El inicio de un posible deshielo en la relación entre España y Marruecos
La crise diplomatique entre l'Espagne et le Maroc semble être dans une impasse après avoir atteint un point de tension maximale en mai dernier avec l'entrée de plus de 10 000 migrants irréguliers dans la ville autonome de Ceuta. Les relations entre Madrid et Rabat n'ont jamais été faciles, et les deux pays ont connu de nombreux désaccords.
Néanmoins, le dernier en date peut être considéré comme l'un des plus graves, et à cette occasion, l'Union Européenne a même dû intervenir dans le conflit. L'entrée en Espagne du chef du Front Polisario, Brahim Ghali, pour qu'il soit traité pour le COVID-19 dans un hôpital de Logroño, a soulevé des protestations à Rabat, qui a accusé le gouvernement de M. Sánchez d'agir de manière "contraire à l'esprit de partenariat et de bon voisinage".
Le Maroc a affirmé que l'Espagne avait omis de signaler la présence de Ghali sur son territoire, ainsi que son inscription à l'hôpital sous une fausse identité. Le gouvernement espagnol a justifié son séjour à l'hôpital "pour des raisons humanitaires". Pendant son séjour en Espagne, le leader du Front Polisario a témoigné devant l'Audiencia Nacional, accusé de crimes contre l'humanité et de génocide présumés. La ministre espagnole des Affaires Étrangères, Arancha González Laya, a déjà déclaré que, si la justice estime que le Ghali doit comparaître, "le gouvernement ne s'y opposera pas".
Ghali, qui a nié toutes les accusations, a quitté l'hôpital de Logroño pour l'Algérie après que le juge de l'Audiencia Nacional, Santiago Pedraz, a exclu, pour la deuxième fois, d'appliquer l'une des mesures de précaution demandées à l'encontre du leader du Front Polisario. Bien que Brahim Ghali ne soit plus sur le territoire espagnol, la crise diplomatique entre l'Espagne et le Maroc n'est pas encore résolue.
La présence de Brahim Ghali sur la péninsule a provoqué une cascade de réactions, notamment de la part du royaume alaouite. Rabat, malgré les explications fournies par le gouvernement espagnol, a décidé de couper la coopération sur les questions de migration. Dans une interview accordée à une chaîne marocaine le 16 mai, le directeur de la police judiciaire marocaine, Mohammed Dkhissi, a affirmé avoir suspendu la coopération et la coordination policière avec ses homologues espagnols en attendant que l'Espagne corrige son erreur en recevant Brahim Ghali. Cela a conduit à l'entrée d'environ 10 000 migrants irréguliers à Ceuta face à l'impassibilité des autorités marocaines.
Suite à la crise migratoire à Ceuta, Rabat a rappelé son ambassadrice à Madrid, Karima Benyaich, qui se trouve toujours au Maroc en attendant la résolution de la crise diplomatique entre les deux pays. L'une des dernières mesures prises par le royaume alaouite en raison du conflit a été d'annuler, pour la deuxième année consécutive, l'opération de franchissement du détroit avec l'Espagne, laissant des milliers de concitoyens sans option "viable" pour retourner dans le pays d'Afrique du Nord pour la saison estivale.
Brahim Ghali représente la partie émergée de l'iceberg d'un problème encore plus important qui s'est installé depuis longtemps entre l'Espagne et le Maroc, la supposée "marocanité" du Sahara occidental. En décembre dernier, l'ancien président américain Donald Trump a reconnu la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental en échange de la normalisation des relations avec Israël dans le cadre des accords d'Abraham. Cette reconnaissance par les États-Unis a conduit le Maroc à adopter une position plus belliqueuse, et il a tenté d'amener d'autres pays, notamment européens, à suivre la même voie que les États-Unis.
Cependant, contrairement aux attentes de Rabat, les pays européens continuent de préconiser une solution dans le cadre des résolutions des Nations Unies (ONU), ce qui a conduit le Maroc à s'engager dans diverses crises diplomatiques avec l'Allemagne et l'Espagne.
La crise diplomatique entre Madrid et Rabat est actuellement bien ancrée. Le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez, dans le cadre d'un remaniement ministériel, a nommé un nouveau ministre des affaires étrangères, écartant González Laya, qui a été la face visible du conflit avec le Maroc. José Manuel Albares, le nouveau ministre espagnol des Affaires Étrangères et ancien ambassadeur à Paris, a voulu envoyer un message conciliant au Maroc lors de son investiture, soulignant son intention de "travailler avec nos alliés et amis", dans une référence claire au pays voisin.
De même, selon le quotidien espagnol El País, l'Espagne cherche à négocier une révision de ses relations bilatérales avec le Maroc afin de mettre un terme à la crise diplomatique entre les deux pays. Les deux pays auraient maintenu un contact direct après une période pendant laquelle la communication n'a été maintenue que par des intermédiaires. El País affirme que l'ambassadrice à Madrid, Karima Benyaich, aurait rencontré l'ambassadeur d'Espagne à Rabat, Ricardo Díez-Hochleitner, et la directrice générale pour le Maghreb, Eva Martínez.
La position de l'Espagne est que "la crise ne doit pas être traitée comme un épisode isolé à régler le plus rapidement possible" et que "s'il y a eu une erreur, elle a été plus qu'expiée avec le remplacement de González Laya et, de toute façon, elle ne serait pas exclusive à Madrid", selon des sources diplomatiques rapportées par le quotidien espagnol. Ils affirment également qu'il ne sera pas facile de parvenir à un accord et que les négociations prendront du temps. "Le risque est de clore faussement la crise et qu'elle se répète après un certain temps", selon El País, d'après les sources consultées. En résumé, Madrid propose une révision totale des relations avec Rabat afin de clarifier les points les plus épineux et de faire en sorte que des épisodes comme ceux de Ceuta ne se répètent pas.