Le Conseil de sécurité des Nations unies classe la milice Houthi comme terroriste et étend l'embargo sur les armes à tous ses membres
Le Conseil de sécurité des Nations unies a décidé lundi d'étendre l'embargo sur les armes imposé aux dirigeants houthis, dont le chef suprême Abdul Malik al-Houthi, à tous les membres du groupe rebelle chiite opérant au Yémen, qui tente de renverser l'exécutif légalement installé du président Abd Rabbuh Mansur al-Hadi.
La nouvelle résolution du Conseil de sécurité classe également pour la première fois le groupe armé comme terroriste, ce qui était déjà réclamé par plusieurs nations en raison des attaques vicieuses de drones et de missiles visant principalement l'Arabie saoudite et les Émirats arabes unis, principaux membres de la coalition arabe qui combat les Houthis sur le terrain pour éliminer ce groupe soutenu par la République islamique d'Iran, principal porte-drapeau de la branche chiite de l'islam par opposition à la branche sunnite parrainée par le royaume saoudien. Les territoires saoudien et émirati ont subi des attaques contre diverses cibles civiles et commerciales, notamment des infrastructures aéroportuaires et des installations d'approvisionnement en énergie.
Les Émirats arabes unis sont récemment passés en état d'alerte après qu'un drone et un missile des Houthis ont tué trois travailleurs du secteur pétrolier dans la capitale Abu Dhabi le 17 janvier. De son côté, le royaume saoudien fait face à des attaques régulières de l'organisation chiite Houthi depuis le Yémen voisin.
Les Houthis ont également été pointés du doigt par plusieurs nations et analystes internationaux pour les abus et les violations des droits qu'ils auraient commis dans le cadre de la guerre au Yémen, y compris ceux des femmes et des enfants, une situation au Yémen qui a récemment été décrite par l'ONU elle-même comme la pire tragédie humanitaire de la planète.
La dernière résolution des Nations unies renouvelle également pour une année supplémentaire les sanctions financières et l'interdiction de voyager imposées aux hauts commandants de la milice houthie.
Onze des 15 membres du Conseil de sécurité ont voté en faveur de la résolution ; l'Irlande, le Mexique, le Brésil et la Norvège se sont abstenus pour des raisons humanitaires.
La résolution 2624 du Conseil de sécurité, qui a été introduite par les Émirats arabes unis, condamne la poursuite de la fourniture d'armes et de composants d'armes aux Houthis depuis l'extérieur du Yémen, en violation de l'embargo sur les armes établi par la résolution 2216 en 2015. Elle exhorte tous les États membres des Nations unies à intensifier leurs efforts pour "lutter contre la contrebande d'armes et de composants par les voies terrestres et maritimes, afin de garantir la mise en œuvre de l'embargo spécifique sur les armes". Cette décision de l'ONU "condamne fermement les attaques transfrontalières du groupe terroriste Houthi, notamment les attaques menées en Arabie saoudite et aux Émirats arabes unis contre des civils et des infrastructures civiles, et exige la cessation immédiate de ces attaques".
Plusieurs médias et experts désignent l'Iran comme le principal fournisseur d'armes et de formations aux rebelles houthis. L'arsenal comprend des missiles guidés antichars, des mines marines, des drones chargés d'explosifs, des missiles balistiques et de croisière et des véhicules maritimes sans pilote. L'Arabie saoudite et les États-Unis accusent depuis longtemps l'Iran de fournir des armes sophistiquées aux Houthis, ce que Téhéran dément.
La négociation de ces nouvelles sanctions à l'encontre des Houthis a été marquée par une certaine tension, en raison des craintes d'un recul potentiel des négociations de paix et d'un éventuel effet négatif sur la situation humanitaire au Yémen. Toutefois, la résolution note que les mesures imposées "ne sont pas destinées à avoir un impact humanitaire négatif sur la population civile du Yémen, ni sur l'accès des civils à l'aide humanitaire, aux importations commerciales ou aux transferts de fonds".
Lana Nusseibeh, représentante permanente des Émirats arabes unis auprès de l'ONU, a salué la résolution sur l'embargo sur les armes qui concerne tous les membres de l'organisation houthie. Il a souligné que cela réduira la capacité de manœuvre militaire du groupe rebelle, comme le rapporte Arab News.
De l'autre côté, Trine Heimerback, représentante permanente adjointe de la Norvège, a soutenu l'application de sanctions ciblées qui peuvent aider à soutenir "une voie vers un règlement politique et contribuer à la protection des civils" et a souligné que la résolution n'englobe pas les préoccupations norvégiennes quant aux effets négatifs qu'elle pourrait avoir sur les négociations de paix et les opérations humanitaires sur le territoire yéménite. Toutefois, il a également souligné l'aspect positif de la réduction des capacités militaires des Houthis dans le contexte de la guerre au Yémen, qui dure depuis 2014.