Les dirigeants des pays méditerranéens discuteront des défis auxquels cette région sera confrontée dans les mois à venir

La crise en Méditerranée orientale sera le point central du sommet Med7

AFP/LUDOVIC MARIN - Le Président français Emmanuel Macron tient une conférence de presse à la Préfecture de Corse à Ajaccio le 10 septembre 2020

La présence de la Turquie dans les eaux de la Méditerranée orientale met l'Union européenne mal à l'aise. Cette question sera au centre du sommet qui se tiendra ce jeudi à Ajaccio, en Corse, entre les sept pays du sud du bloc de l'UE. Les droits contestés pour la prospection d'hydrocarbures dans la Mare Nostrum sont à l'ordre du jour. 

Lors de cette réunion, les dirigeants européens discuteront de certains des principaux défis auxquels est confrontée la région méditerranéenne, selon un communiqué officiel du Palais de l'Elysée, soulignant que les pays de Med7, le nom donné à cette alliance, « partagent la même volonté de promouvoir une nouvelle dynamique de coopération dans cette zone, en particulier dans tout ce qui a trait au développement durable ou à la souveraineté ». 

Les relations entre les pays de la Méditerranée et la Turquie se sont détériorées ces derniers mois, après qu'Ankara a annoncé le début des activités de prospection sismique menées par le navire Orus Reis sur les îles grecques de Kastellorizo et de Crète.  En réponse, la France a renforcé sa présence militaire en Méditerranée, notamment en soutien à la Grèce, ce qui a encore exacerbé les tensions dans la région.  

Med7 est une alliance informelle entre la France, l'Espagne, le Portugal, l'Italie, la Grèce, Malte et Chypre. L'objectif de cette coalition est d'assurer une meilleure coordination sur des questions communes telles que les migrations économiques et sociales et la politique de défense.  Les différents sommets permettent également de faire entendre la voix des pays méditerranéens, qui représentent près de 40 % du PIB global de l'UE, au niveau européen, selon les données fournies par le quotidien français Le Figaro. 

Ce dernier sommet - présidé par Emmanuel Macron - vise à unifier les positions des dirigeants méditerranéens en ce qui concerne la présence du pays du Bosphore dans cette région.  L'Elysée a indiqué que cette réunion vise à « faire progresser le consensus sur les relations de l'UE avec la Turquie, notamment dans la perspective du sommet européen des 24 et 25 septembre ». 

L'origine de cette alliance remonte à 2016, lorsque les chefs d'État de ces sept pays se sont réunis à Athènes à l'initiative du Premier ministre grec de l'époque, Alexis Tsipras.  Depuis lors, les dirigeants de la Méditerranée se sont réunis à plusieurs reprises, par exemple à Athènes en septembre 2016 pour analyser le problème de la sécurité aux frontières méditerranéennes, et à Madrid en avril 2017 pour discuter de la question de Brexit, entre autres.

Mais ce jeudi, les sept chefs d'État discuteront également des grands défis de la rentrée, ainsi que du plan de relance européen, le Brexit ou la migration.  Avant le début du sommet, Emmanuel Macron rencontrera le Premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis, selon des informations provenant de plusieurs sources. 

L'importance stratégique de cette région a toujours été présente puisque, d'une part, elle est la porte d'entrée de la mer Rouge à travers l'Égypte et, d'autre part, l'entrée de l'Europe. La découverte d'importants gisements de gaz par Israël, l'Égypte et le Liban en 2009 a ouvert une nouvelle plaie dans la région. Le conflit dans cette région est entré dans une nouvelle phase, marquée par des menaces de guerre et une série de menaces militaires.

La rencontre entre les dirigeants de la Méditerranée a lieu au moment même où les manœuvres militaires menées par la Turquie et la soi-disant - par Ankara - République turque de Chypre du Nord (RTCN) prennent fin. Toutefois, il convient de noter que la nation eurasienne ne reconnaît pas la République de Chypre et soutient que les citoyens de la République turque de Chypre du Nord, un État qui ne reconnaît qu'Ankara, ont droit à une part des ressources gazières de l’île.​​​​​​​

Au-delà de la crise en Méditerranée, le conflit libyen sera également analysé lors de cette réunion. La Turquie, membre de l'OTAN, continue de transférer des armes à la Libye et d'envoyer des combattants de Syrie et d'autres nationalités pour soutenir le gouvernement de Tripoli. L'Union européenne a mis en place la mission Irini pour mettre fin à l'afflux d'armes vers la Libye, pays dévasté par la guerre entre le maréchal Khalifa Haftar, chef de l'Armée nationale libyenne (LNA, par son acronyme en anglais), et Fayez Sarraj, premier ministre du gouvernement d'entente nationale (GNA, par son acronyme en anglais). Malgré cela, le pays dirigé par Erdogan a continué à envoyer des mercenaires à la nation nord-africaine, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme, qui a dénoncé cette situation à plusieurs reprises au cours des derniers mois.​​​​​​​

En outre, le futur pacte sur les migrations et l'asile, la situation au Liban et les fonds européens qui doivent entrer en vigueur en 2021 seront également au centre des discussions du septième sommet Med 7.  Le processus de Barcelone était un projet de coopération régionale dans lequel plusieurs politiques liées au développement entre les pays du bassin méditerranéen étaient proposées, entre autres. ​​​​​​​

Le débat sur la crise migratoire intervient après que des milliers de personnes aient dû dormir dehors après l'incendie qui a dévasté le camp de réfugiés de Moria. Cet événement survient six mois après l'ouverture des frontières par Erdogan, qui a fait valoir que l'Union européenne n'avait pas tenu sa promesse d'aider les 3,6 millions de réfugiés syriens qu'elle accueille. Le dirigeant turc a expliqué qu'il avait pris cette décision parce que la Turquie ne pouvait plus faire face au grand nombre de migrants arrivant dans le pays pour fuir la guerre en Syrie, un conflit dans lequel Ankara est également présente.