Haut-Karabakh.
D'autre part, Al-Arabiya affirme que les déclarations du ministre turc de la Défense, Hulusi Akar, et l'absence de réponse du gouvernement aux questions parlementaires d'un député du Parti démocratique du peuple (PDH), "confirment la participation de la Turquie à l'envoi de mercenaires dans le conflit caucasien".
Dans une interview réalisée par le même magazine, Muhammad Ubaidullah, un député du HDP, a déclaré que le ministre turc de la défense Akar avait averti l'Arménie de retirer ses forces.
Le gouvernement turc a décrit le Haut-Karabakh comme "un territoire occupé par l'Arménie au sein de l'Azerbaïdjan" tout en confirmant le soutien maximal d'Ankara au pays azéri. Juste après le début des combats, Akar s'est rendu à Bakou. Il y a réaffirmé à plusieurs reprises que "l'Azerbaïdjan n'est pas seul et nous continuerons à lui apporter notre soutien". Cela, selon Al-Arabiya, indique des signes clairs d'intervention turque dans le territoire, tant sur le plan politique que militaire.
La communauté internationale n'a pas osé s'exprimer et le Parlement turc est également dans le doute. C'est pourquoi le HDP, au nom de Sarbel Kemalbay, a soumis une demande d'information au Chancelier parlementaire Mevlut Jawish. Cette demande remet en question la validité des accusations et exige du gouvernement qu'il révèle s'il est vrai que 4 000 mercenaires syriens ont été transférés en Azerbaïdjan.
Ils auraient été transférés de la ville d'Afrin à Bakou sur la base d'un contrat de trois mois pour un salaire de 1 800 dollars par mois. Cette information a également été confirmée par d'autres médias internationaux qui ont approché les troupes de mercenaires pour connaître et rendre compte de leurs activités habituelles.
Le député Kemalbay a basé la demande de proposition parlementaire sur des rapports internationaux indiquant que l'Azerbaïdjan avait acheté des drones à la compagnie Bayraktar et les avait utilisés pour attaquer les missiles et les chars de l'armée arménienne. Elle s'est également basée sur les déclarations de la SDSH annonçant que la Turquie avait transféré 300 mercenaires de Syrie à Bakou.
Le Parlement turc a également demandé au ministre des affaires étrangères Mevlüt Çavuşoğlu de répondre à des questions sur l'utilisation de F-16 turcs pour abattre des avions et bombarder des cibles arméniennes. Selon l'agence Al-Arabiya, la demande et les questions qu'elle contient n'ont pas encore reçu de réponse.
Le groupe parlementaire HDP soupçonne la Turquie de transférer des mercenaires par le biais de diverses filiales de la société Sadat. Cette organisation, dirigée par le général de brigade à la retraite Adnan Tanriverdi, est composée de 23 officiers à la retraite provenant de diverses unités des forces armées turques. Tanriverdi est le conseiller à la sécurité du président turc et a commencé son travail avec Sadat en février 2012.
De même, Ubaidullah, dans l'interview accordée à Al-Arabiya, a expliqué que cette société fournit des services logistiques et militaires, transfère des armes et forme des mercenaires pour les emmener dans des zones de conflit en utilisant de faux passeports. "Sadate était également à l'origine du transfert de mercenaires vers la Libye via la Syrie, comme c'est maintenant le cas avec l'Azerbaïdjan via Gaziantep", a expliqué l'opposant.
Ce mouvement vertigineux sur la guerre du Caucase survient à un moment où les appels internationaux continuent d'adhérer au cessez-le-feu qui n'a jamais été respecté. On s'attend à ce que dimanche prochain, les deux pays en conflit acceptent de mettre fin aux hostilités. En fait, vendredi prochain, les deux ministres de la défense rencontreront le secrétaire d'État américain Mike Pompeo pour négocier ce cessez-le-feu.