Le Conseil de sécurité des Nations unies demande le "retrait des troupes étrangères et des mercenaires en Libye"
Le Conseil de sécurité de l'ONU a demandé vendredi dans une déclaration adoptée à l'unanimité "le retrait sans plus tarder de toutes les forces étrangères et de tous les mercenaires de Libye", se félicitant de la validation mercredi par le Parlement du nouveau gouvernement dirigé par le Premier ministre Abdul Hamid Dbeibah.
"Le Conseil de sécurité appelle toutes les parties à appliquer pleinement l'accord de cessez-le-feu (du 23 octobre) et exhorte les États membres à respecter et à soutenir la mise en œuvre intégrale de l'accord", indique le communiqué.
Selon l'ONU, quelque 20 000 soldats et mercenaires se trouvaient encore en Libye à la fin de 2020 et aucun mouvement de retrait n'a été observé jusqu'à présent.
"Le Conseil de sécurité appelle tous les États membres à respecter pleinement l'embargo sur les armes décrété par les Nations unies, conformément aux résolutions pertinentes du Conseil de sécurité", indique également le texte.
L'embargo, imposé depuis 2011, est régulièrement violé depuis des années, selon les experts de l'ONU chargés de le surveiller. Leur prochain rapport annuel est attendu dans les prochains jours. Par le passé, ces experts ont dénoncé la présence en Libye de mercenaires russes, de troupes turques et de groupes armés composés de Syriens, de Tchadiens ou de Soudanais.
En juin dernier, un groupe d'experts des Nations unies a appelé les parties au conflit libyen à "cesser de recruter, de financer et de déployer" des mercenaires. Ils ont également demandé que tous les crimes dans lesquels ces miliciens sont impliqués fassent l'objet d'une enquête.
De son côté, le mercenaire Erik Prince, fondateur de Blackwater et proche de l'ancien président américain Donald Trump, a violé en 2019 l'embargo sur les armes imposé par les Nations unies à la Libye, selon un rapport confidentiel de cette organisation publié par le New York Times et le Washington Post.
Le rapport, qui est entre les mains du Conseil de sécurité des Nations unies, révèle que M. Prince a déployé une petite force de mercenaires occidentaux lourdement armés dans l'est de la Libye, au service du commandant rebelle Jalifa Haftar, chef de l'Armée nationale libyenne (ANL).
L'opération a coûté environ 80 millions de dollars selon le rapport et visait à déposer le gouvernement reconnu par les Nations unies basé à Tripoli, alors dirigé par Fayez al Sarraj.
Les enquêteurs de l'ONU estiment qu'au moins 1 200 Russes ont été engagés par des sociétés militaires privées russes, telles que Wagner, pour aider Khalifa Haftar à gagner sa guerre contre le GNA. Il ne fait aucun doute que la Russie a joué un rôle central dans le conflit libyen. Pour ses rangs, Haftar s'appuie sur des groupes armés, des insurgés, des milices et des mercenaires étrangers tels que des combattants soudanais, des mercenaires du régime d'Al Asad en Syrie, du groupe russe Wagner, des milices Janjaweed du Darfour, des salafistes extrémistes du Madjalisme (d'Arabie Saoudite) et de la milice libyenne Al Kaniyar.
"Le Conseil de sécurité reconnaît la nécessité de planifier le désarmement, la démobilisation et la réintégration des groupes armés, la réforme du secteur de la sécurité et la mise en place d'une architecture de sécurité inclusive et dirigée par des civils pour l'ensemble de la Libye", indique le communiqué.